Après avoir permis d’attirer un nouveau public vers la Formule 1 et redonné de la popularité à cette discipline, le docu-série Drive to Survive diffusé sur Netflix (Pilotes de leur destin, en VF), dont la saison 4 est sortie en mars 2022, commence à diviser, que ce soit chez les fans ou les athlètes.
La série phénomène qui a boosté la Formule 1
Cela fait trois saisons que Drive to Survive a conquis le grand public. Son lancement en 2019 est devenu un phénomène, rencontrant un franc succès immédiat. La série produite par la plateforme de streaming en ligne Netflix s’est basée sur une formule qui a su séduire le grand public, en ayant surtout le don de mettre en lumière un monde plutôt discret et montrant les coulisses d’un sport très peu médiatisé en dehors des grands prix. La Formule 1 a depuis vécu un véritable coup d’accélérateur.
— Netflix France (@NetflixFR) August 26, 2021
La popularité de la série vient de l’accès privilégié dont disposent les équipes de Netflix dans les coulisses des grandes écuries. La saison 1 a grandement modifié la perception de ce sport, devenu plus accessible. Auparavant, on ne voyait que des véhicules sans âme rouler à plusieurs centaines de kilomètres sur les circuits des grands prix. Drive to Survive a recentré le sport sur son côté humain. Les caméras du docu-série à succès sont pointées sur les pilotes et le scénario suivi explore les pressions du quotidien, les forces, faiblesses et motivations de ces athlètes.
Elle a surtout mis en avant les rivalités et conflits qui existent dans ce milieu – parfois, de façon plus ou moins exagérée. La saison 2 a par exemple appuyé de manière subtile sur les prétendues tensions entre Carlos Sainz et Daniel Ricciardo. Le Français Romain Grosjean avait aussi déploré le fait que certaines scènes d’après-course aient été coupées au montage, ne montrant pas la réalité de son accrochage avec Kevin Magnussen à Silverstone. La dernière saison met même en exergue un duel qui s’est fait à la fois sur les circuits, entre Red Bull (Max Verstappen) et Mercedes (Lewis Hamilton), mais également dans le paddock, entre les patrons des deux écuries Christian Horner et Toto Wolff. Cette tendance à exagérer les conflits attire à la fois le public intéressé par le côté dramatique de la série, mais a aussi tendance à en éloigner de plus en plus les acteurs principaux.
Les athlètes agacés
C’est le patron de la discipline lui-même qui en parle le mieux. Dans une conférence de presse accordée peu avant la sortie de la saison 4, Stefano Domenicali a affirmé que Drive to Survive avait donné une seconde jeunesse à la Formule 1, attirant un nouveau public, que ce soit géographique, avec l’intérêt grandissant des Etats-Unis, ou générationnel. Mais le président du groupe Formula One a également émis ses doutes sur la façon dont Netflix parle de son sport et à quel point ce partenariat apporte de la valeur à la F1. Un avis partagé par plusieurs grands noms de la discipline.
L’année dernière déjà, Max Verstappen avait annoncé qu’il ne participerait plus à la série de Netflix. L’argument principal du champion du monde en titre : son côté trop scénarisé. Dans une interview qu’il avait accordée en octobre 2021 à Associated Press, le Néerlandais estimait que la manière dont les images étaient montées par Netflix donnait l’impression que certaines rivalités étaient plus intenses qu’en réalité. Depuis, Verstappen refuse d’accorder des interviews aux équipes de tournage de la série, qui peuvent toutefois toujours utiliser les images fournies par la Formule 1 pour faire apparaître le champion du monde dans leurs épisodes. Surtout que les fans voudront absolument voir le favori des bookmakers durant les saisons à venir. Max Verstappen affiche la meilleure cote sur les sites de paris sportifs pour conserver son titre cette saison (1), juste devant le Monégasque Charles Leclerc (1.3, le 18 mai 2022). Mais avec la mauvaise publicité du champion du monde en titre, Netflix pourrait perdre une partie de ses spectateurs, d’autant plus que le Néerlandais a décidé de contre-attaquer en lançant son propre show sur Viaplay, diffuseur de la F1 aux Pays-Bas.
Verstappen n’est pas le seul a avoir voulu court-circuiter la plateforme de streaming. Autre énorme nom de la discipline, Fernando Alonso, champion du monde en 2005 et 2006, est allé dans le même sens en lançant aussi sa propre série, Fernando, chez le concurrent Prime Video, qui suit son quotidien durant la saison.
Voyant leurs idoles s’éloigner de plus en plus de Drive to Survive, les fans de la série eux-mêmes commencent à faire pression sur Netflix pour que la plateforme se remette en question durant les prochaines saisons. Il est pour l’instant peu probable que le géant du streaming change ses habitudes car, après tout, ce n’est pas la première fois que du contenu sur Netflix divise.
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