The Lottery : Saison 1- Critique de la Série

Critique – The Lottery, une idée originale, tuée dans l’œuf

Synopsis : En 2025, un terrible virus de stérilisation touche l’espèce humaine. Le reste d’enfants conçu naturellement est placé sous haute surveillance. Aux Etats-Unis, un groupe de chercheurs parvient à rendre fécondable 100 embryons. S’ensuit une loterie nationale, où 200 femmes sont sélectionnées pour participer à un concours afin de devenir mère porteuse.

La série a été créée par Timothy J. Sexton, scénariste également de Children of Men. Avec The Lottery, il prolonge son exploration de thèmes similaires : les femmes face à une infertilité inéluctable. Si alors le thème de départ nous immerge dans une ambiance SF futuriste très attrayante, la promesse du sujet « catastrophe prophétique » n’est pas tenue. La miraculeuse trouvaille scientifique d’un embryon fécondable n’est qu’un prétexte pour introduire cette horrible et honteuse loterie humaine (qui se passe comme souvent uniquement aux Etats Unis).

Au début, la série nous prend en haleine avec des rebondissements inattendus. Il y a un rythme qui monte crescendo et un déroulement logique des événements. Malheureusement, l’histoire de départ se dessèche vite, en partie à cause des personnages trop fades. Tout tourne et se transforme en une machination inexplicable, un complot organisé de l’organisation de la Loterie à l’origine même du virus de stérilité. Certes, un déroulement appréciable et inattendu mais non avenu, pour le thème de départ.

Des personnages littéralement stériles

Le scénario s’emmêle et dérive de personnages en personnages, malheureusement de moins en moins intéressants au fil des épisodes. Entre la Dr Allison Lennon (Marley Shelton), la scientifique qui a découvert les embryons et se  retrouve contre sa volonté au cœur de la bataille pour les obtenir;  Kyle Walker (Michael Graziadel) le père d’un des derniers enfants nés, version jeune du Liam Neeson dans Taken, prêt à tout pour sauver son fils, Elvis (Jesse Filkow) ; et enfin, Darius Hayes (Martin Donovan) en charge du département de la fertilité, caricature du boss calculateur et cupide. Des figures alors très manichéennes, malgré les différences de points de vues que les épisodes tentent d’adopter. Les dialogues eux-mêmes sont assez plats et rhétoriques, digne d’un drame de série Z.

Drame et romances s’emmêlent entre les personnages. Seule, Perry Sommers (Karissa Steples) est un personnage digne d’intérêt. Une des candidates de la loterie qui nous apparaît d’abord à l’antithèse de la mère porteuse rêvée. Caricaturée comme la blonde frivole et égoïste, celle-ci ne recherche que la célébrité et la gloire à travers cette émission. Finalement, Perry se retrouve être le personnage le plus vrai et humain qui la rend chouchoute de l’émission. Au milieu de ses esprits calculateurs, elle devient contrainte d’assouvir les intérêts de la Première Dame (Shelley Conn) elle-même, qui dirige l’émission de manière peu orthodoxe.

L’infertilité et la maternité au cœur de la série

La série, The Lottery soulève alors beaucoup d’interrogations sur la conception même de « qu’est-ce qu’un bon parent ? ». Est-ce que les liens du sang attribuent la légitimité de se proclamer parent ? Ou est-ce l’amour porté qui crée le véritable lien avec l’enfant? Dans cette univers assez prophétique, chaque femme recherche à être mère pour une raison différente. On nous dresse ses portraits différents de futures mère autour du huis clos de la loterie. On se rend compte à travers les épreuves imposées, tout à fait ridicules du jeu de télé réalité, des réelles pressions qu’endurent les mères actuellement. La société a toujours maintenu la femme dans un rôle d’utérus ambulant : entre les pressions religieuses, les mythes de la mère parfaite et les non-dits sur la maternité. Toute l’organisation dictatoriale de cette émission met en exergue ces problèmes autour du rôle de la mère.

Une critique voilée des studios de télé-réalité Etats-Uniens

On peut tout de même féliciter cet aspect critique de la télé-réalité de notre époque. Surtout les Etats-uniens, très friands de ces jeux réalités, où eux même sont juges des candidats. A travers la farce de la Loterie, on nous dévoile ce que la plupart des téléspectateurs acceptent tacitement. C’est à dire que dans ce genre de concours de beauté améliorée, tout est truqué, scénarisé, calculé comme un véritable show. C’est une manière de nous mettre en garde contre le média lui-même : « Ne nous croyez pas, tout est faux ». Même le public est manipulé, privé de sa liberté de vote. Quelque part, la série dévoile les revers des studios …

De la SF gâchée au thriller politique mal développé

De la même manière que la fin de la saison nous sert sur un plateau, toute la vérité sur ce soi-disant complot, on finit peu convaincu. Ce qui semblait n’être que SF tourne en  thriller politique. Là aussi, comme l’a si bien démontré House of Cards, les politiciens sont de très bons menteurs et manipulateurs. Tout tourne alors autour de la manipulation et de la théorie du complot, où les personnages sont tous victimes des mensonges ; ou deviennent menteurs eux même pour servir leur propres intérêts. On imagine mal alors ces mêmes dirigeants, sensés préserver l’espèce humaine, en parents exemplaires.

Heureusement, LifeTime, la chaîne américaine, n’a pas renouvelé son contrat pour une seconde saison. Alors qu’on aurait espéré un rythme plus accéléré, dans un univers qui aurait tourné en dystopie, avec le contrôle total des naissances. Les intrigues auraient pu être plus intéressantes autour des personnages principaux. Pari perdu pour Life Time qui aurait pu se détacher du programme familial qu’elle sert habituellement.

Fiche Technique: The Lottery

Production : Grady Twins Productions, Warner Horizon Television
Scénariste : Timothy J. Sexton
Casting : Marley Shelton, Martin Donovan, Michael Graziadei, Athena Karkanis, Yul Vazquez, Shelley Conn, and Louise Lombard.
Genre : Science- Fiction
Pays d’origine : Etats Unis
Date de diffusion (USA) : 20/07/2014
Chaine : Life Time
Saison : 1
Episodes : 10
Durée : 40 min

Auteur : Freddy M.