Après les reboots de films de monstres tels que « La Momie » ou « L’homme invisible », c’est au tour du célèbre vampire, « Nosferatu » de Friedrich Wilhelm Murnau de faire peau neuve sous la houlette de Robert Eggers, le réalisateur de The Witch.
Robert Eggers, scénariste et réalisateur du film d’horreur The Witch, a attiré bien des éloges critiques depuis son succès surprise l’an passé. Primé lors de la dernière édition du Festival de Sundance, où il a reçu le prix de la mise en scène, avec une cote d’approbation de 91 pour cent sur Rotten Tomatoes, il peut se targuer d’être un cinéaste rentable puisque son long métrage a fait 40 millions $ de recette au box-office, pour un budget de seulement 3 millions !
Il semblerait que Robert Eggers aime travailler dans un cadre d’époque, comme il l’a confirmé au cours du récent podcast Filmmaker Toolkit du site Indiewire, puisque son prochain film sera un remake d’un classique du septième art, Nosferatu le vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens) réalisé en 1922 par l’allemand Friedrich Wilhelm Murnau, avec Greta Schroeder, actrice expressionniste et interprète d’Ellen, la victime du monstrueux vampire, Le Comte Orlock, incarné quant à lui par l’inoubliable Max Shreck. Robert Eggers endossera à nouveau la double casquette de scénariste et réalisateur pour son deuxième long métrage, déjà très attendu. Grand fan du film original, l’américain est clairement conscient du défi qui l’attend:
«C’est choquant pour moi. Ça me paraît laid, blasphématoire et égocentrique pour un cinéaste tel que moi de refaire ‘Nosferatu’. J’avais vraiment l’intention d’attendre un peu, mais le sort en a décidé autrement »
Le Nosferatu d’origine est l’un des films les plus aimés de l’époque du muet et reste à ce jour l’un des films d’horreur les plus influents et respectés de l’histoire du cinéma, grâce à sa poésie, son éclairage atypique, ses lumières crépusculaires et ses dialogues teintés de cynisme. Ce tour de force n’a jamais cessé depuis d’alimenter l’univers artistique de nombreux réalisateurs et de déchaîner les passions chez tous les amateurs d’horreur. A ce titre, en 2000, le mythe a été exploité par E. Elias Merhige qui a réalisé L’ombre du vampire, reconstitution fictive du tournage de Nosferatu avec Willem Dafoe et John Malkovich, se basant sur une étrange légende : Max Schreck, l’interprète du monstre, aurait lui-même été un véritable vampire…
Par ailleurs, ce chef d’œuvre, adaptation à peine voilée du roman gothique de Bram Stoker, Dracula, a longtemps fait l’objet de poursuites judiciaires. Un tribunal avait même jugé que toutes les copies de Nosferatu devaient être détruites, mais heureusement, de toute évidence cela n’a pas eu lieu. Les historiens du cinéma considèrent aujourd’hui Nosferatu comme l’un des films d’horreur les plus efficaces de tous les temps : c’est donc un challenge de taille qui attend Eggers. Mais ce dernier semble comprendre la gravité du projet et de ce qu’implique une relecture de Nosferatu, bien qu’il ne soit pas pas le premier à tenter de le faire. En 1979, le très iconoclaste Werner Herzog, connu pour son cinéma auteuriste et dérangeant, s’était posé en héritier du maître en s’attelant à un premier remake, Nosferatu fantôme de la nuit, avec Isabelle Adjani et Klaus Kinski dans les rôles titres. Herzog avait réussi son pari, puisque son film avait rencontré un franc succès critique. Alors, Eggers sera-t-il à la hauteur du challenge ?
Pour se démarquer, Robert Eggers a d’ores et déjà affirmé que sa version serait un peu différente des précédentes ; il souhaite explorer les origines du vampire, avec le plus grand réalisme possible.
Nosferatu n’a pas encore de casting ni date de sortie, mais sera réalisé pour Studio 8, la société de production de Jeff Robinov, l’ancien patron de la Warner.