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Vingt ans après : Les Choristes, de Christophe Barratier

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Avec ses thèmes précurseurs, ses personnages attachants et sa bande originale inoubliable, Les Choristes est incontestablement un classique du cinéma français. A l’occasion des vingt ans de sa sortie en salles, le film est enfin de retour au cinéma !

Synopsis : En 1948, Clément Mathieu, professeur de musique sans emploi accepte un poste de surveillant dans un internat de rééducation pour mineurs ; le système répressif appliqué par le directeur, Rachin, bouleverse Mathieu. En initiant ces enfants difficiles à la musique et au chant choral, Mathieu parviendra à transformer leur quotidien.

L’enfance face à la période d’après-guerre

Que deviennent les enfants de soldats, suite à la Seconde Guerre mondiale ? Tandis que certaines familles ne peuvent plus s’occuper de leurs progénitures, d’autres disparaissent et laissent leurs enfants orphelins. L’éducation est alors mise en péril, ce que l’on découvre au début du film. Le nom de l’internat, Le Fond de l’étang, annonce la couleur… Les élèves sont dissipés, hors de contrôle, sous l’autorité d’un personnel qui ne cherche pas à les éduquer, mais à les faire taire. Les apparences peuvent être trompeuses car, au sein de l’internat, elles sont forcées. Les élèves, ainsi que le personnel, doivent suivre une conduite stricte, sans débordements ni signe de générosité…

L’éducation est difficile, voire impossible, car l’internat est dirigé par un homme captivé par le profit. Les méthodes d’éducation sont douteuses, avec notamment la présence d’un cachot. Lorsque Clément Mathieu arrive dans l’internat, sa passion pour la musique et sa pédagogie bien plus humaine lui offre l’attention de ses élèves. Dans un monde violent et détruit par la guerre, les enfants cherchaient seulement une autorité capable de les éduquer.

Mondain en est le parfait exemple. Sa présentation est sans équivoque : il est un « cas perdu », une expérience plus qu’un être humain. Il est considéré comme stupide, alors qu’il est en fait malin et intelligent. Le spectateur ne connaît pas son passé, seulement son présent ; il ne voit que les conséquences d’un passé inconnu. Si Mondain avait mieux été pris en charge, son destin aurait été bien différent.

La musique comme vecteur d’échanges et d’accomplissement

Après les coups, les cris et les punitions, Clément Mathieu instaure la discipline par la musique. A ce titre, la bande originale du film, signée Bruno Coulais, est débordante de poésie. Les élèves s’affirment, grandissent, et l’harmonie angélique de leurs voix marquent une coupure nette avec l’austérité de l’internat. Concernant les décors, les couleurs sombres et les murs délabrés de la première partie du film s’éclaircissent ensuite grâce à la lueur de la chorale.

Rachin, le directeur, s’oppose à la chorale, estimant qu’elle n’est pas adaptée à une éducation « à la dure », typique des internats pour jeunes garçons. A ce titre, Les Choristes est une leçon de vie, car le film met en lumière des relations touchantes entre un professeur et ses élèves, bravant les interdits pour créer ensemble une œuvre qui changera leur vie à jamais. Le professeur a besoin de ses élèves, et inversement. Les enfants lui permettent de créer, de replonger dans son passé de musicien, tandis qu’ils s’accomplissent au travers d’une activité collective.

Le rôle d’une vie

Si Les Choristes est un film culte aujourd’hui, c’est aussi grâce à ses acteurs. Gérard Jugnot livre son plus grand rôle, à la fois touchant, drôle et salvateur. Sa douceur traverse l’écran, et l’alchimie présente entre lui et les enfants est d’une beauté bouleversante. Sa voix-off ajoute de la personnalité au récit, qui prend une tournure plus intime et émouvante. Son personnage reprend quelques éléments des slapstick comedies, notamment lors de sa première apparition en classe. En effet, il tombe devant le bureau, puis poursuit son cartable volé par les élèves… Ces actions montrent sa maladresse et le rendent plus vulnérable et accessible que les autres membres de l’équipe pédagogique.

Enfin, même si le long-métrage est filmé en plans larges afin de montrer tous les enfants, Mathieu est souvent filmé par l’intermédiaire de gros plans. Il est la figure paternelle venue sauver les enfants d’une éducation biaisée par la violence et l’indifférence. Les gros-plans sur Pierre Morange et Pépinot sont également nombreux. En fait, ils réunissent les trois personnages, qui sont liés par une relation spéciale. Pépinot cherche souvent le regard de Mathieu, qui lui donne une attention que personne ne lui a donnée auparavant. Quant à Morange, son visage est éclairé par la reconnaissance de Mathieu, qui le regarde avec grande fierté. Les regards jouent un rôle primordial dans le film, car ils sont le vecteur de l’attention des adultes et de la gratitude des enfants.

Bande annonce – Les Choristes

https://youtu.be/HWywirVhjzE?si=d_RKo0xg6-tcgmQx

Fiche technique – Les Choristes

Réalisation : Christophe Barratier
Scénario : Christophe Barratier et Philippe Lopes-Curval, d’après le scénario du film La Cage aux rossignols
Musique : Bruno Coulais
Chef décorateur : François Chauvaud
Costumes : Françoise Guégan
Photographie : Jean-Jacques Bouhon, Carlo Varini et Dominique Gentil
Son : Daniel Sobrino, Vincent Vatoux, Didier Lizé
Montage : Yves Deschamps
Production : Arthur Cohn, Jacques Perrin et Nicolas Mauvernay
Langue originale : français
Format : couleur – 35 mm – 2,35:1 (Cinémascope)
Genre : comédie dramatique, musical
Durée : 97 minutes