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Copyright Light Chaser Animation Studios | Film La Guerre des Dieux - New Gods : Yang Jian

La Guerre des Dieux – New Gods : Yang Jian, tragédie lunaire

Jérémy Chommanivong Responsable Cinéma

Second volet de la saga New Gods, qui n’a rien à voir avec les comics DC de Jack Kirby au passage, New Gods : Yang Jian (La Guerre des Dieux par chez nous) nous initie à un nouvel univers steampunk, rempli de figures mythologique de la culture chinoise. À l’aide d’une animation bien léchée et de séquences épiques qui ne nous font pas regretter l’expérience du grand écran, on peut toutefois avoir des regrets concernant sa narration confuse et son imperméabilité aux émotions.

Synopsis : Autrefois considéré comme un dieu puissant, Yang Jian a été réduit à la condition d’un tueur à gages déchu. Sa vie bascule le jour où une femme énigmatique lui propose une mission qui le force à reprendre du service. Il doit à nouveau faire face à son passé pour combattre ses anciens démons. La lutte entre Yang Jian et les créatures mystiques sera sans merci, au risque de perturber l’équilibre de leurs mondes. Une course contre la montre pour sauver le destin de leurs univers.

Garder le cap

Alors que certains trépignent d’impatience, à l’idée de découvrir la suite du programme du fabuleux White Snake et du un peu plus nébuleux Green Snake, entre amour passionnel et fraternel, Zhao Ji revient pour dépasser les frontières qu’il avait déjà posées dans New Gods : Nezha Reborn. Le ping-pong suspect entre les deux sagas promet de riches aventures, telles que pour Avengers, car la mise en place reste superflue dans l’ensemble. Avec un cahier des charges moins exigeant et davantage porté sur les tragédies que les réincarnations divines portent avec eux pendant plusieurs générations, on se laisse malgré tout tenter par ces contes modernes et stimulantes.

Nous découvrons un équipage de chasseurs de primes dont le design et la caractérisation font instantanément sourciller les adeptes de Cowboy Bebop. Un peu d’harmonica qui pastiche le genre du western sur une note jazzy et le tour est joué. Pourtant, les similitudes au groupe de Spike Spiegel s’arrêtent à la citation. Dans une seconde partie, on délaisse complètement les enjeux de profit pour un drame familial désarticulé. D’un décor à un autre, les ellipses ne manquent pas de nous catapulter dans des lieux radicalement différents des précédents. Sur ce point, cette œuvre ne manque pas d’originalité dans la conception d’un univers qui ne demande qu’à être exploré en profondeur. Il s’agit d’une version post-apocalyptique au cœur du royaume des dieux, là-haut dans les cieux, loin de celui des mortels, qui s’entretuent aux pieds de massifs montagneux qui ont chacun leur histoire à conter.

Avoir de l’œil

Nous nous concentrons sur l’une d’entre elles, où des esprits libres font face à des conservateurs. Le chef de la bande hétéroclite, Erlang Shen, fut autrefois le célèbre Yang Jian, une divinité dont la fermeture de son troisième œil apparaît comme une cicatrice d’une guerre passée, d’une guerre qui a emporté ses pouvoirs, son prestige et sa sœur. Il n’en faut pas plus pour qu’une quête le réoriente vers ses origines et les fantômes qui le hantent depuis douze ans. Si le trop-plein d’informations commence à faire mal à la tête, c’est bien parce que l’intrigue se donne du mal à connecter les trajectoires des protagonistes archétypaux avec fluidité. Il y a tout le temps quelque chose à mordiller, mais derrière il faut savoir recoller les fragments narratifs, dispersés par le montage survolté.

Des temps morts sont alors bien trop souvent convoqués, afin de bavarder autour des motivations des personnages, que les intentions soient malveillantes ou non. Le sentiment de danger n’est pas non plus efficace dans un climax qui mise tout sur les contrastes visuels, en nous offrant de magnifiques tableaux que les animateurs ont peints avec précision. Hélas, la forme ne peut tout rattraper et peut même ravager les tentatives désespérées du film pour nous convaincre qu’il reste encore un peu de chaleur et d’amour dans cette épopée mythologique et cyclique.

De ce fait, La Guerre des Dieux – New Gods : Yang Jian reste magnifique à regarder, mais fait l’impasse sur plusieurs éléments essentiels à ce divertissement spectaculaire, à commencer par l’émotion. On reste de marbre face à l’agonie des protagonistes, pour qui la mémoire se détériore avec le temps. On court souvent après un McGuffin, mais sans jamais en avoir l’usage. Il y a pourtant matière à développer autour du héros déchu, qui a perdu toute clairvoyance en coupant tout lien familial et qui n’a pas froid aux yeux pour autant. Si on considère que l’aventure en vaut la peine, il faudrait cependant commencer par l’aérer, sous peine d’indigestion.

Bande-annonce : La Guerre des Dieux – New Gods : Yang Jian

Fiche technique : La Guerre des Dieux – New Gods : Yang Jian

Titre original : Xin shen bang : Yang Jian
Réalisation : Zhao Ji
Scénario : Mu Chuan
Son : Guang Chen
Directeur artistique : Gui
Animation des personnages : Cui Yuemei
Montage : Keer Zhu
Musique : Haowei Guo
Production : Light Chaser Animation Studios
Pays de production : Chine
Distribution France : KMBO
Durée : 2h08
Genre : Animation, Fantastique, Action, Aventure
Date de sortie : 23 août 2023

La Guerre des Dieux – New Gods : Yang Jian, tragédie lunaire
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Responsable Cinéma