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Attaque à Mumbai, film mémoriel d’Anthony Maras

Tourné pour commémorer le dixième anniversaire des attaques terroristes de 2008, Attaque à Mumbai (Hotel Mumbai en VO) d’Anthony Maras sort en VOD jeudi 4 juillet 2019.

Le 23 novembre 2008, une dizaine de terroristes attaquent de façon organisée une douzaine de lieux ciblés de Mumbai, ex-Bombay, la capitale économique de l’Inde. Le film d’Anthony Maras se concentre sur l’attaque qui eut lieu à l’hôtel Taj Mahal, dans lequel ont pénétré quatre agresseurs qui ont pris en otage une dizaine de touristes. Les images de l’hôtel en flammes avaient profondément choqué la population indienne (et hors du pays également), tant le bâtiment est un des symboles de la ville.

Le choix du cinéaste australien Anthony Maras, qui co-scénarise et réalise le film, s’avère payant, bien que Attaque à Mumbai soit son premier long métrage. Le réalisateur s’était fait remarquer avec un court métrage multi-primé, The Palace, qui attaquait de front une autre situation compliquée, celle de Chypre. Dans Attaque à Mumbai, le cinéaste parvient à trouver la juste balance entre film d’action et drame. Mais ce qui frappe le plus, c’est le choix de se référer surtout au film catastrophe. Les clients et le personnel de l’hôtel sont confrontés à un danger permanent et imprévisible qui semble surgir de partout et se cacher derrière chaque porte. Les survivants, quant à eux, doivent agir pour se protéger du danger et trouver le moyen de survivre  en attendant l’arrivée de secours.

Sur cet aspect, le film voile à peine une certaine critique envers l’administration indienne. Ainsi, une ville aussi importante (démographiquement mais aussi économiquement) que Mumbai n’a pas de forces spéciales qui pourraient agir en cas de problèmes graves. Les unités doivent venir de la capitale, New Delhi. A la place, les autorités de Mumbai envoient… de simples policiers.

Une autre des intelligences de Attaque à Mumbai réside dans le refus de juger les personnages. Ainsi, les terroristes apparaissent avant tout comme des jeunes manipulés par un dirigeant extérieur dont on ne saura rien. Une scène est très significative : un des attaquants, Imran, téléphone à son père et tente de lui cacher ses larmes pour ne pas gâcher la fierté ressentie par ses parents. On comprend que c’est avant tout pour une question d’argent que le jeune homme s’est lancé dans cette attaque : parce qu’on lui avait promis d’envoyer une somme importante à sa famille, que l’on devine d’une grande pauvreté.

Anthony Maras n’hésite pas, d’ailleurs, à évoquer les fortes disparités sociales qui façonnent la ville. La caméra plonge aussi bien dans les quartiers pauvres que dans cet hôtel de luxe où se déroulera le film, et dont on voit, au début, le fonctionnement rigoureux. Mais cette opposition va finalement s’effondrer face au choc des attaques : c’est une union qui se crée, quel que soit le milieu social, quelle que soit la nationalité.

Le travail sur la reconstitution est remarquable. Parfois, il est impossible de faire la distinction entre les images d’archives et les plans du film. De ce fait, nous sommes totalement immergés dans l’action, et l’intensité émotionnelle n’en est que plus forte. Anthony Maras sait donner à Attaque à Mumbai tout ce qu’il faut pour en faire à la fois un bon divertissement et un film émouvant. Le rythme est soutenu et, si le film n’échappe pas toujours au pathos, celui-ci est cependant parfaitement calibré et compréhensible dans une telle situation.

Précisons quand même que certaines scènes sont plutôt brutales et que le film ne peut être conseillé pour tout public. Mais l’ensemble est une réussite, et Anthony Maras trouve sa place dans la liste des réalisateurs à suivre.

Attaque à Mumbai : bande annonce

Attaque à Mumbai : fiche technique

Titre original : Hotel Mumbai
Réalisation : Anthony Maras
Scénario : Anthony Maras, John Collee
Interprétation : Dev Patel (Arjun), Nazanin Boniadi (Zahra), Amandeep Singh (Imran), Tilda Cobham-Hervey (Sally), Jason Isaacs (Vasili), Armie Hammer (David)
Photographie : Nick Remy Matthews
Montage : Anthony Maras, Peter McNulty
Musique : Volker Bertelmann
Producteurs : Mike Gabrawy, Gary Hamilton, Basil Iwanyk, Andrew Ogilvie, Julie Ryan
Société de production : Hamilton and Electric pictures production, Screen Australia, Cyan Films, Screen West…
Société de distribution : TF1 Film video, DarkStar
Genre : drame
Durée : 117 minutes
Date de sortie vod : 04 juillet 2019

Australie – Inde – 2018