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Encerclement maladif dans A l’intérieur de Vasilis Katsoupis

Willem Dafoe incarne un homme spécialisé dans les vols d’œuvres d’art. Sa prestation est époustouflante et suscite même une gêne chez le spectateur, qui se retrouve enfermé avec lui dans un appartement aux milles luxes et secrets.

Synopsis : Nemo, cambrioleur chevronné, se retrouve piégé dans un luxueux appartement new-yorkais. Essentiellement décoré d’œuvres d’art, il va devoir faire preuve de créativité et de ténacité pour survivre et tenter de s’échapper…

Un huis-clos désarmant 

Nemo est enfermé dans une prison dorée : les murs sombres et la hauteur sous-plafond de l’appartement créent un contraste désarmant. Le long-métrage est lent, et cette lenteur empoigne le spectateur, qui vit chaque seconde à corps perdu. Il ne peut pas se défiler : l’image l’accroche aux déboires de Nemo, dans des sur-cadrages omniprésents.

De plus, les nombreux plans fixes sur cet appartement déshumanisé renforce l’impression de stabilité, comme si le temps s’arrêtait en-dehors des murs. Pourtant, chaque seconde est comptée et bascule Nemo vers un point de non retour… D’ailleurs, au-dessus de la cuisine s’étale l’inscription « All the time that will come after this moment » en lettres illuminées. Cette expression signifie « Tout le temps qui viendra après ce moment« , comme pour donner espoir à Nemo alors que les murs se rapprochent de plus en plus de lui.

L’être humain et son instinct

A l’intérieur est un film brut et sans compromis. L’humain est montré dans son plus simple appareil, répondant comme il le peut à ses besoins primaires. Pour s’en sortir, Nemo doit se démener pour trouver de la nourriture et de l’eau. L’art passe alors au second plan ; ce qui compte, c’est la survie du protagoniste. L’argent n’est plus un enjeu. À ce titre, son corps est mis à rude épreuve. Les gouttes de sueurs perlent sur sa nuque au-delà de quarante degrés, et les couvertures manquent de le réchauffer lorsqu’il fait moins de dix degrés.

Ainsi, nous pouvons voir Nemo cracher, déféquer, uriner, ou encore boire avidement des restes de glaçons collés dans le réfrigérateur. Il se laisse guider par son instinct, tandis qu’il n’a plus besoin de se soucier du regard des autres. La caméra semble pourtant être un témoin de son retour animal, à l’image des caméras de surveillances que Nemo observe.

Psychologie et démence face à l’art

À l’image des œuvres d’Egon Schiele, le corps de Nemo se crispe et se perd, pourrissant autant que les quelques aliments qui lui restent. Cependant, au-delà du corps, son esprit se tord et vacille. Nemo souffre progressivement d’hallucinations, hanté par sa solitude et par la peur de ne jamais partir. Sa seule expression est celle de l’art, qui le guide à travers la folie. Les murs de l’appartement, qui jusqu’alors définissaient son encerclement, deviennent sa délivrance intérieure.

Par ailleurs, la musique, quoique présente dans quelques scènes du long-métrage, est discrète face au silence qui entoure le protagoniste. Il est encerclé par le silence. Il peut voir quelques brides du monde extérieur par les caméras de surveillances, mais celles-ci n’émettent aucun son… Les seuls bruits sont ceux de la destruction de l’appartement, de l’eau, de la Macarena et des quelques paroles de Nemo. « Il n’y a pas de création sans destruction » dit-il. En effet, il n’aurait pu créer sans être enfermé.

A l’intérieur : bande-annonce

A l’intérieur : fiche technique

Titre original : Inside
Réalisation : Vasilis Katsoupis
Scénario : Ben Hopkins, d’après une histoire de Vasilis Katsoupis
Musique : Frederik van de Moortel
Décors : Thorsten Sabel
Costumes : Catherine Van Bree
Photographie : Steve Annis
Montage : Lambis Haralambidis
Production : Giorgos Karnavas, Marcos Kantis et Dries Phlypo
Sociétés de production : Heretic, Schiwago Film et A Private View
Sociétés de distribution : L’Atelier Distribution (France)
Genre : thriller psychologique
Durée : 105 minutes / 1 novembre 2023 en salle / 1h 45min / Drame, Thriller