Inscrit23 juin 2019
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« - Je nous ai amené des bières. - On n’a plus d’image. - C’est fait exprès les bouquins empilés sur le magnéto ? - Oui. Il fonctionne comme ça. Il faut trouver le bon poids. - Ça dépend peut-être aussi de leur contenu. Des écrivains suicidés, « Tout savoir sur les maladies cardiovasculaires »… Tu n’as rien de plus léger ? C’est peut-être ça le problème… C’est bon, l’image est revenue. Qu’est-ce qu’on regarde ? - Un documentaire. « Trésors du patrimoine naturel ». - C’est beau chez nous. - Oui, c’est beau, mais je crains que bientôt tout ça ne soit plus réservé qu’aux gens choisis. - Aux gens choisis ? - Oui, ce sont des gens qui surgissent de nulle part et qui savent tout sur toi, et toi tu ne sais rien d’eux. Quand tu en as vu un, tu les as tous vus... »
« « Salia Malberg » Et puis elle ajoute : « Votre supérieure. » Il la regarde et sourit. Comme s’il avait pu en douter une seconde, comme si tout ne le lui rappelait pas. Il l’observe : cheveux courts. Cicatrice à l’arcade sourcilière. Petit tatouage dans le cou. Tailleur noir. Trop élégante pour le bureau. Elle est jolie, mais elle a quelque chose de dur – pas d’éprouvé non, cela, il l’aurait respecté… -, de dur comme peut l’être la certitude. »
« Le Maine est le « pays des vacances ». Toutes les plaques d’immatriculation de ses voitures l’affirment. On vient ici se reposer et s’amuser, surtout en été, voire pour certains toute l’année. Avec son millier d’îles, ses anses et ses golfes, la côte vous attend. Un paradis terrestre pour les amateurs de nature intacte… Mais l’endroit reste à portée des nuisibles ou, disons, des inconséquents. Voyons ce qui pourrait arriver si deux des grandes forces de l’Amérique, la quête d’une réussite productive et le désir de savourer un environnement vierge s’affrontaient en un combat mortel. Il nous faut une scène… »
« - Disons qu’après l’indépendance, il fallait un pouvoir fort pour construire le pays, c’était une phase nécessaire après les dégâts de la colonisation. L’Afrique avait besoin de chefs, à l’époque, et… - Je ne crois pas à ces conneries. Il n’y a pas de peuple enfant, c’est une justification pour les dictateurs. »
« L’ouvrier pendu au bout du câble avait un drôle de teint. De la bave s’écoulait de ses lèvres crispées, cadavériques. Quand le menuisier redescendit de l’endroit où il travaillait, il vit le contremaître en train d’uriner dans la mer depuis le pont, dans une position peu naturelle, une épaule relevée, une bûchette coincée dans la ceinture. Le regard du menuisier passa sur la bûchette. « Alors c’est donc avec ça qu’il l’a frappé. » A chaque bourrasque, l’urine frappait en chuintant le bord du pont et rebondissait en gerbes. »