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Sarah Anthony © Textes et illustrations tous droits réservés.

Une nouvelle teinte de bleu, différents degrés de sculpture, une réparation de valeur et des peintres illuminés – L’abécédaire artistique n°7

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L’Abécédaire Artistique

Cet abécédaire vous parlera de :

Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.

Rendez-vous chaque jeudi pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.

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  • Bas-relief (et Haut-relief)

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catégorie : arts plastiques, sculpture, nom masculin.

Vous connaissez sans doute le bas-relief, mais savez-vous qu’il fait partie d’un groupe plus confidentiel qui comporte aussi le haut-relief et le moyen-relief ?
Le plus connu, le bas-relief, désigne une sculpture dont les reliefs ne sont que légèrement projetés vers l’avant. Les reliefs sont à peine détachés du fond (presque toujours mural). Les bas-reliefs sont des ornements, souvent pour les façades, qui peuvent être figuratifs ou abstraits. Le fond (non sculpté ou simplement lissé) fait partie intégrante de l’image.

A l’inverse, les hauts-reliefs font référence à des sculptures qui sortent beaucoup du fond, donnant une impression de projection vers l’avant, parfois même de sculpture indépendante. Pourtant, si l’on regarde, on note que la sculpture est en fait toujours attachée à son fond mural, on ne peut en faire le tour et elle n’est sculptée que sur les côtés, et bien sûr, à l’avant. La sculpture en haut-relief peut se trouver sur un fond lui-même sculpté par un bas-relief, de manière à donner l’impression qu’elle sort encore davantage, par rapport au fond. Entre les hauts et les bas-reliefs, il existe un type de sculpture intermédiaire, le moyen-relief. Il peut être indépendant ou faire partie d’un ensemble sculptural constitué de hauts, moyens et bas-reliefs, de manière à créer une oeuvre avec différents plans.

Si vous vous demandez à quoi ressemble un haut-relief, sachez que les quatre statues de Ramsès II qui ornent la façade du grand temple d’Abou Simbel, en Egypte, sont sculptées en haut-relief. Il arrive qu’on appelle le haut-relief demi-bosse par référence aux statues dont on peut faire le tour, qu’on nomme « ronde bosse » (voir à la lettre R de cette chronique).
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  • IKB (Bleu)

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catégorie : arts plastiques, peinture, nom masculin.

IKB signifie International Klein Blue, soit Bleu International Klein. En effet, en 1960, Yves Klein, peintre français de l’avant-garde d’après-guerre décide de déposer la teinte de bleu qu’il vient de créer. Bien sûr, il n’est déjà alors plus à proprement parler possible de créer des couleurs, en effet, rien ne prouve que la couleur n’a pas déjà été vue avant qu’Yves Klein l’ait créée.
En fait, il a créé un moyen de lui donner un éclat supplémentaire. Pour ce faire, le plasticien se sert de pigments synthétiques de couleur bleu outremer (ou ultramarine), un bleu foncé intense et pourtant lumineux qu’on pourrait rapprocher du bleu électrique. C’est en l’associant à un nouveau liant créé pour l’occasion qu’il le rend spécial.
Pour rappel, en simplifiant, on fabrique de la peinture en associant des pigments (synthétiques ou naturels) à un liant qui déterminera la nature de la peinture (huile, acrylique, gouache, aquarelle, etc.).
Le fameux liant du bleu IKB a été mis au point en 1954 par le marchand de couleurs d’Yves Klein, Edouard Adam, pour conserver une meilleure luminosité des pigments (en effet, la couleur des pigments purs est toujours bien plus lumineuse qu’une fois mélangés au liant). On l’appelle Rhodopas M, mais Edouard Adam le vend sous le nom de médium Adam 25.

Yves Klein n’est pas vraiment autorisé à déposer une couleur, cela étant interdit par la loi. Il dépose donc la matière de son bleu IKB (sur un objet) à l’Institut National de la Propriété Intellectuelle (INPI) dans une démarche conceptuelle qui colle parfaitement à la pratique de l’artiste : en effet, deux ans plus tôt, en 1958, Yves Klein avait organisé à la Galerie Iris Clert… l’exposition du Vide ! Les visiteurs, invités à expérimenter le vide, pouvaient y voir une salle vide, avec une vitrine vide !
Depuis plusieurs années, Yves Klein avait une fascination pour le bleu outremer, teinte saturée par excellence. Ce bleu, c’est la couleur dont il se sert pour réaliser ses corps imprimés sur l’oeuvre (années 50). Avec son bleu IKB, il réalise par la suite ses célèbres monochromes.

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  • Kintsukuroi

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catégorie : artisanats, céramique et récemment psychologie, nom masculin, du japonais (réparation en or).

Le kintsukuroi est une technique de réparation de céramique qui nous vient du Japon. Elle répond à plusieurs noms, c’est pourquoi il est aussi possible de rencontrer le terme kintsugi. Le procédé désigne le fait de réparer des porcelaines ou des céramiques brisées en rassemblant les morceaux et en comblant et collant les jointures au moyen d’une laque. Pour éviter de voir une délimitation franche montrant les différentes cassures, la laque, plutôt que d’être dissimulée, est magnifiée par de la poudre d’or. Les jointures, certes visibles, n’en rendent la pièce réparée que plus belle.

La technique serait apparue à la fin du XVème siècle pour éviter de jeter les pièces de porcelaine cassées. Au lieu de dissimuler les défauts de la pièce de céramique (à savoir les cassures), le kintsukuroi les accepte comme faisant partie de son histoire et pouvant même améliorer l’objet – un peu comme la peau des cicatrices est plus épaisse et donc plus résistante. S’il fait souvent référence à une réparation à l’or, le kintsukuroi peut aussi se réaliser avec de la poudre d’argent ou d’autres métaux.

La technique est particulièrement en vogue depuis des années pour les objets à la beauté simple qu’elle produit. Mais aussi pour la philosophie de réparation qu’elle sous-tend.
Le kintsukuroi est même passé dans le langage de la psychologie comme un symbole des capacités de guérison et de cicatrisation de l’esprit humain, devenant plus fort suite à ses souffrances.
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  • Nabis

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catégorie : arts plastiques, peinture, nom masculin.

Les nabis sont un groupe de peintres post-impressionnistes relevant du mouvement Nabi. A la fin du XIXème siècle, à Paris, ils sont ralliés par le peintre Paul Sérusier autour d’un nouveau manifeste artistique. Les Nabis, post-impressionnistes assumés, refusent la peinture académique et ses codes étouffant la créativité.
Le mouvement part en fait du peintre Paul Gauguin qui encourage Sérusier à s’affranchir d’une représentation calquée sur le réel. Il l’exhorte à emprunter d’autres couleurs, à ne pas s’embarrasser des lignes de la réalité et à produire une peinture plus chargée en termes de symboles et d’impressions. Le résultat de ses conseils éclôt dans le tableau Le Talisman, l’Aven au bois d’amour (1888) qui fait débat à Paris. Sérusier revendique sa nouvelle façon de peindre et est suivi par divers peintres qui deviendront les Nabis. Ils empruntent ce nom à l’arabe, langue dans laquelle le mot nabi renvoie à une extase, ou une connaissance ou une expérience venue d’ailleurs (de nature spirituelle).

Les Nabis produisent des oeuvres visuellement intenses, pleines de teintes très vives et de symbolisme, et affranchies de toutes velléités de contraintes réalistes.
Le groupe ayant de l’humour, les Nabis se donnent à tous un surnom amusant. Félix Vallotton est, par exemple, le nabi étranger, tandis que Pierre Bonnard est le nabi très japonard, et que le peintre Mogens Ballin, venant de Copengahen, est le nabi danois, etc.

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  • Ronde-bosse

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catégorie : arts plastiques, sculpture, nom féminin.

Nous avons vu plus haut la sculpture rattachée à un fond avec le bas, le moyen et le haut-relief. Pourtant, lorsqu’on parle de sculpture et de statuaire, on pense plutôt à la sculpture en relief dont on peut faire le tour, aux statues indépendantes et sculptées de tous les côtés. Ce type de sculpture est désigné par le nom ronde-bosse (d’où le haut-relief parfois appelé demi-bosse). Le nom ronde-bosse vient logiquement du fait que le spectateur de l’oeuvre peut faire une ronde, soit faire le tour, de la statue et que celle-ci est en relief (d’où la bosse).
Le dos des rondes-bosses est donc également sculpté, mais il arrive qu’il soit moins travaillé, puisque la sculpture est destinée à être vue de face. La plupart des statues sont donc des rondes-bosses, et ce, depuis l’apparition de la technique à l’antiquité, comme la Vénus de Milo (-150 avant J.-C.) ou le David de Michel-Ange (achevé en 1504).

Une ronde-bosse particulièrement célèbre, parfaitement travaillée sous tous les angles (car le spectateur est destiné à tourner autour de la statue pour la comprendre) est l’oeuvre époustouflante du Bernin, Apollon et Daphné (1622-1625). La sculpture aux deux personnages présente la nymphe Daphné en pleine transformation en laurier, poursuivie par le dieu Apollon. Les doigts et les cheveux de marbre de la jeune femme se terminent par des feuilles de laurier, le tout dans un mouvement courbe qui fait porter au spectateur un regard d’ensemble sur la ronde-bosse.

Rendez-vous la semaine prochaine pour 5 nouvelles définitions artistiques.

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