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L’Abécédaire Artistique
Cet abécédaire vous parlera de :
Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.
Rendez-vous un jeudi sur deux pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.
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Contrapposto
catégorie : arts plastiques, sculpture, nom masculin, de l’italien (contrasté, opposé).
Derrière ce terme rythmé issu de l’italien se cache LA pose des sculptures de l’Antiquité et de la Renaissance. Vous connaissez sûrement cette pose sans l’avoir particulièrement remarquée.
Dans la posture du contrapposto, la silhouette en volume repose sur une jambe d’appui, l’autre étant légèrement fléchie (en mode flamant rose, pour ainsi dire). Le contrapposto permet de donner du dynamisme à la figure humaine et une pose plus naturelle. Il met particulièrement en valeur le buste, donnant une inflexion au bassin qui va appuyer le pli de la taille.
Les termes techniques de l’art étant internationaux, le mot contrapposto nous vient de l’italien (on peut également le retrouver sous l’orthographe contraposto) mais le détail de cette pose a été nommé en… allemand ! Ainsi, si l’on s’intéresse au contrapposto, on notera que la jambe d’appui est appelée Standbein et la jambe fléchie Spielbein.
La posture est inventée à l’Antiquité grecque et reprise à la Renaissance, comme beaucoup d’autres spécificités artistiques à l’origine justement de cette « re-naissance » artistique.
Une des statues représentées en contrapposto la plus célèbre n’est autre que le David de Michel-Ange (1501-1504), qui s’appuie sur sa jambe droite en fléchissant sa jambe gauche, la posture donnant une courbe avantageuse et vivante à son torse musclé.
On remarque que son épaule gauche est relevée, la droite étant abaissée, dans un mouvement inverse à celui des jambes, rajoutant encore du dynamisme à la sculpture. Comme pour un certain nombre de sculptures en contrapposto, la jambe d’appui est aidée d’un morceau de marbre (ici figurant une branche ou un petit tronc de bois) pour compenser le déséquilibre causé par la flexion de l’autre jambe ne supportant pas la statue – et pour cause, la sculpture mesure plus de 4 mètres de haut !
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Marivaudage
catégorie : littérature, éloquence, nom masculin, du nom propre français Marivaux.
Qu’est-ce que donc que le marivaudage ? Rimant avec batifolage (à juste titre), le marivaudage désigne une manière de s’exprimer ou d’écrire sur l’amour en employant un ton léger, rappelant la plume de Marivaux lui-même. En effet, l’auteur du XVIIIème siècle est connu pour ses pièces de théâtre ayant pour thème l’amour, mis en scène de manière comique, légère et joyeuse.
Le marivaudage désignerait donc une forme d’imitation du style de Marivaux, et ce en contexte littéraire, épistolaire ou bien sûr physique. Ainsi, l’on peut se livrer au marivaudage pour séduire, sans avoir besoin d’être un homme ou une femme de lettres. Il voisine dans ce cas-là avec le badinage.
Si Marivaux (1688-1763) n’est pas un auteur mal considéré, se faire taxer de marivaudage n’est pas toujours un compliment… cela étant dû, bien sûr, à l’aspect léger, un brin superficiel (peu sérieux donc) de son style. Notons que les comédies d’amour de Marivaux regorgent d’imbroglios où l’amoureux se fait passer pour un autre pour tester les sentiments de l’être aimé, etc. D’où également ce côté un peu moqueur du marivaudage sous forme de flirt où le jeu de la séduction peut parfois faire prendre à certains des postures un peu ridicules et surjouées.
En littérature, recevoir une critique associant un auteur au marivaudage signifierait que celui-ci affecte un peu trop son texte, et ce de manière artificielle et ostensible.
Anecdote : la première occurrence du mot date du vivant de Marivaux lui-même (1739). Comment l’a-t-il pris ? La légende ne le dit pas.
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Nô
catégorie : théâtre japonais, nom masculin, du japonais (capacité, aptitude, au sens de talent).
Le nô n’a rien à voir avec l’espagnol, l’italien, l’anglais, ou tout autre langue dans laquelle ces deux lettres forment le mot de la négation. L’accent circonflexe nous indique que le terme vient en fait du japonais (l’accent remplace ici un tiret indiquant une prononciation longue du « o »). En effet, le nô est une catégorie de théâtre traditionnel japonais, au même titre, par exemple, que le kabuki (qui fera bientôt l’objet d’une entrée). A la différence près que le nô (aussi orthographié noh) est un théâtre de style lyrique, qui peut faire l’objet de danses et de chants, mais aussi de poésie (vers) et de pantomimes. Comme bien des aspects de la civilisation japonaise, le nô est codifié à l’extrême, au point d’être ritualisé.
Les comédiens pratiquant le nô sont accompagnés d’un orchestre très restreint. En effet la musique a uniquement pour vocation d’accompagner l’action, sans prendre le pas sur le jeu. Les acteurs sont masqués et jouent, bien sûr, dans des costumes traditionnels japonais à partir de textes des XIV et XVème siècles.
Exclusivement joué par des hommes, le nô se caractérise aussi par ses masques traditionnels (réalisés en bois de cyprès, ils sont ensuite peints et laqués). On en dénombre 138 différents.
Les origines du nô trouvent leur source dans le sacré et le religieux (d’où sa forme ritualisé), mais à l’heure actuelle, le nô est souvent représenté sous la forme d’une pièce en deux actes.
La ville d’Aix-en-Provence abrite en France le seul théâtre de nô dont la scène est construite en bois de cyprès du Japon (espèce hinoki faux-cyprès), situé en-dehors du Japon. Construit en 1992, il a été offert à la ville d’Aix-en-Provence par la famille Kano, dont le nom est associé au théâtre de nô, au pays du Soleil-Levant.
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Tanagra
catégorie : arts plastiques, sculpture, nom masculin, du nom de la ville grecque de Tanagra (Béotie, Grèce continentale).
Un tanagra est une sculpture de petite taille, réalisée en terre cuite et typique de l’art grec des IV et IIIème siècles avant Jésus-Christ.
Les tanagras tirent leur nom de la ville antique éponyme de Tanagra où ils furent mis au jour en grand nombre pour la première fois à la fin du XIXème siècle, bien que la production principale était en réalité réalisée dans la ville d’Athènes.
Ces statuettes, dont on a longtemps cru qu’elles ne représentaient que des femmes, sont des œuvres votives, dont la forme évoquaient différents sujets : femmes, bien sûr, mais aussi hommes et animaux, certains étant des figures divines. Les tanagras sont souvent vêtus de drapés qui les caractérisent.
Toujours en terre cuite, le tanagra peut être creux ou plein, souvent peint (bien que la peinture n’ait pas résisté au passage du temps sur bien des exemplaires).
Le nom de ce type de statuette, parce qu’il représentait des personnages à l’allure saine et parce qu’il résulte d’un travail technique fin, a glissé dans le langage non archéologique ou artistique pour désigner une jeune femme bien faite (au corps sculptural et à la beauté fine), donnant au passage l’adjectif tanagréen. Ce dernier s’applique aussi bien aux hommes et aux femmes et implique que leur silhouette a la beauté d’un tanagra. Notons que si le terme est masculin lorsqu’on parle de la sculpture, il peut être employé au féminin lorsqu’il passe au sens figuré et désigne une jeune femme.
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Veduta (védutisme)
catégorie : arts plastiques, peinture, nom masculin, de l’italien veduta (vue).
La veduta désigne une vue extérieure de ville en art, peinte de manière réaliste. Elle a donné le courant presque synonyme connu sous le nom de védutisme – les mots sont en effet interchangeables dans bien des contextes ; on peut parler invariablement de veduta ou de védutisme.
Le terme veduta signifie en italien « vue », bien qu’il existe également le mot vista (de même sens et participe passé du verbe vedere signifiant voir) qui est bien plus couramment utilisé – on réserve d’ordinaire le mot veduta à une vue dans le sens d’un panorama.
La veduta et le védutisme s’appliquent pourtant à un courant artistique bien précis. C’est au XVIIIème siècle qu’il fait son apparition, sans surprise en Italie, notamment à Venise, bien qu’il se développe également dans d’autres pays d’Europe. En vérité, les peintres vénitiens ont été influencés par la peinture réaliste de paysages urbains qu’on pratique aux Pays-Bas.
Les œuvres védutistes donnent à voir des panoramas de villes réalistes presque photographiques, où la lumière est bien présente, souvent reflétée dans une source d’eau. La pratique de la veduta ayant trouvé ses lettres de noblesse dans la Sérénissime, la lagune est souvent au cœur des peintures védutistes. En-dehors de Venise, on peint des veduta à Naples, à Rome, bien sûr aux Pays-Bas, mais aussi à Londres, entre autres.
Le bien-nommé Giovanni Antonio Canal dit Canaletto (1697-1768) est le grand peintre du védutisme (également représentant de la fin de l’école vénitienne, qu’on appelle aussi la renaissance vénitienne, en peinture).
Rendez-vous dans deux semaines pour 5 nouvelles définitions artistiques. En effet, pour vous proposer un contenu toujours aussi passionnant, l’Abécédaire Artistique sera désormais mis en ligne un jeudi sur deux.