ABC… ART
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L’Abécédaire Artistique
Cet abécédaire vous parlera de :
Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.
Rendez-vous chaque jeudi pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.
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Da Capo
catégorie : musique, opéra et musique lyrique, nom masculin, de l’italien « depuis le début ».
Bien avant l’invention du bouton « retour en arrière », on pouvait repartir au début d’une chanson, et cela, même sur une scène d’opéra ! Le da capo ou l’aria da capo désigne un type d’airs d’opéra où la mélodie est construite en miroir, selon le schéma ABA. La partie B, située au milieu, est encadrée par la partie A, reprise depuis le début (da capo) pour la troisième partie de l’air.
L’air d’opéra se compose donc de quelques vers et d’une mélodie (partie A), suivis de vers différents sur un air différent généralement sur un temps plus court. L’air reprend ensuite la partie A, avec toutefois des vocalises différentes. Ces vocalises permettent au chanteur d’opéra de montrer sa virtuosité en termes de puissance et de vitesse.
Les vocalises diffèrent d’un chanteur à l’autre, d’une interprétation à l’autre. Elles peuvent être décidées par celui-ci ou imposées par le chef d’orchestre. En effet, chaque chef d’orchestre propose sa lecture musicale de l’oeuvre.
Il arrivait aussi que les compositeurs aient eux-mêmes inscrit sur la partition les ornements des notes en troisième partie (qui seront repris sous forme de vocalises) pour empêcher le soliste de s’accaparer l’air pour son propre mérite.
On retrouve l’aria da capo autant dans la musique classique (Mozart…) que baroque (Haendel, Vivaldi…) et pas uniquement dans l’opéra, mais aussi dans d’autres formes de musique lyrique, comme l’oratoire.
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Fayoum
catégorie : histoire de l’art, arts, archéologie, nom masculin.
Si le Fayoum désigne d’abord une région d’Egypte, en arts, il fait référence à la peinture de portrait mortuaire, notamment aux portraits du Fayoum. Il s’agit d’un ensemble de portraits typiques de l’Egypte romaine du Ier au IVème siècle après J. – C. Ces portraits ne représentant que des défunts étaient à but exclusivement funéraire. En effet, glissés dans les bandelettes, ils ornent les visages des momies.
Bien que dit « portraits du Fayoum », on les a retrouvés dans toute l’Egypte. Ils sont caractéristiques parce que d’un style rare à cette époque, presque réalistes, on les dit d’ailleurs naturalistes. Ils contrastent franchement avec l’esthétique égyptienne archétypale que nous connaissons tous : corps et tête de profil, épaules de face, schématisation et codification de la représentation en aplats de couleurs.
Les portraits du Fayoum nous montrent au contraire des dégradés de couleurs, des visages qui se veulent réalistes et ressemblants, comme des photographies avant l’heure du défunt, avec une recherche de relief évidente, notamment au niveau des yeux. Ils découlent pourtant de la tradition égyptienne qui consiste à représenter un visage simplifié pour orner la momie, mais en mêlant cette tradition à diverses influences étrangères (notamment romaines, mais aussi grecques). Généralement peints sur bois ou lin, les portraits du Fayoum témoignent de l’importance du culte des morts et de la momification alors encore en place. Leurs tons et leur traitement – parfois améliorés de dorure – annoncent l’art byzantin et copte.
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Grège
catégorie : arts plastiques, artisanats, arts graphiques, nom masculin.
Connaissez-vous la couleur grège ? Son étymologie vous permettra de ne pas oublier à quelle nuance ce nom se réfère…
Ce ton beige tirant sur le gris est défini comme la couleur de la soie non traitée et du pelage laineux des moutons.
Non contente d’être énigmatique, la couleur grège se félicite en plus d’une étymologie qui prête à débat. Le nom « grège » viendrait pour certains de l’expression seta greggia signifiant « soie brute » en italien.
Toutefois, on lui prête une autre origine : « grège », comme « grégaire » serait issu de gregarius, soit le mot « troupeau » en latin, car ce serait la couleur de la laine des troupeaux de moutons… Si l’on hésite, on remarque tout de même que dans les deux cas, qu’il s’agisse d’une soie brute ou d’une laine non tondue, le mot grège désigne une couleur encore primitive, non travaillée. Et si l’on pousse un peu plus loin dans ses recherches, on découvre que le « greggia » de « seta greggia » n’est autre que le féminin de « greggio » signifiant « brut » dans la langue de Dante. « Greggio » qui découlerait du mot latin vulgaire « gregius » de sens similaire à « gregarius »…
Les deux étymologies de « grège » sont donc correctes !
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Sprezzatura
catégorie : arts, vie quotidienne, mode, nom féminin, néologisme italien.
On doit le concept de sprezzatura à l’écrivain italien Baldassare Castiglione, comte de Novilara (1478 – 1529). Dans son ouvrage Le Livre du courtisan, il détaille son idée qu’on pourrait rapprocher d’une forme de nonchalance. La sprezzatura, c’est l’art de donner l’impression que nos réussites l’ont été de manière non travaillées, presque naturelles. C’est se débarrasser d’une sophistication affichée mais mettre en avant au contraire cette nonchalance de la beauté et de la qualité.
Pour un artiste, faire preuve de sprezzatura, c’est ne pas mettre en avant les difficultés et prouesses techniques de son art mais donner au contraire l’impression d’une facilité évidente de la création artistique. Il en va de même dans la vie quotidienne du courtisan dont le panache est sans effort.
Dans le même ordre d’idées, la sprezzatura est aujourd’hui passée dans le domaine de la mode et fait référence à un look travaillé et sophistiqué donnant l’impression d’avoir été réussi naturellement et sans être réfléchi outre mesure.
La sprezzatura peut aussi désigner l’adjonction d’une petite extravagance vestimentaire par le biais d’un accessoire inhabituel mais semblant nonchalamment s’accorder à la tenue – la fantaisie ne doit pas avoir l’air recherché. En termes de mode, la sprezzatura serait réservée aux hommes, mais rien n’empêche les femmes de la leur emprunter !
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Zone system
catégorie : photographie, arts, nom masculin issu de l’anglais.
L’expression Zone System est indissociable du nom de son créateur, l’un des plus grands photographes américains du XXème siècle : Ansel Adams (1902-1984).
Ce photographe américain, écologiste avant l’heure nous a laissé de mémorables clichés de l’Ouest américain sauvage. Pour réaliser ces photographies superbes, il invente le Zone System, méthode permettant de déterminer l’exposition nécessaire à un cliché pour lui garantir des contrastes et des lumières uniques créant une profondeur et des volumes typiques du travail d’Ansel Adams, sa marque de fabrique pour ainsi dire.
Les clichés en noir et blanc d’Ansel Adams, grâce au Zone System, nous donnent ainsi à voir une intensité et différentes textures qui créent une atmosphère presque mystique dans la photographie de paysages naturels, et ce à l’aide de blancs, de noirs et de gris savamment déterminés et parfaitement maîtrisés. Ansel Adams, propose donc, grâce au Zone System, des images à la fois fixes et mobiles (nuages et lumières semblent en mouvement), dans lesquelles transparaît une sérénité touchante.
Bien que le Zone System ait été inventé pour des clichés en noir et blanc et pour la photographie argentique, il a influencé la photographie actuelle, notamment encouragé la réflexion et la recherche en matière de réglages.
Rendez-vous la semaine prochaine pour 5 nouvelles définitions artistiques.