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La neige sous le pinceau du peintre : 7 oeuvres où la peinture devient manteau hivernal

La peinture figurative, c’est l’art de représenter le réel par des touches de peinture. Différentes nuances de couleurs qui simulent le volume d’un paysage, d’un portrait ou d’une nature morte… Et selon les styles, la réalité prend des airs bien différents d’une toile à l’autre, d’un artiste à l’autre. En ce début d’année, intéressons-nous à l’hiver et analysons comment divers artistes ont représenté la neige en peinture.

  • Une neige grise à l’image d’une société industrialisée
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© Wikipédia – œuvre dans le domaine public

Le train dans la neige, Claude Monet, 1875, huile sur toile

Avec ce tableau, le peintre impressionniste Claude Monet se détourne de ses images de prédilection où la nature domine. Il nous présente ici une oeuvre plus historique, qui témoigne de la modernisation de la société, avec ce train qui arrive face au spectateur. Derrière cet exemple de l’industrialisation, la neige se fait grisâtre, tout comme le ciel, un peu comme si la fumée du train y avait déteint. Dans la partie droite du tableau, des arbres dénudés tendent leurs branches vers le ciel. A leurs pieds, la neige, encore pure, reste blanche. Elle est séparée de la civilisation par une barrière. Les deux types de neige tranchent : d’un côté, le tapis encore blanc et vierge, de l’autre, cette neige sale qu’on connaît bien. Avec Le train dans la neige, Monet met en concurrence industrialisation et nature. La neige, dans les villes, n’a plus rien de romantique.

  • La campagne, sous la neige, s’endort 
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© Wikipédia – oeuvre dans le domaine public

La pie, Claude Monet, 1868-69, huile sur toile

A l’inverse, cette œuvre s’insère plus dans les thèmes habituels du peintre. On y voit une nature vierge et bucolique, dans laquelle la présence de la neige trouve toute sa place. Elle y est ici représentée avec des nuances de blanc qui en font une neige propre et épaisse. Les tons blancs et bleus donnent à voir une œuvre apaisante. La touche épaisse accentue cet effet de lourdeur de la neige qui a recouvert le paysage endormi sous son manteau blanc. Les arbres aussi voient leurs branches recouvertes de ces paquets de neige qui habillent le muret et la barrière. La pie a beau y être perchée, c’est la neige le véritable sujet du tableau ! Malgré la blancheur de la toile – où la neige et le ciel sont tous deux immaculés – Monet ne manque pas d’inspiration et fait appel à une belle palette de blancs, de tons bleutés à des beiges plus chauds. On sent son appréciation du paysage, de la légèreté et du calme que procure la neige dans la nature.

  • Une œuvre nocturne où la neige se fait glaçante
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© Wikipédia – œuvre dans le domaine public

Paysage d’hiver, Caspar David Friedrich, 1811, huile sur toile

Sous le pinceau du peintre allemand, la neige se fait manteau d’un paysage sinistre. Cette œuvre romantique convoque tout ce que la nuit et la nature peuvent avoir de sauvage et d’obscur. Des arbres morts et tordus émergent d’une neige blanche qui recouvre à peine un tiers du tableau, le reste étant rempli par un ciel sombre et bas. Le décor naturel prend ici des airs fantastiques, avec ces souches d’arbre rappelant des tombes éventrées, parmi lesquelles erre ce promeneur courbé sur sa canne. Une certaine poésie mélancolique émerge tout de même du tableau. Le motif est adouci par de petites touches qui apportent du relief en même tant que de la douceur à la neige et aux troncs d’arbre. L’ensemble donnant l’impression d’un paysage austère mais propice à une introspection bienvenue.

  • La neige à la fois comme fond et comme matière
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© Wikipédia – oeuvre dans le domaine public

Promenade dans la neige, James Tissot, 1878, huile sur bois

Aussi surprenant que cela puisse paraître au vu de son titre, cette œuvre au fond enneigé n’est pas un paysage mais un portrait. Le tableau tout en hauteur (79 x 37 cm) représente une jeune femme vêtue de fourrure, dont les lèvres vermillon répondent à l’intérieur de son chapeau écarlate. Celui-ci se fond d’ailleurs dans la partie haute de l’arrière-plan occupée par les branches touffues d’un imposant sapin. Le reste de l’arrière-plan étant recouvert d’une neige qui est utilisée à la fois comme matière et comme fond quasi-monochromatique. D’une part, on peut voir cette neige d’un blanc presque uni comme un simple fond abstrait. Ce pourrait ne pas être de la neige. Et d’autre part, dans le même temps, la neige est ici représentée plus uniquement comme une couleur, mais comme une matière répondant à la fourrure portée par la dame, mais aussi aux branches de sapin. Trois matières épaisses et feutrées qui se fondent l’une dans l’autre dans une grande frontalité, pour mieux se répondre. 

  • Quand la neige se fait onirique
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© Wikipédia – oeuvre dans le domaine public

Les sarcleuses, Vincent Van Gogh, 1890, huile sur papier marouflé sur toile

Dans cette œuvre onirique, Van Gogh emprunte au rêve ses tons pastels en camaïeu de bleu pour nous donner à voir ces paysannes au travail de bonne heure. La lumière aurorale baigne cette œuvre dont le paysage est le réel sujet plutôt que les deux figures centrales qui s’y détachent par ce bleu fort. Qui s’y détachent autant qu’elles s’y fondent, en vérité, de par leur traitement similaire à celui de l’ensemble de l’oeuvre. Le post-impressionnisme prend ici des airs de pastel sec. C’est la touche marquée, autant que les tons, qui donne à ce paysage, et donc à cette neige, son apparence. On ressent, plus qu’on ne sent cette neige. Le peintre néerlandais nous transmet plus qu’une vision : ce sont ses sentiments, ses souvenirs de ce paysage peint d’après mémoire, qu’il partage avec nous. On imagine une nature douce comme la lumière qui la recouvre, un silence aussi feutré que la neige, seulement rompu par le bruit régulier des travailleuses.

  • L’hiver flamand : la neige, prétexte à un paysage complexe
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© Wikipédia – oeuvre dans le domaine public

Les chasseurs dans la neige, Pieter Brueghel l’Ancien, 1565, huile sur bois

Avec cette œuvre complexe, Pieter Brueghel l’Ancien témoigne des hivers rigoureux que connaît alors l’Europe – et qui dureront jusqu’au XIXème siècle. La neige est ici le cœur du tableau, non seulement parce qu’elle en occupe la plus grande partie, mais parce que l’auteur a tenu à montrer la réalité de la neige, son influence sur la vie d’un bourg.
La neige qui nous est donnée à voir dans l’oeuvre est un manteau épais qui recouvre vraisemblablement le paysage une majeure partie de l’hiver. En conséquence, elle impacte la vie des paysans qui doivent s’y adapter, sujets du tableau, en plus des chasseurs du premier plan. Ainsi, l’on voit que la neige entraine une vie rude : à gauche, des villageois font brûler un feu, tandis que plusieurs cheminées laissent échapper un filet de fumée. Les chasseurs et leurs chiens s’enfoncent dans une neige dont il n’est pas difficile d’imaginer la température. A contrario, la neige et le froid représentent aussi des plaisirs simples que sont le patinage sur les étendues d’eau gelées, ou les simples promenades dans le paysage enneigé.
Brueghel donne plusieurs tons à sa neige, développant une palette blanche complexe comme le paysage, elle est ponctuée çà et là par différents éléments vivants, naturels ou construits, des arbres aux maisons, en commençant par les ronces du premier plan. A mesure que l’on s’enfonce dans l’arrière-plan, la neige se confond de plus en plus avec la glace de la rivière, puis avec les arbres et enfin les montagnes.
Dans cette œuvre qui ne s’embarrasse pas de réalisme, c’est à l’aide de la neige que le peintre flamand construit la profondeur de son paysage qui s’étend vers l’horizon et qui est soutenu par ces arbres au premier plan descendant la pente, guidant notre regard vers le lointain, vers cette neige qui s’estompe à mesure qu’elle s’éloigne.

  • Une neige pastorale bien discrète
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© Wikipédia – oeuvre dans le domaine public

Paysage hivernal dans les Appenins avec une grotte, Franceso Foschi, circa 1750, huile sur toile

Cette scène de nature enneigée n’est qu’une parmi de nombreuses toiles du peintre italien qui affectionne le thème du paysage hivernal – notamment les séries de peintures d’hiver des peintres néerlandais des XVIème et XVIIème siècles auxquelles il rend hommage.
Sous son pinceau inscrit dans le style rococo, le peintre nous délivre une œuvre pastorale. La nature se fait ici légère, avec des arbres dont le feuillage est épars. A l’exception du dessus de la grotte autour de la bâtisse, où un épais tapis blanc est visible, la neige est peinte de manière si légère qu’on pourrait la confondre avec la lumière de l’aube. Elle se fait ici tapis léger laissant voir la silhouette du paysage romantique : les thèmes rococo sont tous là, avec cette nature qui ressemble à un jardin, cette grotte qui invite à la découverte et cet air mystique qui flotte sur le paysage. La neige recouvre une caverne où le naturalisme flirte avec des formes imaginaires. Sur l’ensemble flotte un parfum d’hédonisme pastoral.
Le paysage d’hiver rococo de Francesco Foschi laisse donc finalement peu de place et d’importance à cette neige bien légère.