American Nightmare, de James DeMonaco : Critique du film

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American Nightmare : un petit thriller social d’une purge institutionnalisée

2022. Dans une Amérique rongée par une criminalité débridée et des prisons surpeuplées, le gouvernement a donné son accord pour qu’une fois par an, pendant 12 heures, le crime soit légalisé. Une nuit durant, cette purge permet aux citoyens de définir leurs propres règles et de faire leur propre loi, sans avoir à craindre d’éventuelles poursuites. Au cours d’une telle nuit hantée par la violence et le crime, la famille Sandin, nantie et appréciée du voisinage, semble prête. Elle a mis le système de sécurité en route, et se cloitre. Mais Charlie, le petit dernier aperçoit devant sa porte un SDF blessé et poursuivi, et décide de le laisser entrer. Dés lors, la maison est pris d’assaut par une bande d’hommes et de femmes masqués qui veulent récupérer l’homme pour le massacrerInterdit aux moins de 12 ans avec avertissement.

Quatre ans après le très bon Little New-York (2009), le réalisateur américain James DeMonaco [i] retrouve son acteur fétiche Ethan Hawke pour ce second film et change totalement de registre pour un huis-clos étouffant, et relativement captivant. American Nightmare, au petit budget de 3 millions de dollars, fut un immense succès au box-office américain, et bat déjà des records d’audience dans les salles françaises.

Doté d’un pitch des plus intéressants, et d’une charge politique indéniable, visible dès le pré-générique, le début de ce thriller d’anticipation est réussi dans ses premières 50 minutes, avant de devenir bêtement divertissant dans sa dernière partie sous forme d’un survival assez plat. Cette platitude réside tout d’abord gans le choix d’un casting qui dresse le portrait de personnages stéréotypés, manquant d’épaisseur, creux et univoques, ceux d’une famille américaine bien sous tous les rapports : Ethan Hawke (James Sandin) en gentil papa dans le droit chemin américain, insipide, sans charisme, et plutôt lâche ; Lena Headey (Mary Sandin), bien connue des fans de Game of Thrones, en mère protectrice aux relents de moralité ; Adelaide Kane (Zoey Sandin) en ado rebelle en pleine crise d’adolescence ; Max Burkholder (Charlie Sandin), joue le cadet désobéissant, courageux et geek, passionné de technologie high-tech.

Seul Rhys Wakefield, le chef du gang masqué, campe avec brio un psychopathe extravagant, bobo, et sadique, que n’aurait pas rejeté l’univers Kubrickien. Ensuite, la mise en scène fonctionnelle mais fade, ainsi qu’un scénario cousu de fil blanc, multipliant les invraisemblances, plongent American Nightmare dans un récit platonique, sans grand rebondissement et au dénouement prévisible. American Nightmare n’ose pas être terrifiant à l’instar de sa belle affiche, et DeMonaco ne parvient jamais à insuffler une véritable tension dans ce schéma de home invasion des plus banals à la Panic Room (2002), là où d’autres réalisateurs comme l’immense John Carpenter, auraient offert un grand moment de film d’horreur.

Toutefois, American Nightmare réussit à capter l’angoisse de l’époque face au crime, du fossé qui s’élargit entre les classes riches et pauvres, et du piège du capitalisme carnivore et propose au spectateur quelques amorces de réflexion sur la violence de nos sociétés modernes. Sans jamais réussir à atteindre l’ultra-violence d’Orange mécanique de Stanley Kubrick (1971), ou la lourdeur psychologique du Funny Games de Michael Haneke (1997), ni même les instincts les plus sombres du très réussi Battle Royale (2000) de Kinji Fukasaku (2000), American Nightmare, est un petit thriller social divertissant, mais qui passe totalement à côté de son ambition.

 American Nightmare : Bande-annonce

Fiche technique : American Nightmare

Titre Original : The Purge
Réalisateur : James DeMonaco
Acteurs : Ethan Hawke, Lena Headey, Adelaide Kane, Max Burkholder, Edwin Hodge…
Genre : Anticipation / Horreur
Année : 2013


[i] Scénariste capable du meilleur (Assaut sur le Central 13 de Jean-François Richet, 2005) comme du pire (Skinwalkers de James Isaac, 2006), James DeMonaco a grimpé les échelons en passant enfin derrière la caméra avec le très bon Little New York (2009). American Nightmare, son second long-métrage, est produit par Jason Blum connu pour les succès au box-office de la saga Paranormal activity, Insidious et également Sinister, 2012 (déjà avec Ethan Hawke)