Oscar Martin, appuyé par les talents graphiques de Leonel Castellani, nous offre une plongée dans les ténèbres d’un monde sans foi ni loi à travers Solo Lyra. Dans des paysages dévastés et hantés par des créatures effroyables, les auteurs dépeignent le voyage périlleux de Lyra et son frère, confrontés à des défis de toutes sortes.
Au début du récit, Grandé est appelé à émerger de l’ombre de son clan pour forger son propre chemin, c’est-à-dire établir une communauté ailleurs. Il laisse derrière lui Lyra et son frère, les deux principaux protagonistes de cette histoire. Lyra doit veiller à la fois sur une mère malade, sur le point de mourir, et sur cet aîné aux capacités intellectuelles limitées. Leur parcours est jalonné de tragédies. Le décès de leur mère les pousse à prendre la route et laisse un vide profond, ainsi que le fardeau du deuil à porter.
Les péripéties de Lyra et son frère les mènent à affronter des menaces de toutes sortes. Leur rencontre avec un vieillard luttant pour sa survie va éclairer une réalité encore plus sombre : l’existence d’un parasite monstrueux se multipliant dans la chair de son hôte. Les deux jeunes héros vont aider le vieil homme à soigner sa petite-fille, quitte à braver le danger pour récolter de quoi l’anesthésier et la soigner. Solo Lyra procède de cette façon : des personnages abîmés par les épreuves d’une existence en perdition affrontent des antagonistes de formes diverses, les uns après les autres.
Punchy, parfaitement mis en vignettes, l’album bénéficie des talents de Leonel Castellani, qui donnent corps à un monde désolé et souvent violent. Dotées d’un sens aigu du mouvement et de l’émotion, les planches immergent le lecteur aux côtés des deux protagonistes, qui portent en bandoulière les thèmes de la survie, de la fraternité et de la perte. Le récit explore la résilience face aux épreuves les plus accablantes. Il illustre aussi comment la solidarité et l’amour fraternel peuvent éclairer les moments les plus sombres et tragiques de l’existence.
Solo Lyra est une œuvre qui s’inscrit avec force dans l’univers étendu de Solo. Elle bénéficie d’un scénario solide et d’un attrait visuel évident. Avec ses ramifications familiales et psychologiques, ainsi que ses clins d’œil aux œuvres connexes, elle comporte suffisamment de sophistications – dont ce portrait de femme forte et indépendante – pour tenir en haleine le lecteur.
Solo Lyra, Oscar Martin et Leonel Castellani
Delcourt, janvier 2024