Dans un futur indéterminé, un homme pas tout jeune et malade vit avec sa compagne dans un lieu semble-t-il assez à l’écart. L’homme est un rêveur qui fait des cauchemars alors qu’elle est assez râleuse.
Le futur imprécis où l’histoire se situe permet à Jonathan Djob Nkondo, issu de l’animation et ici dessinateur-scénariste, de laisser libre cours à son inspiration concernant les décors, ce qui constitue à mon avis le meilleur atout de cette BD petit format (14,8 x 10,6 cm) qui se lit rapidement malgré ses 174 pages. Il faut dire qu’une bonne partie se passe de dialogue et que les planches ne comportent qu’une ou deux cases. L’homme est obsédé par une fleur (celle de l’illustration de couverture) qu’il semble vouloir protéger à tout prix. On peut penser qu’elle représente à ses yeux une valeur symbolique : la protection de la vie, sachant probablement la sienne menacée. A noter que l’album est en noir et blanc, le rouge qui domine l’illustration de couverture représentant la seule touche colorée.
Chacun ses activités
L’essentiel de l’histoire tient en une virée de la femme qui emprunte un petit vaisseau spatial pour aller faire des courses pendant que l’homme s’active dans leur jardin, sorte de forêt sous dôme. Lors de son trajet, la femme remarque un astéroïde sur lequel des humains s’activent au marteau-piqueur. On ne saura pas exactement à quelle activité ils se livrent, mais ils exploitent l’astéroïde à des fins qui déplaisent foncièrement à la femme. On comprend que le message est un coup de gueule vis-à-vis de ces humains qui s’approprient tout ce qui leur tombe sous la main et détruisent ou dénaturent ce qui fait la beauté de l’univers, à des fins mercantiles déguisées en recherche de confort. Cela rejoint l’acharnement et la délicatesse menées par l’homme pour protéger la fleur qui absorbe son énergie.
Un avenir peu enviable
L’album est donc élaboré avec des intentions louables, c’est déjà ça. Malheureusement, hormis le soin apporté aux décors, ainsi qu’un dessin élégant, il déçoit par son manque de profondeur, le tout restant assez superficiel. Même les caractères des deux personnages principaux restent au stade de l’ébauche, puisqu’on ne les voit qu’assez peu ensemble. On imagine certes qu’ils vivent en couple depuis longtemps et qu’une certaine usure s’est installée. On remarque aussi que le futur montré par l’auteur est marqué par un isolement des humains qu’il met en scène. Heureusement, la fin montre qu’entre l’homme et la femme, il reste quelque chose de fondamental qui apparaît sous la forme d’un symbole particulièrement significatif.