Rome est une femme de Michel Chevallier

Michel Chevallier présente Rome est une femme, un roman policier qui flirte avec le thriller historique. Dans cette fiction fascinante et légèrement érotique, Cesare Accardi doit résoudre le meurtre d’une splendide jeune femme, retrouvée sur la plage, au cœur du fascisme italien… Complots, drames et dénonciations sont au programme de ce texte intrigant.

1935. L’Europe est en proie à une tension indescriptible, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. L’Italie attaque l’Éthiopie : la nation est tourmentée, elle doit égaler le dictateur allemand et s’imposer dans la tragédie… Pendant ce temps, Cesare Accardi, lui, n’avait rien demandé. Certes, il s’est engagé dans la police. Mais il ne s’attendait pas à devoir résoudre un meurtre absurde, en guise de première affaire criminelle.

Le commissaire Gaetano et Cesare face au mystère

Qui est Vantona Vizzi, cette magnifique créature féminine et dénudée, retrouvée sur la plage, si élégante — à la manière d’une statue romaine ? Cette découverte trouble le héros, qui commence à développer des sentiments ambigus pour la victime. Dans un style naturel et fluide, l’auteur embarque le lecteur dans cette spirale qu’est l’obsession. Ce héros bouleversé par ses pulsions interdites est bien déterminé à connaître la vérité. En revanche, il se confie auprès de son amie Liana qui le laisse indifférent. Pourtant, c’est bien elle qui est vivante !
L’inexpérience de Cesare et son désir de faire ses preuves ne lui ôtent en rien ses qualités humaines. D’origine modeste, le protagoniste se démarque des fanatiques du Duce. Heureusement, il peut compter sur l’aide de son supérieur hiérarchique.

Rome : cette ville qui est femme, sexe et sensualité…

Peu à peu, l’ambiance instaurée par Michel Chevallier prend une tournure poétique et très intéressante, du fait de sa complexité. Certes, Rome représente le plaisir de la chair, l’art, la joie — mais elle est emprisonnée par cette politique qui l’étouffe. Les personnages principaux paieront les frais d’un régime obscur, qui cherche à éteindre toute forme de liberté.
Dans un pays presque schizophrène, coincé entre le poids d’un Vatican traditionnel et la volonté de créer un empire symétrique, froid et sans âme, le lecteur est subjugué par l’atmosphère lourde qui entoure cette période historique terrible, qui a marqué au fer tout un peuple. Les fins connaisseurs de ce si beau pays qu’est l’Italie reconnaîtront les lieux emblématiques de la capitale, dont la Piazza Navona. Finalement, le récit qui en découle rend ce roman vraiment crédible.

Une enquête sous haute tension

Dans cette course, cette recherche du tueur — Gaetano et le jeune Cesare sont évidemment confrontés aux protecteurs du régime fasciste italien. Certains n’hésitent pas à trahir leurs meilleurs amis pour s’attirer les faveurs du dirigeant et de sa milice… À la manière d’un gigantesque kraken aux redoutables tentacules, le monstre politique s’immisce dans toutes les sphères de l’État corrompu.

Alors, comment faire, quand l’affaire elle-même est menacée par la pression ? Est-ce que les protagonistes réussiront à se défaire de cette boue, en luttant contre les ordres donnés ?
En définitive, Rome est une femme de Michel Chevallier incarne un livre clair-obscur, à la fois organique et violent, doux et léger à certains instants. Finalement, il parvient à jauger l’intensité de chaque chapitre, en créant une attente chez son lecteur. Par ailleurs, ce mélange entre l’érotisme et le trépas est un cocktail des plus explosifs, que l’on retrouve dans de nombreux romans du genre et même dans les classiques de la littérature internationale. En outre, la figure du vampire n’est-elle pas la preuve que l’on peut s’éprendre d’un mort et inversement ? Toutes les générations pourront apprécier la puissance de ce roman, à condition que l’on soit un peu renseigné sur l’Histoire. En effet, pour savourer toutes les subtilités de ce petit trésor, il est plus judicieux d’avoir quelques connaissances au sujet de l’Italie de Mussolini.

Rome est une femme, Michel Chevallier
Éditions L’Harmattan, octobre 2020, 234 pages