A l’occasion de la rétrospective Brian de Palma à la Cinémathèque Française du 31 mai au 4 juillet, LeMagduCiné revient sur les plus grands films du réalisateur.
Son huitième film s’inspire du scénario d’une de ses idoles, le célèbre Sueurs Froides d’Hitchcock. Il signe ici un thriller romantique de grande envergure et peut-être même l’une de ses œuvres les plus réussies.
Synopsis : Ayant vu sa femme mourir faute d’avoir payé la rançon exigée par leurs kidnappeurs, Michael Courtland, homme d’affaire américain, rencontre un jour en Italie une femme lui ressemblant comme deux gouttes d’eau. Malgré les avertissements de son entourage, il y voit une seconde chance qu’il ne veut pas laisser passer. Au risque de réveiller un passé douloureux…
Si la parenté d’Alfred Hitchcock est évidente pour ce film, il ne faut pas oublier de citer une autre de ses inspirations : Fin d’automne du japonais Ozu, sorti en 1960, que son co-scénariste Paul Schrader l’a obligé à voir. En effet, De Palma s’inspire de ces deux modèles de par les thèmes présents dans les deux créations, ainsi que pour le scénario de son long-métrage. Ici, les thèmes du deuil et des tourments internes sont à l’épicentre de son travail, comme c’est le cas dans les deux autres œuvres.
Comme dans Sueurs Froides, le personnage central, Michael Courtland, interprété par Cliff Robertson, après avoir perdu et sa fille et sa femme, croit voir revenir celle-ci en la personne d’une restauratrice d’art italienne lui ressemblant trait pour trait. Et de cette apparition divine, De Palma arrive à tirer une histoire incroyable où les retournements de situations se mêlent à une histoire d’amour tragique. Car, oui, l’histoire est bien écrite, et on se plaît à se laisser surprendre par les différents twists, assez incroyables par ailleurs. Et même si les plus perspicaces d’entre nous peuvent les voir venir, ils sont suffisamment bien amenés pour ne pas paraître trop gros. Le tout forme un scénario tordu typique du travail de De Palma.
Dans Obsession, le tour de force réside aussi dans l’espérance que le film arrive à créer chez le spectateur. En effet, plus le film avance et plus l’on se rattache aux croyances du personnage principal, à cette réapparition presque divine de sa supposée femme. Mais nos doutes gagnent peu à peu du terrain, balayant nos suppositions, ou les confirmant. Le réalisateur est très fort dans ce jeu des masques que ses personnages portent. Courtland d’abord, s’évertuant à croire l’incroyable, s’enfonçant peu à peu dans de la domination pure et dure avec sa femme, et elle, qui revêt l’identité de la défunte mère. Le thème de l’amour presque désespéré, quand on est prêt à tout pour garder son amour pour soi, quitte à l’enfermer, est brillamment montré.
Cependant, le travail le plus remarquable réside dans la direction d’acteurs. A eux deux, Cliff Robertson et Geneviève Bujold portent le film sur leurs épaules, arrivant à composer des personnages névrosés tout à fait crédibles. Tous deux évoluent également dans de magnifiques décors, comme la Basilique San Miniato al Monte à Florence, ou bien à Sienne, dans les scènes d’intérieur tournées à la Collégiale de San Gimignano. D’ailleurs, l’art a une place particulière dans ce long-métrage, entre les différents monuments et le tableau présent dans la chambre des époux. Ce qui renforce ainsi son aspect esthétique, déjà exploité par la réalisation de Brian de Palma.
L’appellation « thriller romantique » du film souligne deux aspects qui lui sont inhérents : son indéniable côté d’enquête mystérieuse, avec de nombreux secrets et retournements de situation. Mais aussi son scénario racontant une histoire d’amour, appuyé par les sentiments névrosés des personnages et relevé par les différentes œuvres présentes. Tout cela, bien qu’ambivalent, lui donne un cachet unique et appréciable.
C’est par ces différents points abordés que cette œuvre filmique est un classique et un must-see de la filmographie de Brian de Palma, alors ne passez pas à côté si vous ne le connaissez pas.
A voir à la Cinémathèque Française le 02/06 à 19h00, le 17/06 à 19h15 et le 21/06 à 16h45
Obsession : Bande-Annonce
Obsession : Fiche Technique
Réalisation : Brian de Palma
Scénario : Paul Schrader, d’après une idée originale de Brian de Palma et Paul Schrader
Interprètes : Cliff Robertson, Geneviève Bujold, John Lithgow, Wanda Blackman, J. Patrick McNamara, Stanley J. Reyes, Tom Felleghy…
Image : Vilmos Zsigmond
Montage : Paul Hirsch
Musique : Bernard Herrman
Décors : Jerry Wunderlich
Costumes : Frank Balchus
Sociétés de Production : Columbia Pictures et Yellowbird Productions
Distributeur : Columbia Pictures
Budget estimé : 1,4 Millions
Durée : 97 minutes
Genre : Thriller romantique
États-Unis – 1976