xavier-dolan-portrait

Portrait : Xavier Dolan ou la folie des passions

Les années se suivent et se ressemblent pour le jeune cinéaste québécois Xavier Dolan, encore en haut de l’affiche cette année avec le franc succès de Juste la fin du monde. Encore une fois, c’est une année qui lui aura permis de confirmer son talent et de laisser un peu plus encore son empreinte sur le cinéma international.

Aussi incroyable que cela paraisse, Xavier Dolan, issu d’une famille d’artistes, est comédien dès son plus jeune âge (notamment dans des publicités canadiennes dès 4 ans) et intègre réellement le monde du cinéma en étant d’abord révélé par le doublage. Il prête entre autres  sa voix à Rupert Grint dans la saga Harry Potter et à Taylor Lautner dans Twilight (les personnages de Ron Weasley et de Jacob Black).

Pourtant, le jeune prodige que l’on connaît aujourd’hui s’est véritablement fait connaître au grand public lors du festival de Cannes 2009 avec son premier long métrage J’ai tué ma mère, révélation de cette édition dont le scénario avait été écrit par l’intéressé lorsqu’il n’avait que seize ans. Ce dernier avait ensuite investi toutes ses économies pour produire le film, et avait été recruter lui même les acteurs. Ainsi, ce qui rend le parcours de ce jeune cinéaste si atypique est sa précocité et son besoin vital de tourner, pour extérioriser ses émotions.

Depuis, le jeune éphèbe, acteur, réalisateur, scénariste et producteur, enchaîne les chefs d’œuvre. A 27 ans, six films à son actif en tant que réalisateur, bien plus en tant qu’acteur, et une foule de récompenses, il continue de prendre de la maturité et d’affiner son cinéma. Les relations familiales (avec notamment une importance toute particulière donnée au personnage de la mère), les transgenres, et l’homosexualité (il remportera notamment la queer palm en 2012 pour Laurence anyways) sont ses thèmes de prédilection. Ses films ont par ailleurs des particularités communes qui reviennent tel un leitmotiv, à savoir des scènes de violence (souvent verbales, parfois physiques), de superbes plans qui esthétisent les corps et visages des acteurs avec pourtant des cadrages complètement marginaux et originaux, et des bandes son très soignées composées en général de morceaux complètement improbables. Cinéaste accompli, il se démarque également par son côté hégémonique sur le plateau, déléguant très peu (il monte lui même ses films, confectionne les costumes et va même jusqu’à écrire les sous titres).

Très progressiste, Xavier Dolan a  souvent évoqué ses prises de position politiques de manière indirecte, notamment dans ses discours aux différents festivals de Cannes et lors de ses rares interventions dans des émissions de télévision. Il exprimera notamment tout son mépris vis à vis de la « manif pour tous », et de toute la haine et l’intolérance qu’elle revendique, et déplorera le retard de la France quand à la question du droit des homosexuels.

Ce n’est en 2014 qu’il gagne vraiment en visibilité auprès du grand public français avec son cinquième long métrage Mommy, qui remporte le prix du jury au festival de Cannes ex æquo avec le film Adieu au langage de Jean Luc Godard, symbole d’une passation de pouvoir entre un cinéma de la nouvelle vague et un cinéma d’une ère totalement nouvelle. Le film dépassera le cap du million d’entrées en France, une première pour le jeune cinéaste qui dès lors, franchit un sérieux palier. Il réalise l’année suivante le clip de la chanson « Hello », d’Adèle qui connaît un immense succès populaire partout dans le monde (il avait déjà réalisé le clip de « College boy » du groupe Indochine).

Aussi, l’année 2016 s’annonce pour lui comme une année charnière où il s’agit d’affirmer sa réussite même si son talent, lui, n’est plus à confirmer. Le 19 mai, son sixième long métrage Juste la fin du monde arrive en salles en France. Adapté de la très célèbre pièce de Jean-Luc Lagarce, c’est l’occasion pour Xavier Dolan de changer un peu son casting (il avait pour habitude de beaucoup tourner avec des acteurs canadiens tels que Suzanne Clément, Anne Dorval ou Niels Schneider par exemple). En effet, pour la première fois il entreprend de faire jouer des acteurs français très populaires. Ainsi, à l’affiche on retrouve Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Léa Seydoux et Nathalie Baye. Le film obtient le grand prix du jury au festival de Cannes et dépasse à nouveau le million d’entrées en France ; une véritable consécration.

Le prodige Xavier Dolan, cet enfant précoce du cinéma, cet ovni à fleur de peau, suscite autant d’admiration que de mépris et nombreux sont ses détracteurs qui lui trouve un certain égocentrisme, une pâle condescendance et un dédain du cinéma « mainstream ».

Le cinéaste est l’une des personnalités qui aura marqué l’année 2016 et qui sans aucun doute marquera l’année 2017. En effet, la sortie de son prochain film The death and life of John F Donovan interviendra au cours de l’année, avec cette fois-ci un casting américain (une nouveauté), à savoir Kit Harrington, Jessica Chastain et Susan Sarandon.

Auteur : Clement Faure