Deauville 2016 : In Dubious Battle de James Franco (Avant-première)

James Franco adapte un autre classique de la littérature américaine, In Dubious Battle (En un combat douteux) de John Steinbeck

Pour le troisième hommage de l’édition 2016 du festival, Deauville met la main sur une valeur sûre du cinéma américain actuel. Aussi bien réalisateur qu’acteur, James Franco arrive sur le tapis rouge normand cheveux longs et moustache de biker, de quoi faire chavirer le cœur de plus d’une demoiselle. Mais outre l’hommage qui lui est rendu, avec une rétrospective de sa filmographie (Spring Breakers, Harvey Milk, 127 heures, Tandis que j’agonise…), le festival offre aux spectateurs la possibilité de découvrir en avant-première In Dubious Battle, nouveau né de James Franco, qu’il réalise, mais dans lequel il joue également. Un pari osé, avec ce risque de déplaire aux fans de Steinbeck qui se montrent intransigeants si l’on songe déformer un tant soit peu l’œuvre originale.
Lors de la conférence de presse, c’est la mine sérieuse et parfois le sourire en coin que James Franco nous fait part de son amour pour la littérature et de son souhait d’adapter des œuvres issues du patrimoine littéraire américain. Pour lui, qui d’autre que Steinbeck peut aussi bien représenter les classiques américains ? Lorsqu’on lui demande s’il se retrouve dans son personnage d’In Dubious Battle, il nous explique qu’il n’a jamais été engagé politiquement, mais qu’il s’est toujours senti concerné par les conditions de vie des classes défavorisées.
James Franco ne peut que nous mettre l’eau à la bouche lorsqu’il parle de son nouveau long-métrage, mais est-il à la hauteur de nos espérances ?

Adapter Steinbeck n’est pas chose aisée selon les fans de l’auteur, à savoir donc que cet avis est écrit sans avoir connaissance de l’œuvre originale, et ne se base que sur le film en lui-même.

Synopsis : En Californie, dans la vallée de Salinas plantée de vergers, neuf cents ouvriers migrants se soulèvent « en un combat douteux » contre les propriétaires terriens. Tirant sa force de chacun des individus qui le composent, le groupe a pour meneur un certain Jim Nolan dont l’idéalisme tragique conduit les grévistes à avoir désormais le courage de « ne plus jamais se soumettre, de ne plus jamais céder ».

In Dubious Battle, par son contexte historique, est un film d’époque réussi. Les années 30 sont parfaitement exposées, et tous les éléments sont réunis pour rendre le propos crédible, que ce soit les costumes, les décors, mais aussi les rapports humains et le pouvoir hiérarchique entre exploitants et exploités. In Dubious Battle, comme son titre l’indique (En un combat douteux, si l’on traduit littéralement), est un film sur la lutte et sur le conflit, avec ce désir de grève qui ronge les travailleurs. Les acteurs portent parfaitement les relations humaines qui sont le cœur de l’œuvre, où certains s’affrontent, se repoussent, mais s’aiment également. On soulignera l’excellente prestation de Vincent D’Onofrio (bientôt dans Les 7 Mercenaires), qui parvient à dégager une force d’interprétation que ce soit dans les discours devant des assemblées, mais aussi dans sa propre lutte personnelle par sa prestance. James Franco se détache de plus en plus de son image de « beau gosse Hollywoodien » et se salit de plus en plus les mains, avec ici une prestation brute, sans aucun artifice. On se désintéressera plus des prestations de Selena Gomez et Nat Wolff qui nous apparaissent comme bien naïves et trop peu rodées face au contexte historique complexe. Enfin, on se délectera des quelques apparitions de grosses pointures américaines tel que Bryan Cranston, Ed Harris, Robert Duval, Zach Braff ou encore Sam Shepard. Il y a donc du beau monde à l’affiche du nouveau film de James Franco.
D’un point de vue technique, rien de neuf sous les tropiques. James Franco s’est contenté d’un strict minimum afin de s’assurer de la compréhension du récit par le spectateur. La photographie de James Franco et de son chef opérateur met en exergue les acteurs, les faisant valoir comme les piliers du récit.
Si l’on devait souligner de petits défauts techniques, on dégagerait celui du montage, qui n’est qu’enchainement de fondus en tous genre entre les plans, et qui se montre foireux lors des flash-backs, notamment ceux finaux. La fin du récit, pourtant intense et majeure, est bien mal amenée par le montage. Le propos est captivant, mais l’intensité dramatique est considérablement affaiblie, faute à des choix trop brouillons.

In Dubious Battle, réalisé par James Franco, avec Selena Gomez, Nat Wolff, Robert Duval, Vincent D’onorio, Bryan Cranston et Ed Harris sortira courant 2017.