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Cannes 2019 : Sibyl, de Justine Triet, portrait féminin

Gwennaëlle Masle Responsable Cinéma LeMagduCiné

Thierry Frémaux avait promis de beaux portraits de femmes pour cette 72ème édition du Festival de Cannes, entre celui de Céline Sciamma et ce dernier de Justine Triet, c’est parole tenue. Sibyl met en scène le duo surprenant mais pas moins complémentaire Adèle Exarchopoulos et Virginie Efira.

Ce qui convainc directement dans Sibyl c’est le montage fluide avec lequel le film passe d’une temporalité à une autre, les faisant se confondre avec une grande délicatesse que Virginie Efira permet également par son jeu. Du fantôme d’un grand amour aux rencontres dont s’extrait de la quasi-obsession, l’actrice campe un rôle qui ressemble fortement à celui qu’elle avait déjà dans Victoria. Une femme dans une grande errance sentimentale pour laquelle la psychothérapie a une grande importance, qui nous permet de suivre ces réflexions les plus intimes.

Ici, c’est au travers d’un jeu de miroir entre Sibyl et Margot que l’étrange psyché prend sa place. Du plateau de tournage où les rôles se confondent et se mêlent à l’amant qui devient commun, les deux jeunes femmes offrent au public un lien assez intriguant qu’elles portent à merveille à l’écran. Drôle et pourtant sérieux, Justine Triet livre de jolis moments de dialogue que les actrices ont su s’approprier avec un naturel qu’on leur connaît. Si certaines scènes paraissent parfois un peu surfaites à l’image de celle où Sibyl répète les répliques de Margot, d’autres marquent par leur ingéniosité et leur justesse comme celle où Sibyl s’improvise réalisatrice et donne les directives aux deux acteurs dans une scène de sexe puissante. Les films dans le film sont rarement passionnants au cinéma dans leur manière d’aborder la création mais dans Sibyl, il se révèle être le point d’ancrage de multiples thèmes et tons, qui font de ce film une petite réussite. Cependant, la multiplicité des aspects fera s’égarer un peu l’oeuvre qui par l’art de la surenchère et du désir de vouloir trop en raconter, nuit à l’intrigue de base. Comme dans Victoria, les réflexions que propose Justine Triet sur le rapport entre cette femme et sa réalité sont passionnantes. Comment trouver une place dans ce monde, comment s’adapter à ce qui nous entoure ? Sibyl est dans la lignée du précédent avec davantage de fond et d’ambition là où Victoria était bancal, Sibyl est un joli portrait très juste.

Sibyl : Bande-annonce

Synopsis : Sibyl est une romancière reconvertie en psychanalyste. Rattrapée par le désir d’écrire, elle décide de quitter la plupart de ses patients. Alors qu’elle cherche l’inspiration, Margot, une jeune actrice en détresse, la supplie de la recevoir. En plein tournage, elle est enceinte de l’acteur principal… qui est en couple avec la réalisatrice du film. Tandis qu’elle lui expose son dilemme passionnel, Sibyl, fascinée, l’enregistre secrètement. La parole de sa patiente nourrit son roman et la replonge dans le tourbillon de son passé. Quand Margot implore Sibyl de la rejoindre à Stromboli pour la fin du tournage, tout s’accélère à une allure vertigineuse…

Le film Sibyl, de Justine Triet est présenté en compétition au Festival de Cannes 2019

Avec Adèle Exarchopoulos, Virginie Efira, Niels Schneider, Gaspard Ulliel
Genre : comédie dramatique
Durée : 1h40
Distribution : Le Pacte
Sortie : 24 mai 2019
FRANCE

Responsable Cinéma LeMagduCiné