Le ton change de jour en jour sur la Croisette, on passe de grands bouleversements à des films plus tranquilles qui restent dans des émotions assez égales malgré le bel éclat de Nicolas Bedos en Hors Compétition avec La Belle époque. Aperçu de cette septième journée.
Le jeune Ahmed, Jean-Pierre et Luc Dardenne (Compétition)
Après Téchiné et son Adieu à la nuit, c’est au tour des frères belges de s’initier à la radicalité au cinéma. Avec ce film, les deux réalisateurs avaient beaucoup intrigué mais comment traiter d’un sujet si fort, eux souvent habitués à mettre en scène des personnages un peu marginaux et rejetés socialement ou en tout cas en difficulté ? Ici, les cinéastes ne condamnent rien, et c’est peut être cette absence de prise de position qui leur sera reprochée, mais l’approche choisie est quasi sociologique. Ils retracent des faits, rendent compte du processus de radicalisation tel qu’il apparaît souvent et se refusent à faire condamner le protagoniste par la société. Ce phénomène, ils le retransmettent grâce à une caméra au plus proche des personnages, comme si elle était spectatrice de l’histoire et qu’elle était en train de capturer cette jeune vie, déjà en train de basculer. Sans excès ni encombre, le film est efficace sans emballer complètement mais garde un côté très classique dans sa sobriété parfois digne d’un téléfilm, la narration parfois tranquille était pour le moins inattendue face à son sujet puissant.
Nuestras Madres, de Cézar Diaz (Semaine de la Critique)
Septième et dernier film de la 58ème Semaine de la Critique, Nuestras Madres finit la quinzaine en douceur. Une image reste en tête, celles des visages de femmes qui défilent devant la caméra sur une mélodie de piano assez intense qui, pour la première fois du film, rend toute l’émotion qu’il mérite au spectateur. Avec un témoignage final puissant, le film avait pourtant tout dont un sujet fort pour frapper le public de plein fouet, finalement, il ne sera qu’un énième film de ce genre sur la quête de vérité et d’honneur, qui laissera de marbre. Assez linéaire, le film raconte l’errance d’un homme, un anthropologue à la recherche de son père, sans jamais vraiment marquer de rupture dans son parcours. L’histoire offre quelques moments d’émotions mais rien qui ne saurait retourner les cœurs.
La Belle époque, de Nicolas Bedos (Hors Compétition)
Après son très réussi premier film Monsieur et Madame Adelman, Nicolas Bedos était assez inattendu sur la Croisette mais permet aux festivaliers de passer un moment très agréable en compagnie d’un casting mémorable. La Belle époque est une déclaration d’amour du réalisateur à sa compagne, qui jouait déjà dans son précédent film, Doria Tillier s’empare de son rôle avec un naturel et un charme qu’on lui connaissait bien mais qui la place encore une fois comme élément central du long métrage. Empli de nostalgie, le film entraîne lentement le public dans les années 70 où les technologies, directement pointées du doigt dès le début du film, n’ont pas leur place. Bedos offre un film frais, plein d’émotion, un conte sur l’amour fané, passé et pourtant, l’amour toujours qui triomphe. Quand le passé devient une force du présent et qu’un casting fait vibrer les sentiments, cela fait des bons moments de festival.