Douleur et Gloire est une des grosses attentes de ce Festival où certains grands noms font trépigner d’impatience les cinéphiles. Il est le sixième film à entrer en compétition et compte bien enchanter la Croisette de son histoire presque autobiographique.
Dès l’affiche parue, les fidèles adorateurs du cinéaste espagnol semblaient ravis d’attendre un film du maestro où Banderas et Almodovar pourraient se confondre en un seul personnage. Il faut aimer et connaître le cinéaste pour apprécier le film et les histoires, pas toujours fictives, qu’il raconte. Rien à voir avec l’auto-référencement, quoiqu’appréciable, de Jarmush en ouverture mardi soir dans The dead don’t die. Après une délicieuse ouverture de film où les femmes au lavoir chantent de leurs voix cristallines, Almodovar annonçait un film très doux dans lequel il insère de manière très surprenante une animation assez inattendue mais qui sera vite oubliée au profit du reste. Que cherche à partager le réalisateur, à avouer, jusqu’où va l’auto-portrait ? On ne saura jamais vraiment mais le Pedro Almodovar provocateur est bien loin. Délaissant cette partie de lui dans son art, il n’en demeure pas moins talentueux en proposant des films plus calmes et sensibles, comme assagi de toutes ces années et ressentant le besoin d’insérer plus d’introspection.
Mais que serait un film d’Almodovar sans la figure de la mère grandement présente ? C’est à sa muse préférée qu’il offre ce rôle rempli de délicatesse qu’il se plaît à filmer à nouveau avec une vraie attention. Penelope Cruz est dans Douleur et Gloire l’une des mères les plus douces que le réalisateur ait mises en scène ; malgré la pauvreté, malgré les problèmes, elle expose une partie d’elle très tendre et généreuse. Alternant souvenirs infantins d’un petit garçon découvrant son homosexualité et présent d’un cinéaste qui tombe dans l’héroïne, 50 ans séparent les scènes et pourtant, la même bienveillance s’en dégage. Le personnage de Banderas porte sur lui le poids de ses années de carrière et se révèle tout à fait attachant, en partie lorsque son premier amour masculin refait surface et qu’à 9 ou 50 ans, le regard amoureux ne change finalement pas vraiment.
Douleur et Gloire est un joli conte sur l’inspiration d’un artiste, un thème toujours passionnant dont il s’empare pour offrir une fin dans laquelle les grands fans verront peut être l’annonce de la suite de sa carrière, ou du moins une jolie idée qui mériterait d’être mise en image. Un fin qui fait se confondre fiction et réalité où le plateau de tournage devient la scène elle-même. Alors il ne reste plus qu’à rêver de voir le titre de ce film un jour sur nos écrans : El primer deseo tant on reste persuadés que le cinéaste en ferait une oeuvre sublime.
Bande Annonce : Douleur et Gloire
Synopsis : Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.
Le film Douleur et gloire, de Pedro Almodovar est présenté en compétition au Festival de Cannes 2019
Avec Penelope Cruz, Antonio Banderas, Asier Etxeandia
Genre : drame
Durée : 1h53
Distribution : Pathé
Sortie : 17 mai 2019
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