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Cannes 2017 : Sicilian Ghost Story inaugure avec émotion la 56ème édition de La Semaine de la Critique

Sous couvert d’offrir une relecture onirique et émouvante de Roméo et Juliette en ouverture de La Semaine de la Critique, Sicilian Ghost Story n’évite pas l’écueil de lasser à force de tirer son récit en longueur.

Synopsis : Dans un village sicilien aux confins d’une forêt, Giuseppe, 13 ans, disparaît. Luna, une camarade de classe, refuse la disparition du garçon dont elle est amoureuse et tente de rompre la loi du silence. Pour le retrouver, au risque de sa propre vie, elle tente de rejoindre le monde obscur où son ami est emprisonné et auquel le lac offre une mystérieuse voie d’accès.

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Après avoir remporté le Grand Prix Nespresso en 2013 avec le polar Salvo, le duo de réalisateurs italiens Fabio Grassadonia et Antonio Piazza ont eu l’honneur d’ouvrir la sélection de la Semaine de la Critique avec Sicilian Ghost Story, leur deuxième long métrage. Ils s’inspirent cette fois-ci d’un fait divers transalpin macabre (l’enlèvement d’un enfant par la mafia) pour moderniser le mythe romantique qu’est Roméo et Juliette en le teintant d’une dose d’onirisme bien sentie. En croisant le fait bien réel à la fiction romantique la plus connue à ce jour, les deux cinéastes évoquent l’oubli dans la pensée collective et les conséquences des actions malheureuses de la mafia sur la population. L’amour pur et innocent de deux enfants se voit vite freiné par l’arrivée impromptue de la mafia qui kidnappe cet ersatz de Roméo pour faire chanter son père, devenu repenti et indic pour la police italienne. Aucun recours ne semble être envisagé ou envisageable et c’est le cœur lourd que cette Juliette des temps modernes poursuit sa vie, tout en gardant l’espoir de retrouver son amour perdu. La réalité et le fantastique s’entremêlent dans ce récit où finalement il devient difficile de démêler le vrai du faux, jusqu’à son final à libre interprétation.

La mise en scène des deux italiens offrent quelques beaux moments esthétiques, à la croisée de l’onirisme brumeux d’un Guillermo del Toro et de l’académisme figé du drame familial européen. A cela, il faut ajouter que Sicilian Ghost Story use et abuse d’effets percutants et de mise en scène pour appuyer le contraste polar/fantastique et les métaphores qui ponctuent l’intrigue. Sans compter que dans sa dernière partie, la justesse des débuts laisse place à un récit inutilement étiré qui abaisse considérablement la poésie à mesure que le temps passe et que la lassitude se fait sentir. Ce second film du duo italien démontre une certaine maîtrise de la mise en scène et du propos anti-mafia mais rebute par le manque de subtilité. Sicilian Ghost Story a permis d’ouvrir cette 56ème édition de la Semaine de la Critique en évoquant un mythe intemporel tout en le contextualisant dans une réalité bien réel, c’est sans doute la principale force du récit mais difficile d’y voir davantage, et en soi c’est bien dommage.

[SEMAINE DE LA CRITIQUE] Sicilian Ghost Story

Un film de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza
Avec Julia Jedlikowska, Vincenzo Amato, Corinne Musallari, Sabine Timoteo, Federico Finocchiaro…
Distributeur : Jour2fête
Durée : 2h02
Genre : Fantastique, Thriller, Romance
Date de sortie : Prochainement

Italie, France, Suisse – 2017

Sicilian Ghost Story : Bande-annonce

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Reporter/Rédacteur LeMagduCiné