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Cannes 2017 : Mise à mort du cerf sacré, une sélection qui dérange

Très remarqué il y a deux ans grâce à son The Lobster, Yorgos Lanthimos revient à Cannes avec sa Mise à mort du cerf sacré ; une œuvre perturbante qui va jeter un coup de froid sur la Croisette.

Synopsis : Steven, un brillant chirurgien, prend sous son aile un adolescent. Ce dernier s’immisce progressivement au sein de sa famille et devient de plus en plus menaçant, jusqu’à conduire Steven à un impensable sacrifice.

cannes2017-Mise-a-mort-du-Cerf-Sacre-Barry-Keoghan-film-Yorgos-Lanthimos-The-Killing-of-a-Sacred-Deer-competition-officielleUne photographie froide, des mouvements de caméra amples, une musique classique assez agressive, des acteurs peu expensifs… pas de doute, nous sommes dans l’univers éthéré du Grec Yorgos Lanthimos. Ce dispositif bien particulier apportait déjà une ambiance anxiogène à The Lobster, qui lui a valu une reconnaissance internationale. Et quand celui-ci est de plus mêlé à des effets propres au cinéma d’épouvante, tels que quelques jump-scares assez malins ou des effusions de sang brutales, alors il devient évident que le réalisateur nous a plongés dans un véritable cauchemar dont on ne ressortira pas complétement indemne. Ce cauchemar, c’est celui du personnage de Colin Farrell, un chirurgien dont on ne connaitra jamais le nom mais dont on découvre toute la famille, soit une femme et deux enfants, en proie aux caprices d’un gamin démoniaque. Une vie parfaite qui sombre dans l’horreur, c’est exactement ce que nous propose cette Mise à mort du cerf sacré. Un programme glaçant, dont l’émotion semble exclue… jusqu’à laisser de nombreux spectateurs sur le carreau.

Il faut dire que la direction d’acteurs est telle que les personnages semblent rigides et donc difficiles de prendre en empathie, et qu’il faut attendre que l’irréparable se réalise pour saisir l’amour qui les unit. Perturbant. Ce qui a sans doute gêné davantage encore le public c’est le caractère irrationnel des évènements. L’horreur qui s’immisce dans cette maison a beau avoir un visage, son mode opératoire reste et restera un mystère, le rendant plus énigmatique et dangereux encore. Ce visage c’est celui du jeune Barry Keoghan, que l’on a déjà vu dans À ceux qui nous ont offensés et bientôt Dunkerque, une trogne que l’on n’est pas prêt d’oublier pour peu que l’on veuille bien se laisser prendre au jeu tendu par Lanthimos. En effet, le face-à-face entre ce gamin et ce père de famille ne laissera personne indifférent, mais encore faut-il être prêt à sortir de son petit confort de spectateur et de ses certitudes convenues pour l’apprécier à sa juste valeur.

Peut-être le jury cannois sera t-il tombé dans ce redoutable piège. Si c’est le cas, il y a fort à parier que sa mise en scène soit récompensée. Si en revanche, les jurés sont restés extérieurs à cet étrange thriller psychologique, alors Mise à mort du cerf sacré repartira bredouille. C’est le pari risqué de Lanthimos : jouer sur les sens et les phobies intimes, au risque de ne pas atteindre tout le monde. Et vous, serez-vous prêts à tenter l’expérience ?

[Compétition officielle] Mise à mort du cerf sacré (The Killing of a Sacred Deer)

Réalisation : Yorgos Lanthimos
Avec : Nicole Kidman, Colin Farrell, Alicia Silverstone, Raffey Cassidy, Bill Camp, Barry Keoghan…
Durée : 121 minutes
Distributeur : Haut et Court
Date de sortie : 1er novembre 2017

Grèce – 2017

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