Cannes 2015 : La Rencontre Des Cowboys
Cannes 2015, Jour 6: Aujourd’hui, lundi CineSeries-Mag a enfin été voir du côté de la Quinzaine comment se portait le cinéma français et ce, après l’accueil en demi-teinte accordé, hier sur la Croisette, au film de Maiwenn, Mon Roi.
Les Cowboys de Thomas Bidegain était présenté ce matin et CineSeries-Mag a pu assister à une rencontre avec la grande équipe du film, composée entre autres des acteurs François Damiens et Finnegan Oldfield. Le film est assez impressionnant dans sa progression, puisqu’il suit une famille ébranlée par le choix de Kelly, 16 ans, de se convertir radicalement à l’islam, par amour, en 1994. Ce qui marque, c’est l’univers bâti par Bigedain, qui commence au cœur d’une communauté country, remplie de gens qui se retrouvent comme au temps des cowboys. Si le film peine à démarrer quand intervient dans la famille cet événement tragique qu’est la disparition de Kelly, il devient passionnant dans l’exploration par un monde un peu clôt sur lui-même d’un monde plus vaste et complexe qu’ils n’auraient pu l’imaginer. Si le père incarné par François Damiens s’acharne, c’est qu’il ne peut accepter de revenir chez lui les mains vides, il découvre lui aussi autre chose. En mêlant les deux figures, père et fils, le Cowboysfilm trouve son souffle dans le voyage. L’étranger devient un terrain à explorer et les deux acteurs y vont comme les cowboys d’un western, en explorateurs persuadés de leur supériorité. Le film est d’ailleurs un véritable condensé de western avec ses plans larges, qui balayent de grands paysages à perte de vue et sa légèreté aérienne. Pas d’excès de gros plans ici, mais la confrontation permanente d’un corps et d’un paysage. Si le film pêche parfois par ses dialogues un peu faux dans la première partie notamment, il parvient à se distinguer en évoluant constamment, en gérant ses transitions, le passage du temps et l’arrivée dans un monde à la dangerosité jusque là insoupçonnée. À la frontière de plusieurs genres, Les Cowboys dresse le portrait d’une famille qui a vécu les mêmes événement terroristes que nous, mais à l’aune de la disparition d’une jeune fille, ce qui change absolument tout le regard. Une très belle surprise.
Rencontre avec l’équipe du film, Les Cowboys:
Comment vous est venue l’idée de filmer des cowboys. Est-ce parti d’un fait divers ? Et concernant la période, le film commence en 1994, pourquoi ce choix ?
« On a pensé à faire ce film il y a déjà quatre ans, à l’époque où on ne parlait pas encore autant du djihad. Pour les cowboys, c’est une idée pour représenter une confrontation, et puis il y a beaucoup de communautés country en France. Sur la période, le film va de 1994 à 2012,soit un peu après l’arrestation de Ben Laden. C’est comme une première guerre mondiale, quelque chose qu’on ne connaît plus aujourd’hui et dont on n’a pas compris l’ampleur assez vite. »
Vous vous êtes inspiré de « La prisonnière du désert » de John Ford ?
« Un petit peu, oui, forcément et de toute cette esthétique aussi. Comme les personnages croient qu’ils sont des cowboys, ils pensent que veux qu’ils affrontent sont des indiens. Quand le fils fumé un calumet de la paix dans le désert, ces références au western sont présentes. »
Avez-vous cherché à faire un film sur la famille ou plutôt une histoire du djihad mondial ?
« C’est absolument une histoire de famille et comment le départ de Kelly les affecte ainsi que la communauté. On a deux solution, soit s’adapter comme le fils ou ne pas pouvoir s’adapter comme le père. »
« Ce n’est pas tant l’histoire d’un père qui cherche sa fille que celle d’un fils qui cherche son père ». François Damiens
Vous êtes surtout connu comme scénariste, pourquoi être passé à la réalisation avec ce film ?
« C’est ma chanson à moi, il fallait que je la chante. Mais surtout ce qui m’a donné envie de passer à la réalisation, c’est l’idée de travailler avec de superbes acteurs. »
Aujourd’hui, CineSeries-Mag a aussi vu le documentaire This is Orson Welles, diffusé dans le cadre de Cannes Classics. Nous vous en parlerons demain, puisque CineSeries-Mag a l’occasion d’interviewer les réalisatrices Clara et Julia Kuperberg.