Après un septième opus qui devait soi-disant être le chapitre final et très justement intitulé Saw : chapitre final, malhonnêtement suivi d’un huitième dénommé Jigsaw et d’un neuvième en forme de spin-off concocté par Chris Rock, Spirale, l’héritage de Saw – n’ayant tous trois pas renversé le box-office (ni les fans) – l’increvable et illustre saga maîtresse du torture porn revient une nouvelle fois avec un dixième épisode. Si on ne l’attendait vraiment pas, à la fois blasé par cette mouvance et lassé des pièges sadiques de Jigsaw, ce nouveau film surprend (un peu) en injectant du sang neuf dans son intrigue et en soignant un tantinet plus son esthétique qu’à l’accoutumée. Mais c’est bien connu, chassez le naturel et il revient au galop. En effet, Saw X retombe assez vite dans ses travers classiques tout en donnant aux puristes et amateurs du genre ce qu’ils attendent.
Synopsis : John Kramer, le tueur au puzzle, est de retour dans le volet le plus perturbant de la franchise SAW. Les événements se situent entre SAW I et II et on y retrouve un John, malade et désespéré, qui se rend au Mexique afin de subir une opération expérimentale capable de guérir son cancer. Il découvre cependant que tout ceci n’est qu’une escroquerie visant des malades vulnérables et affligés. Animé d’un nouveau but, le célèbre tueur en série retourne à son œuvre, et va prendre sa revanche sur ces escrocs dans un terrible « jeu » dont il a le secret, à travers des pièges toujours plus machiavéliques et ingénieux les uns que les autres.
L’adage est bien connu à Hollywood : « Quand il n’y en a plus, il y en a encore ! » Et celui-ci se vérifie encore plus dans le cinéma de genre. Qu’il soit slasher (la saga Halloween et ses multiples suites et reboots, ou celle des Scream, récemment exhumée avec le succès au box-office qu’on connait), films de possession (coucou L’Exorciste et sa nouvelle itération coulée dans le nouveau moule à la mode, le legacy sequel) ou encore films d’action décérébrés avec les Fast and Furious et ses bientôt onze opus.
Saw, l’étalon-maître de la mouvance du torture porn, débutée au milieu des années 2000, ne déroge pas à la règle avec un dixième film qui lui est consacré. Quand on pense que le premier opus était un petit bijou, simple thriller malin au twist final dingue et inoubliable, pensé et réalisé avec une économie de moyens admirable pour un résultat qui s’est inscrit au panthéon du cinéma de genre et du gore… Tout cela est désormais bel et bien terminé, sali par une ribambelle de suites aux velléités commerciales.
En vingt ans, ce premier film s’est donc décliné avec une suite sympathique qui dirigeait déjà la saga vers le gore et les pièges sadiques en chaine, puis avec un troisième opus extrême qui poussait les curseurs de l’écœurement à leur paroxysme, avec même une interdiction aux moins de dix-huit ans à la clé. Du jamais vu ! Après, mieux vaut oublier tous les autres épisodes avec un effet de répétition qui a terni l’image de toute la saga et surtout des scénarios de plus en plus tordus et abracadabrantesques. L’avant-dernier en date, celui de Chris Rock, tentait autre chose mais sans y parvenir. C’est donc avec une absence totale d’attente et d’excitation qu’on a appris l’arrivée d’un épisode dix. Il confirmait qu’Hollywood n’avait plus d’idées et se payait notre tête tout autant que celle des fans de la saga. Et pourtant…
Ce Saw X se révèle un peu plus réussi que les six précédents épisodes parce qu’il essaie de sortir du lot et respecte le spectateur. Jusqu’à la moitié tout du moins. En effet, pour la première fois les images de Kevin Greutert – coupable pourtant de quelques-uns des épisodes les plus mauvais – sont soignées, et même presque belles. Le film se déroule au Mexique, ce qui permet de varier un peu des intérieurs crades et anonymes des autres films.
Ensuite, l’épisode se déroulant après le premier de la saga, on retrouve pour la première fois John Kramer, comme vrai personnage principal joué par Tobin Bell, un acteur probablement sous-employé qui peut enfin donner de la chair à son personnage. D’ailleurs, un peu comme dans la suite de Don’t breathe, le méchant s’humanise et devient presque bon. L’intrigue se joue des labos pharmaceutiques de manière un peu opportuniste mais pas pour autant idiote. Bref, cela commence plutôt bien surtout qu’hormis une séquence gore fantasmée vue sur l’affiche pour faire patienter les fans, le début reste sage et innove sans sévices pendant une cinquantaine de minutes.
Mais dès lors que la vengeance pointe le bout de son nez (avec un vrai motif ici il faut l’admettre), la saga retourne sur ses rails habituels et c’est parti pour des séquences de pièges tarabiscotés et des moments ultra gores, dont certains sont excellents pour qui est adepte du genre. Cependant, tout cela reste totalement capillotracté (comment ne pas s’évanouir, voire mourir, devant de telles tortures) et bien trop complaisant.
En somme, le reste s’avère destiné aux fans inconditionnels du tueur aux pièges et de son assistante. D’ailleurs, Amanda est là pour assurer le fan service qui va coloniser toute la dernière partie jusqu’à une scène post-générique ridicule. Alors à vous de voir si vous êtes prêts pour une nouvelle rasade de crade, de gore, d’improbable et de vengeance en mode libre-arbitre extrême malgré un postulat intéressant et une mise en scène dotée de plus de goût qu’à l’accoutumée.
Jusqu’au onze ? Non, épargnez-nous cela !
Bande-annonce – Saw X
Fiche technique – Saw X
Réalisateur : Kevin Greutert.
Scénariste : Josh Stolberg et Peter Goldfinger.
Production : Lionsgate.
Distribution France : Metropolitan Filmexport.
Interprétation : Tobin Bell, Shawnee Smith, Synnove Macody Lund, …
Photographie : Nick Matthews.
Durée : 1h58.
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Genres : Thriller – Horreur.
25 octobre 2023 en salle / 1h 58min / Epouvante-horreur
Nationalité : États-Unis.