À la fois making-of et faux documentaire, Nouvelle Vague présente l’entrée de ce mouvement cinématographique en France, dans une mise en scène prévisible mais saisissante.
Synopsis : Ceci est l’histoire de Godard tournant « À bout de souffle », racontée dans le style et l’esprit de Godard tournant « À bout de souffle ».
À la recherche d’un « cinéma vérité »
« Le cinéma est l’expression des sentiments », proclame Jean-Luc Godard dans l’une de ses nombreuses citations. Et pour cause ; Guillaume Marbeck incarne un Godard à la fois calme et nerveux, toujours prêt à se lancer au service de son art. Aucune scène n’est consacrée à sa vie personnelle : au moment d’À bout de souffle, toute la vie du futur réalisateur tourne autour de son film.
Pas d’artifice, pas de contrôle, pas d’automatisme : telle est la maxime de Jean-Luc Godard. À l’image de Dziga Vertov et son « ciné-œil », il cherche le réalisme dans les plus simples événements, comme les regards des passants affolés de voir une personne « mourir » au beau milieu d’une route… Le film capte avec justesse cette volonté de vérité : la caméra incarne l’œil du réalisateur.
Les acteurs et leurs personnages
Des personnes cultes ayant révolutionné le cinéma de leur temps parsèment le long-métrage. Jacques Demy, Éric Rohmer, Roberto Rossellini, Jean-Pierre Melville… et le trio qui entoure Godard : Truffaut, Schiffman et Chabrol, qui sont déjà reconnus dans le milieu de la réalisation. Les 400 Coups de Truffaut est un triomphe à sa sortie. De son côté, Godard est montré comme un cinéphile avant d’être un réalisateur. Il cite plusieurs personnalités, et surtout Ingmar Bergman pour son non-conformisme.
Puis arrive Roberto Rossellini. Pionnier du néoréalisme italien, il inspire la Nouvelle Vague française. Il est vu comme un pilier du cinéma, adulé par ses pairs français. La caméra est proche de son visage, elle lui donne toute l’importance qu’il incarne. Il apporte une dimension morale au long-métrage en définissant sa vision du cinéma. Pour lui, le cinéma doit tenir une rigueur morale, car il doit être fidèle au réalisateur. Ce dernier doit accorder une place importante à la liberté, afin de s’exprimer pleinement.
Il faut dire que le casting est particulièrement bien réussi. Zoey Deutch se confond avec Jean Seberg, et son alchimie avec Aubry Dullin, qui joue l’icône Jean-Paul Belmondo, est transcendante. Aubry Dullin semble à l’aise dans la peau de cet homme si emblématique : drôle, rêveur et énergique. En somme, les acteurs ne sont pas choisis pour leur popularité mais pour leur ressemblance avec les personnages, ce qui est tout de même à noter !
Recréer À bout de souffle
Maintenant, place à la reproduction. À bout de souffle a révolutionné le cinéma français (voire mondial) ; il a démocratisé un nouveau genre et a propulsé des personnalités au rang de vedettes. De fait, comment recréer l’ambiance amateur du film original ? Sans grande surprise, Nouvelle Vague y parvient. Format 4/3, image en grain, jump-cuts… L’immersion est totale. Certaines scènes sont même filmées à l’image du long-métrage original, comme les scènes immersives dans la voiture, sur les sièges passagers.
Lorsque le montage du film commence, Godard s’exprime sur le mouvement du long-métrage, qui doit être impatient d’avancer, selon ses propres termes. D’où les coupures abruptes et le rythme saccadé à la fois de l’À bout de souffle original, et du film Nouvelle Vague. Dans la lignée de Sergueï Eisenstein, Jean-Luc Godard remet les jump-cuts au goût du jour.
L’originalité de Godard réside dans sa manière de vouloir filmer ses scènes. Nouvelle Vague recrée cette nouveauté, en exposant ses idées pour effectuer des travellings avant. Raoul Coutard, son fidèle caméraman, le suit, et se retrouve dans une vieille cabine postale et dans une chaise roulante !
Rien de nouveau sous la Nouvelle Vague
Dans ce cas, que penser du film Nouvelle Vague ? Faut-il connaître ce mouvement pour comprendre le film ? Non, même s’il vaut mieux avoir quelques notions. Cependant, des cartons (intertitres) présentent les personnages pour comprendre qui nous voyons à l’écran. Ces personnages se succèdent et gravitent en permanence autour de Godard.
En définitive, le long-métrage n’est pas surprenant, car nous nous attendons à ce que nous allons voir. Il reste tout de même plaisant à regarder, ne serait-ce que pour plonger dans le début des années 60… et témoigner d’une nouvelle génération d’acteurs confondus avec leurs personnages.
Nouvelle Vague – Bande annonce
Nouvelle Vague – fiche technique
Réalisation : Richard Linklater
Scénario : Holly Gent et Vince Palmo, adapté par Michèle Halberstadt et Lætitia Masson
Décors : Katia Wyszkop
Costumes : Pascaline Chavanne
Photographie : David Chambille
Son : Jean Minondo
Montage : Catherine Schwartz
Production : Laurent Pétin et Michèle Halberstadt
Production exécutive : Emmanuel Montamat et John Sloss
Sociétés de production : ARP Sélection, en association avec Detour Filmproduction, avec le soutien du CNC
Sociétés de distribution : ARP Sélection (France) ; Cherry Pickers (Belgique), Filmcoopi (Suisse romande), Photon Films (Québec)
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : noir et blanc – 1,37:1 – son 5.1




