Les Pingouins de Madagascar, un film de manchot pour une saga qui bat de l’aile
Synopsis: Vous pensiez connaître « Les Pingouins de Madagascar » ? Pourtant, les quatre frères cachent un lourd secret. Ils sont en fait… agents secrets ! Pour sauver le monde du terrible Docteur Octavius, les pingouins devront s’associer à la très chic organisation de la North Wind menée par le superbe husky au nom classé secret.
Fait amusant dans le monde de l’animation : c’est souvent lorsque la critique et le public encensent l’originalité d’un studio que celui-ci enchaîne avec une suite qui ne semble avoir pour seul but de capitaliser le succès du film précédent. Il y a eu l’époque de Disney qui, auréolé du succès du Roi Lion, sortit à a chaîne des suite dispensable d’Aladin, puis du Roi Lion, Pixar s’est fendu d’un Cars 2, avant de laisser les rennes à Disney pour un spin-of avec des avions…. Cette année c’est Dreamworks, a peine remis du succès critique de Dragon 2, qui enchaîne en tentant de rebondir sur une de leur plus grosse réussite, la trilogie Madagascar. Cette fois en revanche Marty, Alex, Melman et Gloria, laissent leur place aux quatre pingouins casse-coups qui étaient un réservoir inépuisable d’humour absurde et de répliques cultes tout le long de la saga, ils sont en haut de l’affiche. Mais l’affection que leur porte le public méritait-elle un film entier ? Pas sur…
On retrouve le Commandant, Kovalsky, Rico et Soldat dans leur première aventure perso aux quatre coins du monde. On identifie rapidement ce qui fait la patte Dreamworks Animation : de l’humour absurde, de l’action survoltée et une caméra toujours en mouvement, ce qui est toujours le point fort du studio par rapport à ses concurrents (même celle de Pixar paraît empâtée à côté). Seulement très vite on commence à douter sur véritable potentiel de ces roublards volatiles, on rigole à certaines vannes, mais pas à toutes; la plupart du temps on sourit gentiment, mais pas vraiment de quoi claquer du gésier. On attend alors que l’histoire décolle en espérant en prendre plein la vue mais l’ensemble reste juste sympathique, sans plus. Une banale histoire de vengeance sur fond de super-espionnage inter-espèces, avec un projet machiavélique qui rappellera un peu trop Moi, moche et méchant 2, autant dire qu’a ce niveau, les auteurs ne se sont pas véritablement foulés. Le quatuors apparaît finalement comme la plus grande faiblesse du film. Certain de leur potentiel comique, les animateurs se sont trop reposés dessus au lieu de développer autour une véritable histoire intéressante ou de nouveaux personnages haut en couleurs. Le méchant est tout juste sympa, mais le potentiel du machiavélique céphalopode n’est pas vraiment exploité à son maximum, ses poulpes de mains sont finalement plus rigolos à observer, tandis que les agents spéciaux de l’escouade d’élite « vent du nord » n’arrivent pas à la cheville d’un Marty, d’un Alex ou même d’un King Julian, autant en termes de charisme que de fun. Au lieu d’avoir de l’originalité, on assiste à une répétition à outrance des fameux gimmicks de l’équipe (« Qu’est ce qu’il te prend Kowasky ! Tope là ! » etc…) qui finissent par devenirs lassants, particulièrement le Commandant qui ne cesse de parler à tort et à travers. A titre de comparaison, Le Chat Potté, autre film dérivé signé Dreamworks était une réussite, car on sentait tout de même un vrai travail en amont pour réinventer un univers déjà bien ancré dans l’imaginaire collectif.
Faire un film entier centré sur les pingouins n’était peut être pas une idée lumineuse. Ce qui rendait les personnages plaisants dans la trilogie originelle, c’était justement leurs apparitions toujours absurdes qui étaient régulièrement le point de départ de scènes d’actions à la fois virtuoses, colorées et délirantes. Diluer ces actions coup de poing sur l’ensemble d’un long métrage diminue finalement leur force de frappe. Et quand bien même le film possède sa dose de scènes délirantes et d’actions survoltées, Madagascar 3 : Bon baiser d’Europe avait mit la barre tellement haute en matière de caméra virevoltante, de musicalité des séquences (le trip pop du spectacle de cirque laisse encore des paillettes dans les yeux) et de poursuites à fond la caisse, que ce nouveau film ne peut que souffrir la comparaison et risquer de tomber dans l’oubli. Les enfants passent un bon moment, mais comme le dit un illustre personnage à la fin du générique : « C’était pas mal, mais j’aurais espéré un truc un peu plus…Chabada ! »
Ps : On notera une fois de plus l’erreur de traduction: « Penguins » ne signifie pas pingouins mais manchot (faux-amis). La différence ? Le pingouin sait voler, c’est le manchot qui ne peut pas. Dans ce cas précis, ils ne savent pas voler, donc…
Les Pingouins de Madagascar – Bande annonce
Les Pingouins: Fiche Technique
États-Unis – 2014
Titre original : Penguins of Madagascar
Réalisation: Simon J. Smith, Eric Darnell
V.O: Tom Mc Grath, Chris Miller, Joe DiMaggio, Bennedict Cumberbatch, Peter Stormare, John Malkovich …
V.F : Xavier Fagnon, Gilles Morvans, Conrad Vernon, Pierre Tissot, Michel Vigné …
Date de sortie: 18 décembre 2014
Durée: 1h33 min
Genre: Animation
Scénario: John Aboud, Michael Colton et Brandon Sawyer
Musique: Lorne Baffle
Producteur: Lara Breay, Mark Swift
Production: Dreamworks