Omar d’Hany Abu-Assad, un film noir à la couleur de sable et au goût de sang
Huit ans après le très bon Paradise Now, Hany Abu-Assad revient avec Omar, un thriller efficace, haletant, un véritable film coup de poing qui vous scotche à votre siège pendant 1h30. Omar, Prix du Jury de la sélection Un Certain Regard, suit une direction différente de Paradise Now en se focalisant sur la traîtrise et la paranoïa.
Dans le contexte du israélo-conflit palestinien, le réalisateur palestinien nous présente une tragédie romantique sans mièvrerie. Omar (Adam Bakri) vit d’un côté du mur en Cisjordanie, tandis que son amour Nadia, (Leem Lubany) la sœur de Tarek (Eyad Hourani) et son ami Amjad (Samer Bisharat) vivent de l’autre côté du mur, mur qu’il franchit régulièrement, au risque d’être abattu par une balle. Les trois amis décident d’affirmer leurs engagements à la cause Palestinienne en s’attaquant à un camp militaire israélien. L’opération tourne mal, un soldat israélien est tué durant l’attaque, et Omar est attrapé, emprisonné, torturé avec pour seule compagnie les cafards dans cette geôle…
Puis un agent des services israéliens, Rami (Waleed Zuaiter que l’on voit dans la série Homeland) lui propose un marché : soit il reste à jamais en prison et ne plus revoit plus jamais Nadia, ou il sert de balance et permet à Israël de mettre la main sur le chef du réseau. Omar accepte pensant pouvoir duper ses nouveaux « employeurs » alors que justement le réseau cherche le traître. Or la soudaine sortie de prison d’Omar en fait le suspect numéro un, le traître le plus probable aux yeux de tous.
Comme le souligne le réalisateur Hany Abu-Assad « Le thème principal du film est la confiance, son importance dans les relations humaines et sa versatilité. La confiance est la pierre angulaire de l’amour, de l’amitié et de la loyauté. »
Hany Abu-Assad a l’intelligence de montrer les conséquences de ce conflit sur le peuple palestinien sans jamais tomber dans le manichéisme ou un anti-israéliennisme primaire. Omar, c’est une photographie d’un conflit avec ses excès mais aussi un excellent thriller qui fait penser à Homeland ou encore aux polars Sorcesiens et de Friedkin.
Plus on avance dans le film, plus l’intrigue montre que rien n’est aussi clair qu’il semble à première vue, avec ses personnages dont l’engagement dans la résistance peut fluctuer selon des intérêts personnels. Omar est un personnage de tragédie shakespearienne, un personnage éminemment romanesque perdu au milieu de ce conflit. Un vrai thriller où cohabitent manipulations psychologiques, paranoïa, trahison, avec au milieu une histoire d’amour qui finira par détruire ce Roméo et Juliette des temps modernes.
Omar d’Hany Abu-Assad est un film poignant à la tension omniprésente avec une belle dramaturgie, magnifiquement interprétée. Adam Bakri et Waleed Zuaiter sont excellents. Un scénario bien ficelé pour un thriller haletant avec pas mal de péripéties et de retournements.
Omar vit en Cisjordanie. Habitué à déjouer les balles des soldats, il franchit quotidiennement le mur qui le sépare de Nadia, la fille de ses rêves et de ses deux amis d’enfance, Tarek et Amjad. Les trois garçons ont décidé de créer leur propre cellule de résistance et sont prêts à passer à l’action. Leur première opération tourne mal. Capturé par l’armée israélienne, Omar est conduit en prison. Relâché contre la promesse d’une trahison, Omar parviendra-t-il malgré tout à rester fidèle à ses amis, à la femme qu’il aime, à sa cause?
Fiche Technique
Réalisateur : Abu-Assad, Hany – Les événements home générale
Acteurs : Adam Bakri, Waleed F.Zuaiter, Leem Lubany, Samer Bisharat
Genre : Drame
Nationalité : Palestinien
Date de sortie : 16 octobre 2013
Durée : 1h36mn
Festival : Festival de Cannes 2013