Sarah Anthony © Textes et illustrations tous droits réservés.

Des colonies grecques, deux manières de peindre et deux styles inspirés de la nature – L’abécédaire artistique n°12 fête la Journée mondiale de l’art

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ABC… ART

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L’Abécédaire Artistique

Cet abécédaire vous parlera de :

Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.

Rendez-vous un jeudi sur deux pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale de l’art, l’Abécédaire Artistique vous présente 5 entrées s’inscrivant chacune dans plusieurs pays ou cultures : Autriche et Espagne, Grèce, Italie, Angleterre et France. Bon voyage artistique international en cette Journée mondiale de l’art !
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  • Art Nouveau

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catégorie : arts plastiques et Beaux-arts, architecture, arts décoratifs, nom masculin.

L’Art Nouveau, qu’on connaît en anglais sous le nom de Modern Style, est un courant artistique pluri-disciplinaire qui court à cheval sur la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Il s’inscrit à la fois dans les Beaux-Arts, les Arts Décoratifs (à ne pas confondre avec l’Art Déco) et l’architecture. Mouvement international, certaines de ses plus belles oeuvres sont aujourd’hui visibles en Autriche, notamment à Vienne, mais aussi en Espagne, à Barcelone.
L’Art Nouveau est un courant qui s’épanouit rapidement dans plusieurs pays avec un but commun : retourner vers la nature et s’inspirer du végétal pour habiller la vie quotidienne, la société étant jugée trop industrialisée. Ainsi, l’Art Nouveau s’inscrit dans les formes courbes, mais aussi les entrelacements : on s’inspire des fleurs, pétales, tiges et feuilles, mais aussi des ailes et des élytres d’insectes. Pour cette raison, l’Art Nouveau peut se parer d’un charme un brin féérique… En architecture, les bâtiments Art Nouveau présentent beaucoup de courbes (fenêtres arrondies, façades ondulantes) et des intérieurs ornementés (escaliers dont la dernière marche court en arc-de-cercle, rampes ouvragées en arabesques, etc.).
A Paris, les fameuses bouches de métro conçues par Hector Guimard sont de style Art Nouveau, mais c’est en Espagne et en Autriche que ce courant est le plus facile à voir, il a même sa propre variante, appelée modernisme catalan. Antoni Gaudí, le célèbre architecte espagnol, a parsemé la ville de Barcelone de ses architectures de style Art Nouveau : de la Sagrada Família, au Parc et au Palais Güell, et bien sûr la fameuse Casa Batlló et la Pedrera, dont les structures de pierre semblent onduler et rappellent la nature. A Bruxelles, l’Hôtel Tassel qu’on doit à l’architecte belge Victor Horta est un véritable « palais Art Nouveau » – il est malheureusement fermé au public.
Pour ce qui est des objets, il en va de même, le rappel au végétal et à la nature étant encore plus poussé avec des lampes en forme de fleur, des ailes de papillon et des libellules parsemant les couverts, les accessoires et les bijoux – la fameuse lampe Gallé est un des plus célèbres objets de style Art Nouveau. Dans le monde de l’illustration, les créations Art Nouveau sont très ornementées, les personnages ondulent dans des poses presque maniéristes, les longs cheveux des dames se mêlent à des guirlandes de fleurs ou de feuillage. L’artiste tchèque Alfons Mucha est sans doute le plus connu des illustrateurs du mouvement Art Nouveau. Enfin, en peinture, l’Art Nouveau se donne à voir en Autriche, à Vienne, notamment dans les oeuvres de Gustav Klimt (peintre relevant à la fois de l’Art Nouveau et du symbolisme).
G-r-duit-sarah-anthony

  • Grande-Grèce

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catégorie : histoire de l’art, Antiquité, nom féminin.

Connaissez-vous la Grande-Grèce ? Contrairement à ce que son nom suggère, la Grande-Grèce ne désigne pas la péninsule grecque mais… la péninsule italienne ! Pour autant, bien que la Grande-Grèce se situe géographiquement en Italie du sud, elle relève, comme son nom l’indique, de la brillante culture grecque antique. La Grande-Grèce désigne les territoires situés en actuelle Italie méridionale qui se trouvaient sous domination grecque du VIIIème au IIIème siècle avant J.-C. Il s’agissait ni plus ni moins de colonies qui avaient été fondées suite à un besoin d’acquérir de nouveaux territoires pour les Grecs, alors en surnombre dans leurs propres cités situées en Grèce continentale, et ce, à la suite d’une phase agricole prospère. Ces Grecs décident donc d’émigrer et les côtes sud de l’Italie constituent une terre d’accueil idéale de par leur climat et le fait qu’elles sont proches.

Le passage des Grecs en Italie du sud ayant entraîné la création de la Grande-Grèce laisse à l’Italie un patrimoine architectural et archéologique antérieur à la Rome antique. Les Grecs n’établissent pas de simples colonies mais fondent des cités qui prospèrent cinq siècles durant avant que ne commence l’hégémonie romaine. Ainsi, la ville de Syracuse, en Sicile, est fondée par des colons Grecs. C’est aussi le cas, entre autres, de Cumes, Catane, Messine et Poseidonia (actuelle Capaccio-Paestum), connue pour ses sites archéologiques antiques, tels que la Tombe du Plongeur (voir l’entrée Katapontismos, l’Abécédaire artistique n°2), mais aussi pour ses temples doriques. La Grande-Grèce est aussi parfois appelée selon son nom latin, Magna Græcia.
M-r-duit-sarah-anthony

  • Macchiaioli

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catégorie : arts plastiques et Beaux-arts, nom masculin pluriel, de l’italien macchia (tache).

Les Macchiaioli sont un groupe de peintres italiens dont l’art s’épanouit autour des années 1850. Parce qu’ils s’attachent à faire évoluer la peinture en la libérant de l’académisme, ils sont moqués par la critique qui les qualifie de « macchiaioli » (tacheurs, pour ainsi dire, barbouilleurs). On note ici un parallèle avec les peintres français néo-impressionnistes (circa 1880) qui voient leurs oeuvres figuratives constituées de points de couleurs taxées par la critique de « pointillistes », donnant ainsi un autre nom au mouvement artistique qu’on connaît aussi sous le nom de divisionnisme (qui, dans sa variante scientifique s’est aussi vu qualifier de chromo-luminarisme, impressionnisme-luminisme ou plus simplement peinture optique…).
Les Macchiaioli n’ont que faire de la critique et ont pour volonté de créer une peinture plus proche de l’Italie réelle, celle qui, unifiée en 1861, débute une nouvelle page de son histoire. Ainsi, lassés des oeuvres académiques qui font la part belle au purisme et au romantisme, les Macchiaioli s’attachent à représenter le réel et la vie quotidienne, en créant des peintures qui parlent à tous. Ils accentuent pour cela les contrastes, et, en même temps qu’ils peignent des scènes plus réalistes, n’hésitent pas à intensifier leur manière de représenter le réel, notamment avec des couleurs plus vibrantes et une facture plus brute, due à une touche plus visible (d’où leur surnom de tacheurs, barbouilleurs). Le travail des Macchiaioli est précurseur des différentes évolutions de la peinture italienne, notamment du courant du vérisme (voir l’entrée éponyme de l’Abécédaire artistique n°4). Parmi les grands peintres issus du mouvement des Macchiaioli, on peut citer Antonio Puccinelli, mais aussi Vincenzo Cabianca, Giovanni Fattori, Giuseppe De Nittis, Vito D’Ancona et bien d’autres.

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  • Préraphaélites

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catégorie : arts plastiques et Beaux-arts, nom masculin pluriel.

Qui sont les préraphaélites et que cache ce nom singulier ? Ce groupe de peintres anglais se revendique comme peignant comme le faisaient les primitifs italiens, avant que la peinture de ce pays ne soit modifiée par le style prégnant de Raphaël. Pour cette raison, ils sont donc des « préraphaélites », car réalisant leur peinture comme on le faisait avant Raphaël.
Le groupe des préraphaélites est fondé en 1848 en Angleterre, par ceux qui, logiquement, en deviendront ses plus grands représentants : Dante Gabriel Rossetti (anglais d’origine italienne), William Holman Hunt et James Everett Millais. Ils seront rejoints par d’autres artistes, dont James Collinson, mais aussi Thomas Woolner.
Comme c’est souvent le cas lorsqu’un nouveau mouvement de peinture voit le jour, les préraphaélites ont pour but de libérer la peinture anglaise de l’académisme qui la fige, l’empêche d’évoluer et d’expérimenter. Cet académisme résultant à leurs yeux d’un héritage des grands maîtres italiens de la Renaissance (que sont donc Raphaël, mais aussi Léonard de Vinci et Michel-Ange), ils décident de reprendre la manière de peindre pure (loin de tout effet de maniérisme ou d’académisme) des peintres italiens antérieurs à la Haute Renaissance.

Pour trouver l’inspiration, ils puisent dans la littérature anglaise, et logiquement dans les légendes du Moyen-Âge, donnant ainsi à leurs tableaux des apparences arthuriennes. Les oeuvres préraphaélites regorgent de dames aux longues chevelures (parfois rousses ou bouclées), portant des robes médiévales d’apparence féérique, dans des paysages de nature (verdure, forêts, rivières ou étangs). Elles sont souvent accompagnées de chevaliers en armure scintillante ou de musiciens, le tout dans des compositions chargées et détaillées.
De nos jours, ce mouvement trouve toute sa place dans une ère victorienne marquée par une curiosité envers certaines formes d’art originales ou excentriques (néo-gothique, orientalisme, romantisme, etc.).

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  • Rocaille

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catégorie : architecture, arts décoratifs, arts plastiques, nom féminin.

La rocaille est un style historique complexe qui se fond parfois avec le rococo, et logiquement avec la fin du baroque. En vérité, le style rocaille s’applique aussi bien au style Louis XIV, qu’aux styles Louis XV et Régence, plus tardifs. 
S’il est d’abord connu en France sous le nom de rocaille, lorsqu’il se diffuse dans le reste de l’Europe, on emploit le terme rococo (néologisme constitué de la contraction de rocaille et baroco, soit baroque, en italien, de par ses caractéristiques excentriques et irrégulières). Une autre différence est que le style rococo s’inscrit aussi dans la peinture de paysages ou de scènes galantes aux tons pastels, présentant une nature tout en courbes et des airs bucoliques.

Pourquoi ce nom, rocaille ? Tout simplement car la rocaille désigne les divers ornements (pierres, mousse, coquillages, etc.) destinés à décorer une fausse grotte, dans le domaine du paysagisme.
Le style rocaille, parce qu’il se caractérise par des formes courbes rappelant les coquillages, a donc reçu ce nom. Il n’hésite pas à faire appel à des éléments ajoutés, des fioritures parfois asymétriques ou déséquilibrées rappelant les coquillages et les rochers, mais aussi les végétaux. En termes de coloris, la rocaille se pense en couleurs, mais souvent associées à de la dorure.
Bien sûr, chaque pays a ses spécificités et ses préférences. On parle de rocaille dans les arts décoratifs (notamment le mobilier, la porcelaine, les bibelots) et l’architecture. Ce style chargé et ornementé représente la fin du baroque. Pendant longtemps, le nom rococo a été synonyme d’un style un peu kitsch, pourtant, pendant un temps, partant de la rocaille, le mouvement rococo a donné ses codes esthétiques à toute l’Europe.

Rendez-vous dans deux semaines pour 5 nouvelles définitions artistiques. En effet, pour vous proposer un contenu toujours aussi passionnant, l’Abécédaire Artistique est désormais mis en ligne un jeudi sur deux.

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