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« Trombinoscope » de Prims : exploration de l’absurde

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Les éditions Lapin ajoutent un nouvel album teinté d’humour à leur catalogue avec la parution de Trombinoscope, de l’auteur et dessinateur Prims. Laissant libre cours à son penchant pour l’ironie et l’absurde, ce dernier propose une collection de planches qui ne manque ni de sel ni de piment.

La préface du livre est signée par un dénommé Monsieur Moyen, de l’Académie française. Dans un exercice particulièrement réussi d’auto-ironie, Prims échafaude une parodie de la préface en tant que convention littéraire, tout en introduisant son œuvre avec humour. En effet, il est présenté, dans une gradation maîtrisée du sérieux vers le saugrenu, comme une figure respectable, puis, à mesure que le texte avance, de plus en plus controversée, laissant ainsi le lecteur dans un état d’anticipation curieuse.

Trombinoscope aborde ensuite, dans son corpus, une grande variété de sujets, convoquant le comique de situation comme le pur absurde. On y rencontre par exemple un clown courroucé cherchant, littéralement, son âme d’enfant, ou un animal de compagnie horrifiant, confectionné à partir des restes d’un réfrigérateur. Certaines vignettes inversent notre appréhension du monde de façon originale. Par exemple, le café va induire la somnolence plutôt que l’excitation, l’épouvante s’insinue sans prévenir dans un jeu d’enfant et le petit garçon du duo Calvin et Hobbes doit composer avec une calvitie ostensible.

Le livre ne se contente pas de simples gags ou situations humoristiques. Il propose également des scénarios méta-narratifs qui brisent le quatrième mur, impliquant le lecteur dans la structure même de l’histoire, par exemple en mettant en scène un dessinateur en pleine course pour aller plus vite que celui que le lit, ou en montrant un personnage demandant à l’aide en tendant les mains en dehors du cadre de la vignette.

Qu’il se penche sur les origines bio-romantiques du panda-limace ou sur le Roi (fils du) Soleil, qu’il s’amuse des questions récurrentes (et un peu naïves) posées aux auteurs-dessinateurs ou des émissions radiotélévisées absurdes, ou qu’il revisite des funérailles à la manière d’un western ou des expressions courantes de façon littérale (prendre le plat du chef, un enterrement en grande pompe), Prims parvient souvent à faire mouche, avec une bonne humeur contagieuse.

En somme, Trombinoscope est une œuvre acidulée, sans prétention, conçue avant tout pour divertir (sans que cela soit péjoratif). Prims utilise son sens de l’absurde pour tourner en dérision la société, ses manifestations les plus visibles, ses conventions culturelles et linguistiques. Et le lecteur, forcément, se fera voler quelques sourires en cours de route.

Trombinoscope, Prims
Lapin, août 2023, 144 pages

Note des lecteurs3 Notes
3.5
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