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Pause, ou l’angoisse de la page blanche

Après un succès qu’il n’attendait peut-être pas (Zaï zaï zaï zaï – 2015), Fabcaro a poursuivi son activité sur le rythme effréné qui lui est propre. Mais le succès a probablement un peu chamboulé sa vie et deux ans plus tard, il en rend compte avec Pause, une BD au titre révélateur.

L’auteur avait forcément une certaine réputation puisqu’il avait à son actif un nombre déjà conséquent de titres parus. Mais son rapport avec le public et le monde de l’édition a certainement un peu évolué. On imagine qu’il a voulu profiter de sa soudaine notoriété. Mais la demande ne faiblit jamais, contrairement à l’inspiration. Fabcaro montre ici un état d’esprit bien particulier en se mettant en scène sans complaisance, mais toujours avec une forme d’autodérision personnelle, qui n’est pas sans rappeler la façon de faire de Gotlib. Comme le maître, il se montre capable d’ironiser sur trois fois rien, bref tout ce qui passe à la portée de ses observations. Sous la forme de saynètes (qui vont de quelques vignettes à quelques planches), il nous montre ainsi pas mal de situations propres à un auteur de BD, que ce soit dans ses relations personnelles, avec sa famille (qui s’inquiète : son prochain album n’aurait pas de thème précis, peut-être même pas de fin…), ou encore avec son entourage (voir son livreur de foin). On lui propose tout un tas de projets forcément géniaux. Il participe à tous les festivals possibles et imaginables et il se creuse la cervelle pour trouver des sujets originaux. Finalement, cette BD fait également penser aux démêlés de Manu Larcenet dans la série « Le retour à la terre » scénarisée par Jean-Yves Ferri. Comme quoi, d’une maison d’édition à une autre, le même type de comportement s’observe et se retrouve régulièrement.

L’autodérision selon Fabcaro

Le dessinateur a donc éprouvé le besoin de faire une pause. Un peu en panne d’inspiration, il n’a pas hésité à se prendre comme sujet pour raconter non sans humour ses relations avec les uns et les autres dans cette période particulière où il culpabilise un peu. Force est de reconnaître qu’il finit par amuser par moments. Le meilleur selon mon ressenti (qui variera en fonction des lecteurs/lectrices), vient quand il imagine tout un chacun se mettant en quatre pour lui rendre son inspiration. Dans ce qu’il présente comme le Top 5 des pires alibis pour justifier le manque d’inspiration, la troisième vignette concerne la politique du gouvernement. Alors, un politicien non identifiable (silhouette) annonce « Devant le manque d’inspiration de Fabcaro, j’ai décidé d’appliquer un programme de gauche » et il est acclamé !

On aimerait en prendre un coup sur la cafetière

Malheureusement, le dessin de Fabcaro reste décevant. Souvent un peu fouillis et avec un minimum de décor, il se contente généralement de dessins (noir et blanc) qui pourraient être considérés comme des esquisses. Bref, s’il emporte par moments l’adhésion par son humour, il ne provoque jamais la satisfaction esthétique.

Pause, Fabcaro 
La Cafetière, avril 2017, 63 pages
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