Jean-Yves Delitte, scénariste et dessinateur, clôt son diptyque La Buse aux éditions Glénat. Il nous offre une immersion dans l’univers tumultueux et captivant de la piraterie du XVIIIe siècle.
Dans le premier tome de La Buse, Jean-Yves Delitte posait les bases de son histoire. Le contexte historique de la fin du XVIIe siècle, marqué par une recrudescence de la piraterie, était rappelé et servait d’écrin aux aventures de ses forbans. Le récit s’attachait à dépeindre les « prouesses » de La Buse, mais aussi à explorer les motivations et les tourments de ses compagnons, tels que La Mouche et le Breton.
Le tome 2 prolonge l’aventure, Delitte y narrant les péripéties postérieures au succès de La Buse dans la capture d’un vaisseau portugais regorgeant de trésors. Le cœur de cet album repose sur une bataille navale grandiose, mettant aux prises les pirates de La Buse et un navire anglais résolu. Dans un style graphique éblouissant, dont il nous a habitués en qualité de dessinateur officiel de la Marine, Delitte parvient à nous transporter au cœur de l’affrontement, illustrant avec un réalisme saisissant les ravages causés par les combats sur les hommes et les navires.
Le récit s’articule évidemment autour de la figure emblématique de La Buse, un pirate dont le destin hors du commun est habilement relaté. « Trop de richesse, c’est comme l’ivresse, cela finit toujours par apporter des ennuis… », lit-on en guise d’avertissement, tandis que l’idée d’un partage germe dans l’esprit des pirates. « Je ne vais plus me battre pour poursuivre une quête qui est devenue une folie ! », prévient un protagoniste, soulignant l’envie de rejoindre sa famille.
Si les doubles pages témoignent amplement de la maestria de Jean-Yves Delitte, on appréciera aussi les éléments sur l’expansion du commerce aux Indes (de nombreux engagements se terminent en tragédies…) ou une caractérisation des pirates parfois réalisée au détour d’une posture ou d’une tirade. On peut par exemple citer le cas de la misogynie avec cette description des mystifications de Taylor : « Il est aussi droit qu’une femelle. »
Avec « Pour l’éternité », Jean-Yves Delitte confirme son statut de maître dans le genre de la bande dessinée maritime. Alliant une narration prenante à des illustrations grandioses, ce deuxième tome ravira les passionnés d’histoires de pirates et de récits maritimes. L’auteur et dessinateur belge nous offre, au travers de ce récit, une fenêtre sur une époque révolue, pleine de bravoure, de trahisons, et de quêtes de trésors, capturant avec brio l’essence même de la vie des pirates.
La Buse : Pour l’éternité, Jean-Yves Delitte
Glénat, novembre 2023, 48 pages