Dominique Choulant publie aux éditions LettMotif Brigitte Bardot, les années cinéma 1952-1973, dans lequel il retrace la carrière cinématographique d’une comédienne devenue icône internationale. Ce portrait plonge le lecteur dans ses 45 films et explore ses multiples facettes, au-delà du simple sex-symbol.
Brigitte Bardot devait faire ses premiers pas dans le monde du cinéma après une couverture remarquée dans le magazine Elle en mai 1950. Repérée par Marc Allégret, elle signa en effet un contrat pour jouer dans Les Lauriers sont coupés, qui ne vit cependant jamais le jour. Elle débute ainsi officiellement en 1952 dans Le Trou normand, une comédie qui lui offre son premier rôle au cinéma. Dès ses débuts, Bardot est remarquée pour son charme et décrite comme une « ingénue perverse ». Ce premier film ne peut toutefois pas se prévaloir de la féérie qu’elle s’était imaginée, préfigurant une carrière marquée à la fois par des succès retentissants et des désillusions personnelles.
En parallèle de ses débuts au cinéma, elle fait une entrée remarquée dans le monde du théâtre en 1953, jouant dans L’Invitation au château de Jean Anouilh. Les critiques sont alors enthousiastes, et elle est adoubée par la presse dramatique. Un peu plus tard, en 1954, le célèbre peintre Kees van Dongen la prend pour modèle, en réalisant un portrait bientôt publié en couverture du magazine américain Life, puis revendu à prix d’or, ce qui vient accentuer son statut de star montante.
L’ascension d’une icône et le choc Et Dieu… créa la femme
Dominique Choulant s’adonne à une biographie sélective, souvent ponctuée par des extraits d’articles de presse de l’époque. C’est en 1956, avec Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim, que Brigitte Bardot atteint le sommet de la gloire. Ce film sulfureux, qui déchaîne autant la passion que l’indignation, scelle son destin de sex-symbol international. Si ce rôle la propulse sous les feux des projecteurs, il attire également la colère des puritains et du clergé, notamment aux États-Unis où elle devient un symbole de luxure. Cependant, Bardot refuse de céder aux appels de Hollywood, qui ne manquent pas de suivre, préférant tourner en France malgré les nombreuses sollicitations.
L’auteur enfonce le clou et rappelle qu’en 1958, lors de l’Exposition universelle, le Vatican va jusqu’à utiliser une image de B.B. pour représenter la luxure. Son éducation religieuse la plonge dans un certain désarroi face à cet événement, mais elle persiste à s’imposer en tant qu’actrice sérieuse. Dans Babette s’en va-t-en guerre (1959), une satire de l’occupation allemande, Brigitte Bardot montre une facette plus comique, et devient bientôt la première star étrangère à figurer dans le haut du classement des Money Making Stars, prouvant son pouvoir d’attraction au box-office.
Une actrice éclectique dans des rôles marquants
Brigitte Bardot, les années cinéma 1952-1973 va ensuite égrainer les rôles. Au début des années 60, Brigitte Bardot apparaît sous la direction de grands réalisateurs. Elle excelle dans La Vérité d’Henri-Georges Clouzot, un drame judiciaire où elle offre une performance bouleversante. Dans Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard, elle livre une autre performance iconique. Le film, devenu culte, révèle une nouvelle dimension de l’actrice, et passe à la postérité notamment pour les descriptions de ses formes.
En parallèle de sa carrière, sa vie privée est constamment sous les projecteurs, alimentant la presse à scandale. Même trahie par son secrétaire particulier, qui vend ses mémoires à la presse, Brigitte Bardot continue pourtant à briller par son talent. Mais pas que. En 1962, elle fait ses premiers pas dans le militantisme en appelant publiquement à l’étourdissement des animaux avant l’abattage, sur le plateau de l’émission Cinq colonnes à la une. Cet engagement précoce annonce son futur rôle de défenseuse acharnée des droits des animaux.
Un adieu surprenant et une transition vers l’engagement
En 1973, après avoir fêté ses 20 ans de carrière, Brigitte Bardot surprend le monde entier en annonçant son retrait définitif du cinéma. Lassée des projecteurs et de la pression médiatique, elle décide de se consacrer pleinement à sa vie privée et à ses engagements pour la protection des animaux. Ses adieux au septième art, bien que soudains, n’entachent pas la légende qu’elle a construite au fil des décennies.
Le livre de Dominique Choulant propose, en papillonnant dans une carrière d’une grande richesse, une exploration passionnée du parcours d’une comédienne qui a marqué son époque, non seulement par sa beauté et son charisme, mais aussi par sa capacité à se réinventer à l’écran. Brigitte Bardot, les années cinéma 1952-1973 porte un regard fasciné et nuancé sur une actrice souvent réduite à son image de sex-symbol, mais qui a su prouver, film après film, qu’elle était bien plus que cela. Bien entendu, l’exercice n’est pas sans anecdotes, et celles-ci permettent de mieux saisir la personnalité de B.B. (cf. Jean Gabin, Roger Vadim, ses positions sur la nudité, etc.).
Brigitte Bardot, Dominique Choulant
LettMotif, septembre 2024, 240 pages