Légende vivante pour les uns, star invétérée du Kung Fu pour les autres, Jackie Chan laisse rarement indifférent. Si on ne retient de lui à première vue que sa carrière américaine, Rush Hour en tête, il a pourtant su se démarquer en apportant un nouveau visage au cinéma d’action, entraînant de surcroît une petite révolution dans le genre dès la fin des années 70.
Par la minutie de ses chorégraphies tout d’abord, chaque combat étant assimilable à un véritable ballet artistique, et où le plus insignifiant objet du quotidien peut devenir une arme de défense. Par l’introduction de la comédie ensuite, au sein même de l’action, portée principalement sur les mimiques, la gestuelle et la dimension slapstick dont Buster Keaton, Harold Lloyd et Charlie Chaplin furent les principaux porte-étendards. Enfin, par son implication sans commune mesure lors des tournages, exécutant lui-même ses propres cascades, dépassant ses limites à chaque film, frôlant même parfois la mort, dans le seul but de marquer la rétine du spectateur.
A l’occasion de la sortie de The Foreigner, qui marque le grand retour de la star dans les salles françaises (chose qui n’était pas arrivée, hors films d’animation, depuis … Karate Kid en 2010), la rédaction vous propose un top 5 de ses meilleurs films. Basé sur les votes des rédacteurs, le résultat final constitue un beau panel de sa carrière, brassant les genres et les époques.
Notre top 5 des meilleurs films de Jackie Chan :
5/ Opération Condor (Armour of God 2), 1991
Suite directe de Mister Dynamite sorti en 1986, Opération Condor est en tout point supérieur. Cette nouvelle aventure de l’Indiana Jones asiatique à la sauce kung-fu le conduira tout droit en Afrique en plein désert du Sahara chargé de retrouver un trésor de guerre nazi. Au-delà d’une direction artistique ambitieuse, que ce soit au niveau des décors ou des costumes (il s’agit de la réalisation la plus chère de Chan) et des chorégraphies toujours aussi spectaculaires et inventives, c’est davantage sur l’humour qu’est porté Opération Condor. Affublés de trois comparses aux personnalités aussi drôles qu’affirmées, les films multiplient les quiproquos et situations burlesques chers au cinéma de Chan et à ses inspirations. Le point d’orgue reste ce combat final dans le hangar d’une turbine géante, entraînant un véritable déferlement d’air sur les combattants, tentant tant bien que mal d’anticiper le sens du vent. Désopilant … et impressionnant !
https://www.youtube.com/watch?v=6uAi5O4QdF4&t=87s
4/ Le Maître Chinois (Drunken Master), 1978
Yuen Woo-ping réalise un grand classique dans le genre de la « kung fu comedy » en 1978 avec Le Maître chinois (Drunken Master). Jackie Chan y incarne un jeune Wong Fei Hung qui fait les 400 coups. Insolent, bagarreur, pique-assiette, coureur de jupons, ivrogne, le Wong Fei Hung de Yuen Woo-ping ira même jusqu’à flatuler sur l’un de ses adversaires dans un affrontement humiliant ou à faire un doigt d’honneur dans le combat final ! Cette version fascinante de Wong Fei Hung est sublimée par le pouvoir comique naturel et le jeu inimitable de Jackie Chan. Ses mimiques et les gags qui ponctuent le film sont des pépites humoristiques savoureuses. Sévèrement réprimandé par son père, il va parfaire son éducation auprès d’un vieil homme qui lui mènera la vie dure. Il subit alors un entraînement infernal, proche du sadisme. Mendiant Sou enseigne les techniques de la Boxe de l’Homme Ivre ainsi que la botte secrète des Huit Immortels Enivrés à Wong Fei-Hung. Le Maître chinois est donc un grand classique dans la filmographie de Jackie Chan qui, en digne héritier de Bruce Lee, déploie tout son talent bien avant son goût immodéré pour les cascades démesurées.
3/ Le Marin des Mers de Chine (Project A), 1983
Sorti en 1983, le Marin des Mers de Chine est le premier grand succès de Jackie Chan en tant que cinéaste. Combinant pour la quatrième fois les casquettes de réalisateur et acteur, Chan délivre un cocktail d’action et d’humour qui sera sa marque de fabrique tout au long de sa carrière. Mêlant intrigue historique avec les forces britanniques en prise à des pirates dans la baie de Hong-Kong, avec des situations burlesques hilarantes et bien évidemment des séquences de bastons ultra-chorégraphiées comme cette bagarre finale avec le chef des pirates. Qui dit Jackie Chan, dit cascade ultra dangereuse. Ici il s’agit de la fameuse chute de l’horloge renvoyant au cinéma muet de Harold Lloyd. Une chute de 18 mètres de haut où Jackie atterrira dans un premier temps sur la tête. Il en faudra plus pour l’empêcher de faire une seconde prise. Il est fou ce Jackie!
2/ Combats de Maîtres (Drunken Master 2), 1994
En 1994, cela faisait 14 ans que Jackie Chan n’avait pas mis les pieds dans le cinéma d’arts martiaux traditionnel. Entre-temps, le monsieur a eu le temps de devenir la superstar que l’on sait, dépositaire d’une marque de fabrique ayant érigé le » Jackie Chan » movie en genre à part entière. Dans le même temps, en 1991, Tsui Hark a renouvelé le genre du wu xi pian avec Il était une fois en Chine. Deux aspects qu’il faut considérer dans Drunken Master II (Combats de maîtres en français). Fausse suite mais vrai remake du premier Drunken Master, le film est surtout le moyen pour Chan de se réapproprier l’histoire de la boxe de l’homme ivre avec le bagage qui est le sien à cette époque. Le résultat ? La quintessence d’un style et peut être la meilleure itération d’un mythe porté au paroxysme de son expressivité cinématographique. A l’instar de Buster Keaton et Charlie Chaplin, Jackie Chan porte avec ce film l’art du mouvement au cinéma à des sommets que très peu d’autres acteurs/réalisateurs peuvent se vanter d’avoir atteints. Chaque scène surpasse le la montagne gravie par la précédente. Masterpiece.
1/ Police Story, 1985
Cinquième réalisation de Jackie Chan, Police Story reste son chef d’œuvre incontesté. Première incursion de l’acteur réalisateur dans le genre policier, le film relate le quotidien d’une brigade de la police de Hong Kong, notamment l’inspecteur Kakui Chan aux prises avec un baron de la drogue. Il reste le long métrage le mieux maitrisé de Chan, bénéficiant d’une intrigue et d’une réalisation solide, alternant quiproquos hilarants et scènes d’action parmi les plus belles de sa carrière. La plus mémorable reste ce final dans un centre commercial d’une rare intensité, tant par ses chorégraphies où la notion de seul contre tous prend tout son sens que par sa violence (les protagonistes en prennent littéralement plein la tronche, même les femmes !). Anecdote amusante : les cascadeurs voulaient nommer ce film Glass Story dues aux nombreuses vitrines de magasin brisés pendant les combats. A voir absolument!
https://www.youtube.com/watch?v=IMlG-EVoqFw