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Arras Film Festival 2017 : Je vais mieux, de Jean-Pierre Améris

Et si un terrible mal de dos vous permettait d’affronter tous vos problèmes ? Voici la question posée par la nouvelle comédie de Jean-Pierre Améris, Je vais mieux. Le long métrage, projeté en avant-première au Arras Film Festival, suit un architecte accablé par un mal de dos en réalité causé par toutes ses frustrations. Retour sur le film et la rencontre avec son réalisateur en quatre citations.

Synopsis : Un quinquagénaire est victime d’un mal de dos fulgurant. Tous les médecins, les radiologues et les ostéopathes du monde ne peuvent rien pour lui : la racine de son mal est psychologique. Mais de son travail, de sa femme ou de sa famille, que doit-il changer pour aller mieux ? 

« Un film, c’est comme une thérapie de groupe. »

– Jean-Pierre Améris –

Librement adapté du roman homonyme de David Foenkinos, Je vais mieux met en lumière les maux de notre société. Utiliser le prisme de la comédie pour révéler les petits tracas des êtres humains n’est pas une première pour Jean-Pierre Améris. Ce dernier s’y était parfaitement exercé sur Les Émotifs anonymes. Le cinéaste est également connu pour ses nombreuses névroses qu’il a mises en image pour mieux les vaincre. Soit partager pour rire ensemble et mieux avancer, dixit le réalisateur : « la seule thérapie, on le sait, c’est de rire de ses handicaps, de ses névroses (…), il s’agit de réussir à rire de nos souffrances pour aller au-delà ». Aujourd’hui, fini la timidité maladive des Émotifs, Améris nous revient avec le mal de dos. D’ailleurs, pourquoi a-t-on mal au dos ?

« Un film sur le petit être humain et sa souffrance. »

– Jean-Pierre Améris –

Le cinéaste le répéta plusieurs fois : « petit être humain » n’est pas une expression négative, bien au contraire. L’humain est une formidable machine certes, mais elle est fragile. Elle l’est d’ailleurs davantage dans notre société moderne qui soumet quotidiennement aux êtres leurs lots de pressions et de douleurs. Eric Elmosnino interprète un monsieur tout-le-monde. Et comme toutes et tous, le personnage subit – au travail, au foyer – au quotidien. Dès le début du film, Elmosnino est touché par une fulgurante douleur dorsale. Il se courbe, se replie sur lui-même. La réponse à son problème est déjà présente, dans sa position. Son corps se referme sur lui-même pour ne plus avoir à s’ouvrir au monde. Debout, Elmosnino avance courbé. La réponse à son mal est étendue : il est plié par le poids des pressions et douleurs de son quotidien. De son ordure de sous-chef à son couple en péril en passant par le départ de sa fille du domicile familial, le bonhomme est accablé de toutes parts. Mais alors, que faire ?

« J’aime que mes comédies soient des petits théâtres de zinzins. »

– Jean-Pierre Améris –

Eric Elmosnino a mal au dodo dans ‘Je vais mieux’.

Améris aime le burlesque, « les gros yeux », « les gens décalés ». Justement, la souffrance – notamment physique – de l’architecte interprété par Elmosnino est drôle, parfois tordante. De sa visite chez une magnétiseuse aux examens pratiqués à l’hôpital, en passant par son emménagement forcé dans un établissement miteux tenu par un maître d’hôtel inquiétant, la peine et les doutes du personnage sont accompagnés par les rires du spectateur. Son rétablissement a aussi lieu sous le signe de l’humour : un étrange psychologue (occupant un cabinet tout aussi bizarre digne de l’imagination d’un Terry Gilliam) lui conseille de dire tout ce qu’il a dire, de ne plus retenir aucune frustration. Ainsi l’homme décide d’avoir une réelle dispute avec sa femme. En effet, cette dernière l’avait quitté en lui demandant d’accepter sans dire mots. Il n’en a pas fini : l’architecte va régler ses comptes avec une coiffeuse qui avait échoué dans sa coupe. La femme n’est plus là, mais qu’importe, il doit vider son sac. Elmosnino retourne plusieurs fois à l’intérieur du cabinet. Son corps exalté n’est pas sans rappeler les grands acteurs burlesques. À ce propos, le réalisateur a déclaré : « Eric m’évoque un peu Buster Keaton, et on a beaucoup travaillé le corps ».

« J’adore les comiques, je trouve qu’ils sont toujours au bord du tragique, ils sont émouvants. »

– Jean-Pierre Améris –

Le cinéaste traite ses comédies comme il considère les comiques : émouvantes, elles sont au bord de la tragédie. Le fond de ses films humoristiques est toujours mélancolique. Aussi, tirées de sa propre expérience, ses comédies démarrent à partir d’une base inspirée par une réalité amère et triste. Mais le conteur n’est pas un homme désespéré. Au contraire, il ne cherche qu’à aller au-delà de ses névroses. Douces-amères qualifie justement les comédies du réalisateur. D’ailleurs, rencontrez-le, écoutez-le. Car Jean-Pierre Améris est, à l’image de ses films, sincère, humain, émouvant et hilarant.

Je vais mieux est un film réalisé par Jean-Pierre Améris avec Eric Elmosnino, Ary Abittan, Alice Pol, Maud Baecker…
Scénario : d’après l’œuvre de David Foenkinos
Distributeur France sortie en salle : EuropaCorp Distribution

Je vais bien sortira le 10 janvier 2018 sur l’ensemble des écrans français.

https://www.youtube.com/watch?v=wjEdNyNE5PQ&feature=youtu.be