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Kingsman : Le Cercle d’Or, un concentré d’adrénaline en costume trois pièces

N’évitant pas les pièges classiques d’une suite basculant dans la facilité et le manque d’originalité, Kingsman : Le Cercle d’Or surprend toutefois par son jusqu’au-boutisme irrévérencieux et des scènes d’action toujours aussi incroyables. Ce qui en fait une suite de bonne facture soutenue par des interprètes en totale roue libre.

Synopsis : KINGSMAN, l’élite du renseignement britannique en costume trois pièces, fait face à une menace sans précédent. Alors qu’une bombe s’abat et détruit leur quartier général, les agents font la découverte d’une puissante organisation alliée nommée STATESMAN, fondée il y a bien longtemps aux Etats-Unis. Face à cet ultime danger, les deux services d’élite n’auront d’autre choix que de réunir leurs forces pour sauver le monde des griffes d’un impitoyable ennemi, qui ne reculera devant rien dans sa quête destructrice.

« C’est à ses manières qu’on juge un homme ! »

Matthew Vaughn est de ces réalisateurs qui, dans ces films, aiment s’approprier un genre pour y apporter sa touche personnelle. Après le film noir (Layer Cake), le conte fantastique (Stardust), et les super héros (Kick Ass, X-Men – Le Commencement), c’est au film d’espionnage qu’il s’est attaqué il y a deux ans avec Kingsman – Services Secrets. Et ça lui a réussi : avec plus de 400 millions de dollars au box-office, pour un budget quatre fois moins élevé, et un bouche à oreille des plus efficaces, le film fut une véritable cure de jouvence dans le milieu du blockbuster et gagna quasi instantanément ses galons de film culte. Et une petite victoire pour Vaughn car son succès le plus colossal. A tel point qu’une suite fut immédiatement envisageable. Ni une ni deux, Vaughn accepte de briser sa propre règle de ne jamais réaliser de suite pour se lancer dans la nouvelle aventure de la crème des espions britanniques.

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Le problème d’une suite est, par essence, de venir après, de ne pas ouvrir le bal, et donc de ne pas potentiellement proposer le même niveau d’innovation qui a participé au succès du premier opus. Car s’il y a un bien un défaut qui caractérise bon nombre de suites, c’est avant tout l’absence de l’effet de surprise, quitte à ce que le second souffre irrémédiablement de la comparaison avec le premier film. Malheureusement, Kingsman : Le Cercle d’Or n’échappera pas à la règle. Le ton déjanté enveloppé d’un drap d’élégance qui faisait la saveur de Services Secrets est bien sûr présent … mais familier. Le spectateur le retrouve, un sourire au coin des lèvres à la place des yeux pétillants de surprise. Il avance en terrain déjà conquis, où, en plus d’en connaître la majorité des codes et des ficelles, bute sur quelques problèmes. Les principaux sont des facilités scénaristiques auxquelles ne nous avait pas habitués Vaughn jusqu’à maintenant. Bien qu’épousant l’atmosphère globale du film, elles restent pour la plupart assez risibles. Une balle dans la tête ? Pas de problème, les Kingsman ont ce qu’il vous faut : une substance permettant de l’extraire, et hop, un agent remis sur pied et (presque) paré au combat ! Un personnage secondaire encombrant ? Qu’à cela n’tienne, une petite erreur de sa part, et le voilà vite éliminé par la grande bad girl du film, Poppy Adams (Julianne Moore), véritable psychopathe aux allures de ménagère idéale. D’ailleurs, malgré une interprétation somme toute correcte, et une extraordinaire planque sous forme de petit coin d’Amérique tendance fifties (cinéma rétro, fast food dinner…), cette dernière a un peu de mal à passer après Samuel L. Jackson.

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Il n’est certes pas évident pour un film d’action tendance comédie de se réinventer, à part la traditionnelle accentuation bigger and louder, notamment symbolisée par la planque de Julianne Moore décrit ci-dessus Et si c’était justement ça qui fait le sel de ce Kingsman ? Conscient de son excentricité, c’est en se refusant tout effet de renouvellement et revendiquant pleinement son outrance que Le Cercle d’Or puise en ce qu’il a de meilleur.

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Et en cela, autant dire qu’on est servi ! Le film fonctionne en grande partie sur le principe du buddy movie opposant les distingués et maniérés Kingsman en costumes trois pièces, chargés de travailler avec les bruts de décoffrage et indomptables Statesman. Ayant l’intelligence de ne pas aligner systématiquement les blagues de choc des cultures, Kingsman : Le Cercle d’Or préfère privilégier l’excentricité même de ses personnages. En plus de ceux que l’on connaît déjà, les petits nouveaux en imposent, que ce soit Jeff Bridges en impayable texan ascendant républicain, un Pedro Pascal maniant le lasso comme personne, ou un caméo tordant d’Elton John semblant s’amuser comme un fou. Dans son coté outrancier, le long métrage trouve également son rythme de croisière au travers d’incroyables séquences clés. Les scènes d’action dans un premier temps : encore plus impressionnantes que dans le premier, elles semblent franchir un nouveau pas dans le côté cartoon et la folie visuelle de son réalisateur. Au menu, vous démarrerez en trombe avec une course poursuite en plein Londres pour terminer sur un combat final sous les notes dansantes de Word up version country, en passant par une télécabine en pleine montagne devenue totalement incontrôlable. Mais également dans des séquences plus fortes émotionnellement parlant dans un second temps, dont l’exagération est telle qu’elles en deviennent réussies, là où certaines suites se plantent, dû à un manque de recul et une trop grande prise au sérieux annihilant tout effet dramatique (coucou Les Gardiens de la Galaxie Vol 2 !). Un comble quand on sait que cette fameuse élite se doit de ne dégager aucun semblant d’émotion !

Plus émouvant, plus trash, plus fou, Kingsman : Le Cercle d’Or se vit comme un véritable shot d’adrénaline, dopé aux fusillades démentielles et instants comiques savoureux. S’il marquera moins les esprits que son illustre aîné, son excentricité no limit reste rare dans le paysage actuel des blockbusters. Et fichtre que ça fait du bien !

Kingsman : Le Cercle d’Or : Bande-annonce

Kingsman : Le Cercle d’Or : Fiche technique

Réalisation : Matthew Vaughn
Scénario : Jane Goldman et Matthew Vaughn, d’après l’œuvre de Mark Millar et Dave Gibbons
Casting : Taron Egerton (Eggsie/Agent Galahad), Colin Firth (Harry Hart/L’ancien agent Galahad), Mark Strong (Agent Merlin), Julianne Moore (Poppy Adams), Halle Berry (Ginger Ale), Channing Tatum (Agent Tequila), Pedro Pascal (Agent Whisky), Jeff Bridges (Champagne)…
Costumes : Arianne Phillips
Photographie : Georges Richmond
Musique : Henry Jackman et Matthew Margeson
Production : Adam Bohling, David Reid (V), Matthew Vaugh, Dave Gibbons, Mark Millar, Pierre Lagrange, Claudia Schiffer, Stephen Marks
Sociétés de production : Marv Films, Cloudy Production
Sociétés de distribution : 20th Century Fox
Budget : 104 millions de dollars
Langue originale : anglais
Genre : Action, espionnage, comédie
Durée : 141 minutes
Dates de sortie : 11 Octobre 2017
Etats-Unis – Royaume-Uni – 2017