Un été à Osage County de John Wells : Critique du film

Un été à Osage County de John Wells, un huis clos entre âmes brisées

Ce drame familial réalisé par John Wells (The Company Men) basé sur la pièce de théâtre écrite par Tracy Letts (Bug et Killer Joe) narre la réunion d’une famille dysfonctionnelle.

C’est avec la voix d’un poète, épaissie par des années d’abus d’alcool que commence cette adaptation cinématographique citant un autre poète : « La vie est très longue » – The Hollow Men de TS Eliot, un poème sur les âmes brisées. Peu après, le poète désabusé, incarné Beverly (Sam Shepard) est retrouvé mort dans le lac… A l’occasion des funérailles du patriarche, la famille Weston se retrouve dans le comté d’Osage, une région où l’été est étouffant, irrespirable avec sa terre aride et ses terrains agricoles plats.

Le procédé consistant à utiliser la chaleur régnant dans le Middle West amplifie la sensation d’oppression, de claustrophobie, comme l’ont fait avant Tracy Letts, William Faulkner et Tennessee Williams. La chaleur écrasante devient presque un personnage à part entière, elle permet la mise en place de l’orage qui se prépare.

La mort du mari de Violet incarné par Meryl Streep (nommée à l’Oscar pour la 18eme fois de sa carrière) est la seule raison pour laquelle se retrouvent ses 3 sœurs Barb (Julia Roberts), Karen (Juliette Lewis) et Ivy (Julianne Nicholson) autour d’un repas après des funérailles qui tournent au règlement de compte. Une réunion famille toxique, hantée par les fantômes du passé, un été à Osage County fait partie d’un genre devenu rare, les drames familiaux, s’interrogeant  sur les relations, les violences familiales conscientes et inconscientes, le rôle de chacun, parents et enfants.

Le cinéaste a parfaitement su orchestrer cette montée des révélations des secrets cachés, en commençant par la mère, Violet, une femme rongée par le cancer «Sa bouche, dit-elle, la brûle tant», une brûlure aussi bien au sens propre que figuré, elle crache ce venin avec une cruauté inouïe. Dans une atmosphère accablée par la chaleur, les secrets les plus sombres resurgissent les uns après les autres adultère, toxicomanie, alcoolisme, inceste, pédophilie… dans cette maison perdue dans les plaines de l’Oklahoma.  

Un huis clos corrosif, violent, une plongée non exempte d’humour noir très piquant dans cette famille, une famille peut être hors norme, mais tout à fait plausible…Un été à Osage County est un plus un film d’acteurs que de scénario, il faut bien le dire la véritable force de ce long métrage réside dans son portfolio d’acteurs de qualité supérieure, Meryl Streep joue avec talent le personnage de cette mère pleine d’amertume, impitoyable, manipulatrice, d’une bassesse incroyable. Quant à Julia Roberts et Juliette Lewis, elles offrent une magnifique prestation. Côté homme, on retrouve l’excellent Benedict Cumberbatch et Ewan McGregor brillant en mari infidèle.

Bien que ce film se termine comme il a débuté, sur un gémissement déprimant, avec ce vers du poème de TS-Elliot « This is the way the world Ends – C’est la façon dont le monde se termine », il est à découvrir, outre son casting royal, les dialogues sont cinglants, venimeux, la photographie soignée et la lumière est magnifique.

Synopsis : En famille, on se soutient. En famille, on se déchire… Suite à la disparition de leur père, les trois filles Weston se retrouvent après plusieurs années de séparation, dans leur maison familiale. C’est là qu’elles sont à nouveau réunies avec la mère paranoïaque et lunatique qui les a élevées. A cette occasion, des secrets et des rancœurs trop longtemps gardés vont brusquement refaire surface…

Fiche technique : Un été à Osage County

Titre original : August: Osage County
Réalisation : John Wells
Scénario : Tracy Letts
Interprétation : Meryl Streep (Violet Weston), Julia Roberts (Barbara), Ewan McGregor (Bill), Chris Cooper (Charles), Juliette Lewis (Karen), Abigail Breslin (Jean), Benedict Cumberbatch (Charles Jr), Julianne Nicholson (Ivy)…
Genre : Drame
Sortie en salles : 26 février 2014
Durée : 1h59
Budget : 25 000 000 $
D’après : la pièce August : Osage County de : Tracy Letts
Directeur de la photographie : Adriano Goldman
Décorateur : David Gropman
Costumes : Cindy Evans
Montage : Stephen Mirrione
Musique : Gustavo Santaolalla
Producteur : George Clooney, Grant Heslov, Steve Traxler, Jean Doumanian
Distribution : Wild Bunch Distribution