Délivre-nous du mal, un film de Scott Derrickson – Critique

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Critique Délivre-nous du mal : Tous les clichés des films d’exorcisme

Synopsis : Flic dans le Bronx, le sergent Ralph Sarchie est chaque jour témoin du pire de la nature humaine. Pourtant, rien ne l’avait préparé à l’affaire que lui et son partenaire Butler vont découvrir. Dépassé, Sarchie va devoir s’allier à un prêtre renégat dont la foi a souvent vacillé, qui tente de le convaincre que les horribles événements qui se multiplient sont liés à des possessions démoniaques…

Scott Derrickson est un habitué de l’horreur. Il avait déjà signé L’Exorcisme d’Emily Rose et Sinister, prenant à chaque fois la double casquette de scénariste et réalisateur. Les deux films étaient de sympathiques productions, plutôt de bonne facture malgré une tendance prononcée au jump-scare, un procédé que les amateurs du genre méprisent au plus haut point. Lorsqu’il s’empare du roman Délivre-nous du mal, inspiré de la vie du lieutenant Ralph Sarchie, on pouvait donc s’attendre au meilleur comme au pire. Malheureusement, c’est cette seconde option qui prime.

L’Exorciste version cheap

Dès le départ, le ton est donné avec une scène d’introduction en Irak. Un pays du Moyen-Orient, une présence maléfique, une divinité qui ne l’est pas moins, tout cela rappellera des souvenirs aux fans de l’horreur. Délivre-nous du mal lorgne clairement du côté du chef d’œuvre de William Friedkin. D’ailleurs, on a parfois l’impression que Derrickson a regardé tous les films d’horreur de l’histoire du 7ème art, pour en conserver tous les clichés. On retrouve donc le flic au lourd passé, qui a bien sûr une femme et une fille qu’il néglige, son collègue qui ne sert qu’à détendre l’atmosphère, un prêtre qui a la foi mais pas trop quand même et, bien sûr, une incarnation du démon au visage inquiétant.

Une pile de clichés qui rend déjà difficile la projection dans le film. S’y ajoutent tous les plus mauvais tics du réalisateur, parmi lesquels, une nouvelle fois, un lot ahurissant de jump-scares gratuits du plus mauvais effet. Souvent cheap, tout le temps convenu, parfois à la limite du ridicule, il font basculer le scénario de la peur à l’ennui. Dommage, car de certaines scènes suinte une ambiance glauque à souhait, qui pourrait faire son petit effet si elles étaient mieux exploitées. Hélas, Délivre-nous du mal reste dans le cliché, et son scénario rempli de trous retombe vite à plat.

La petite boutique des erreurs

Le script peut se diviser en cinq actes, s’achevant par le traditionnel exorcisme. Cette séquence pas vraiment bien amenée est d’ailleurs le dernier clou dans le cercueil du film, tant elle est lente, mal filmée et mal interprétée. Au moins nous épargne-t-on un twist final qui serait franchement malvenu. Au-delà de ce détail, les incohérences nombreuses et les pistes non exploitées rendent l’intrigue inintéressante au possible. En voulant explorer un background mythologique finalement pas assez fouillé, Derrickson se vautre dans une histoire qui se veut profonde sans y parvenir.

D’autant que le réalisateur semble avoir une attraction morbide pour les animaux et les Doors, sans jamais vraiment donner une explication convaincante à la présence envahissante du groupe. Les amateurs de Jim Morrisson pourront toujours se procurer la bande-son, mais envoyer Break on Through durant une séance d’exorcisme qui a déjà du mal à paraître sérieuse est loin d’être l’idée du siècle. Au final, Délivre-nous du mal se révèle n’être qu’une pâle copie de ce que le genre a produit de pire, manquant cruellement de bonnes idées et exploitant mal ses rares points positifs.

Fiche technique – Délivre-nous du mal

États-Unis-2014
Réalisateur : Scott Derrickson
Scénariste : Scott Derickson, Paul Harris Boardman
Distribution : Eric Bana (Ralph Sarchie), Edgar Ramirez (Mendoza), Olivia Mun (Jen), Chris Coy (Jimmy), Sean Harris (Santino)
Producteur : Jerry Bruckheimer
Directeur de la photographie : Scott Kevan
Monteur : Jason Hellman
Compositeur : Christopher Young
Production : Jerry Bruckheimer Films, Screen Gems Inc
Distributeur : Sony Pictures

Auteur de l’article : Mikael Yung