Festival International du Film Fantastique de Gérardmer 2016 : Bilan
Gérardmer, c’était bien mais Gérardmer, c’est déjà fini. Après cinq jours intensifs de projections non-stop et de pluie battante dans la commune vosgienne, le jury présidé par Claude Lelouch a rendu son verdict. Si on ne s’étonnera pas qu’il ait fait jaser dans le public de la cérémonie de clôture (Evolution et JeruZalem ont été hués), les meilleurs films de la compétition ont néanmoins été récompenses. Bone Tomahawk est la claque implacable de ce festival, tandis que Southbound est un efficace film à sketchs horrifiques sans oublier le jubilatoire et chouchou du public The Devil’s Candy alors que l’envoûtant et terrifiant The Witch est -certes- salué mais ne récolte qu’une maigre récompense. Comme chaque année, il y a du bon et du moins bon. Des films qui vont annoncer la couleur du genre dans les mois à venir et ceux qui vont inévitablement tomber dans l’oubli. Alors si malheureusement, la rédaction n’a pas tout vu, de nombreux films ont néanmoins été visionnés et c’est l’occasion pour nous de vous donner un avis avec le recul nécessaire post-cérémonie pour juger ces films.
[EN COMPÉTITION] The Witch
Réalisé par Robert Eggers (Etats-Unis, 2015). Date de sortie prochainement annoncée.
Synopsis : Au XVIIème siècle, une famille puritaine de Nouvelle-Angleterre vit seule dans des contrées sauvages. Alors que son nouveau-né disparaît que sa fille est suspectée de sorcellerie, la famille commence à être fragilisée par un mal mystérieux.
Un an. Ça fait fait un an qu’un certain et très sobrement intitulé The Witch, film de sorcières d’un illustre inconnu jouit d’une excellente réputation. Sa première projection à Sundance 2015 avait laissé les spectateurs tétanisés et les critiques faisaient déjà l’éloge d’un nouveau cinéaste décidé à marquer le genre. Un an que The Witch fait donc son petit bonhomme de chemin, ne s’immisçant que très peu dans les autres festivals internationaux, conservant une aura mystique et mystérieuse autour de lui. Et voilà qu’il débarque à Gérardmer, prêt à en découdre avec des festivaliers à qui il en faut plus pour les effrayer. Autant le dire tout de suite, on n’a jamais vu une telle représentation du mythe de la sorcière au cinéma. Enfin une relecture viscérale qui va au bout des choses, n’hésite pas à choquer et remettre en questions toutes les croyances universelles. A contre-courant de tout ce qui a déjà été crée, Robert Eggers est un réalisateur qui casse les codes, suggère plus que ne représente et va jusqu’à sous-entendre que l’origine du mal démarre dans l’enfance (par l’hypocrisie des adultes). Robert Eggers propose avec ce film une réflexion intéressante sur le domaine de la croyance et de la condition humaine. L’hypocrisie de l’homme est pointé du doigt, celui qui se dit vertueux alors qu’il n’est au fond qu’attirer par le pêché et cède sans demi-mesure dans le mensonge, par vanité. Comme l’indique le générique final, Robert Eggers a potassé le sujet en faisant appel à un nombre conséquent de documentations sur le moyen-âge et les procès contre les sorcières. Tout ce qui est dit dans le film provient de procès ayant « réellement » existé. Tout ce qui entoure cette représentation de la sorcière est souligné, sublimée par une photographie aussi crasseuse que brumeuse, froide et anxiogène où le Mal peut prendre aussi bien prendre la forme d’un chaperon rouge ou d’un bouc. Sans compter une lumière sublime qui participe à l’ambiance moyenâgeuse de ce premier long métrage. The Witch est une ode au Mal, ou tout du moins tente de le comprendre et de l’expliquer. Le cinéaste n’hésite pas à jouer avec les attentes du spectateur, ce qui donne à son film des allures de suspens où le spectateur s’interroge constamment sur la culpabilité des membres de cette famille (Y’a-t-il vraiment une sorcière ? Quel membre est le coupable ? Sont-ils tous fous ? Qu’en est-il du monde extérieur ?). Si le rythme lancinant pourra en rebuter certains, le dernier quart du film voit la tension s’accentuer dans un climax final tétanisant. Maîtrisé et doté d’une réflexion aussi fascinante que pertinente sur les croyances, The Witch est un film qui aura bien mérité sa réputation festivalière et est assurément la révélation de cette année. C’est peu dire que The Witch nous a foutu la même baffe que It Follows, l’an passé. Un must-see absolu pour tous les fans de genre.
Note de la rédaction : ★★★★☆
[DOCUMENTAIRE] Lost Soul – The Doomed Journey Of Richard Stanley’s Island Of Dr. Moreau
Réalisé par David Gregory (Etats-Unis, 2015). Date de sortie prochainement annoncée.
Synopsis : Le cinéaste Richard Stanley rêve depuis toujours de porter à l’écran le roman de H.G. Wells L’Île du docteur Moreau. Finalement, au beau milieu des années 1990 et grâce à sa force de conviction, il se retrouve à la tête d’un budget conséquent pour enfin pouvoir donner vie à son projet. Mais le rêve va très vite se transformer en cauchemar, sur fond de batailles d’ego et d’intérêts divergents entre l’art cinématographique et son industrie.
Pour qui aime le cinéma, il est toujours intéressant de jeter un œil sur les making-of ou les documentaires qui reviennent sur la genèse d’un film. Ne-serait-ce que pour comprendre les mécanismes de production d’un film ou s’intéresser aux différents corps de métier et voir à quel point le cinéma est un art et un travail d’équipe magnifique. Mais il est encore plus fascinant de voir les films qui se sont fait dans la douleur ou ne sont pas fait pour comprendre à quel point la réussite d’un film tient sur un fil. On se souvient du tournage chaotique et inachevé de Don Quichotte de Terry Gilliam dans Lost in la Mancha, de l’éprouvant Apocalypse Now de Francis Ford Coppola dans Aux Coeurs des Ténèbres ou de Fucking Kassovitz qui revient sur le bordel monstre qu’a été Babylon A.D. Mais si ces documentaires vous avaient déjà laissé bouche-bée sur la manière dont la production d’un film peut tourner au carnage, alors il faut absolument que vous voyez Lost Soul. Ce documentaire revient sur l’hallucinante genèse du film L’île du Docteur Moreau de John Frankenheimer avec Marlon Brando et Val Kilmer. Je viens de dire que le film est de John Frankenheimer mais le projet est à la base partie d’une idée de Richard Stanley, très réputé autrefois dans le cinéma indépendant. Jouissant d’un confortable budget hollywoodien, il a participé à toute l’écriture du scénario, la pré-production et était présent les premières semaines du tournage pour mettre en image ce livre qui le hante depuis sa plus tendre enfance. Lost Soul revient donc sur l’incroyable histoire d’un échec historique. Jamais on ne s’ennuie devant ce film où plus le récit avance, plus le film devient incontrôlable et montre à quel point le projet est parti dans des directions inimaginables. Il arrive même à nous surprendre constamment et montrer quand bien on croyait avoir tout vu que le pire n’était pas encore arrivé. On apprend ainsi qu’un cyclone a bloqué le tournage du film, que Val Kilmer a été exécrable avec toute l’équipe, que Marlon Brando en avait rien à foutre du film et se moquait éperdument du tournage (à partir du moment où il a échappé des mains de Richard Stanley), que le tournage a duré six mois au lieu de six semaines, que Richard Stanley a fait appel à la sorcellerie pour maudir ce film, qu’il a disparu dans les forêts australiennes, que John Frankenheimmer n’a fait qu’hurler pendant le tournage, que l’alcool et la drogue ont coulé à flot dans les soirées avec l’équipe, et caetera, et caetera. C’en est absolument dément de voir à quel point ce film est devenu incontrôlable. Pour ce documentaire, David Gregory s’est approprié tous les points de vue de cet avortement cinématographique. Tous les corps de métiers d’un film (producteurs, réalisateurs, assistants réalisateurs, acteurs(rices), régisseurs, costumiers, maquilleurs, locaux, etc.) ont eu le droit à la parole et c’est ce qui donne son authenticité à ce récit. Tous s’accordent à dire que le film aurait pu marquer l’histoire du cinéma fantastique tant Richard Stanley semblait avoir un regard visionnaire sur l’oeuvre de H.G. Wells. Si on le savait déjà, on se rend compte à quel point l’équilibre d’un film est délicat tant le système de production cinématographiques contient son lot de failles, d’égos surdimensionnés, d’individus aussi m’en-foutistes que perchés, et de solutions casse-gueules. Lost Soul est un documentaire tellement incroyable qu’il mériterait d’être adapté en long métrage. Un incontournable absolu dans la catégorie « documentaire sur le cinéma ».
Note de la rédaction : ★★★★★
[EN COMPÉTITION] The Devil’s Candy
Réalisé par Sean Byrne (Etats-Unis, 2015). Date de sortie prochainement annoncée.
Synopsis : Un artiste et sa famille s’installent dans la maison de leurs rêves. Des forces démoniaques se mettent peu à peu à envahir les tableaux du peintre et à devenir une menace pour ses proches…
Certains amateurs du genre se souviennent peut-être de The Loved Ones, un brillant et éprouvant premier film d’horreur, qui avait par ailleurs obtenu le Prix du Jury à Gérardmer en 2011. Cette incursion dans le genre avait révélé Sean Byrne et on attendait impatiemment de ses nouvelles. C’est désormais chose faite avec The Devil’s Candy où le cinéaste tasmanien abandonne le torture-porn pour se tourner vers le slashero-thriller démoniaque. Le film démarre de la plus classique des manières : Dans une maison de campagne éloignée de la ville, un homme entend des voix et tue sa mère. On apprend que son père se suicidera par la suite. La maison est rachetée par une famille qui s’installe et tente de prendre ses marques. Le père de famille ne va pas tarder à entendre ces mêmes voix. On croirait là avoir affaire à un ersatz d’Amytiville. Mais heureusement, Sean Byrne prend la bonne voie pour livrer un film bien différent des attentes crées par l’introduction. Si la trame narrative s’avère bien plus classique que son précédent, elle se révèle tout aussi diablement efficace. Le cinéaste semble privilégier la mise en scène puisqu’il fait preuve d’une maîtrise magnétique qui donne un aspect des plus envoûtants à la photographie et au montage. La lumière est en ce sens un modèle de ce qu’il faut faire pour installer une ambiance sans tomber dans la caricature. A cela, il faut noter une bande-son composée de morceaux de métal et de hard-rock qui correspond à l’état d’esprit de cette famille d’artistes (la composition musicale a d’ailleurs obtenu le Prix de la Musique Originale à Gérardmer). Par ailleurs, on s’attache énormément aux personnages du film tant si bien que malgré sa trame classique, le réalisateur nous saisit et suscite notre empathie. Un effort remarquable tant les films de genre codifiés nous mettent face à des personnages caricaturaux ou vides de sens. La seconde partie du film vire littéralement dans le slasher pur et brutal avec un enchaînement d’événements qui accentuent une tension déjà bien pesante. The Devil’s Candy était donc la séance Grand Huit de ce festival. On connaît le chemin mais c’est toujours avec le même plaisir qu’on le prend.
Note de la rédaction : ★★★★☆
[HORS COMPÉTITION] Cooties
Réalisé par Jonathan Milott & Cary Murnion (Etats-Unis, 2014). Date de sortie en DVD/Blu-Ray/VOD prochainement annoncée.
Synopsis : Infectés par un mystérieux virus, des écoliers deviennent des créatures sauvages et meurtrières qui menacent les enseignants…
Les fans de Lloyd Kaufman et amateurs des films Troma connaissent assurément Poultrygeist : Night of the Chicken Dead, une série Z extrêmement assumée et jubilatoire comme pas permis. Le modèle du film idéal dans une soirée entre potes, bières et pizzas. Cooties en est son pendant, son spin-off plus gentil mais dans cette même veine délirante. A la suite d’un nuggets pourri, tous les enfants qui n’ont pas encore fini la puberté deviennent des infectés et se mettent dans une rage folle envers les non-contaminés. D’un côté, le pitch est porteur d’un potentiel horrifique énorme, de l’autre il y a une dimension comique certaine à voir des adultes défoncer des enfants. Pas étonnant alors qu’on ait Leigh Wannell (sagas Saw/Insidious) et Ian Brennan (la série Glee) à l’écriture du film. Irrévérencieux quand il s’agit de balancer des punchlines bien sentis (la pique sur les hobbits à l’encontre d’Elijah Wood), Cooties devient donc un objet plutôt fendard avec quelques longueurs, un manque d’audace et de gore mais qui se regarde sans déplaisir et s’avère être une séance taillée pour être en festival. Loin d’être un indispensable, Cooties est suffisamment drôle pour mériter le coup d’œil et passer un bon moment.
Note de la rédaction : ★★★☆☆
[EN COMPÉTITION] Bone Tomahawk
Réalisé par S. Craig Zahler (Etats-Unis, 2015). Sortie en DVD/Blu-Ray/VOD le 11 mai 2016.
Synopsis : 1850. Dans la paisible ville de Bright Hope, quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique, une mystérieuse horde d’Indiens en quête de vengeance kidnappent plusieurs personnes. Pour tenter de les sauver, le shérif local, accompagné de quelques hommes, se lance alors à leur poursuite… C’est le début d’un voyage vers l’enfer.
Avant tout, il convient de dire que Bone Tomahawk est le film qui nous aura le plus marqué dans cette compétition et est donc un Grand Prix du Jury entièrement mérité. Car au-delà de ce que le film offre en termes de fantastique, Bone Tomahawk est un film pertinent et ancré dans une actualité bouillante qui lui donne tout son sens. Ces derniers mois ont été dur à la suite des attentats et maintenant plus que jamais, le radicalisme effraie ce qui ne nous empêche pas de vouloir tenir tête et combattre ce mal qui nous a frappé de plein fouets. Bone Tomahawk, c’est l’histoire de citoyens américains qui vont combattre des indiens troglodytes (un autre indien du film dira cette phrase pleine de sens « ils ne sont pas comme moi ») pour tenter de sauver trois individus enlevés. Il faut savoir que ces hommes sont des cannibales à la violence acharnée, véritables monstres de cinéma. On regrette de voir que le film, qui a remporté un tas de prix (Grand Prix du Jury de Gérardmer et Prix de la Mise en Scène à Sitges, entre autres) à travers le monde, ne sera disponible qu’à partir de mai prochain en VOD et sorties matérialisées. Même pas une sortie en salles ? Déception et incompréhension. On peut s’estimer chanceux de l’avoir vu sur grand écran à Gérardmer. Il faut dire qu’en termes de violence et de brutalité, à l’image de l’Ouest américain, S. Craig Zahler ne lésine pas sur les moyens. La première image du film s’ouvre sur un homme assoupi, se faisant sauvagement égorgé. La chair est écorchée, le sang coule, la respiration devient étouffante et on devine qu’il ne s’agira pas de l’unique image choc du film. La suite tend à installer une dimension contemplative et survival appréciable (mais peut-être pas accessible à tous), donnant au film des allures de western classique. L’intrigue fait donc fi de toute complexité narrative : Des cowboys valeureux partent à la rescousse d’une jolie demoiselle, deux heures durant. C’est tellement simpliste et épuré que le réalisateur assume clairement ce postulat pour le contrebalancer en se dirigeant vers des sentiers qui n’ont encore jamais été foulés au cinéma. C’est aussi grâce à la mise en scène que le film se démarque et prend son envol. Cette dernière prend le temps d’affiner les cadres, de faire durer les plans, de représenter l’étendue de l’Ouest américain qui apparaît comme un territoire inconnu et de jouer sur des contrastes solaires/nuités somptueux. On notera qu’on tient avec Bone Tomahawk la meilleure distribution de ce festival, avec des Kurt Russel, Patrick Wilson, Richard Jenkins et Matthew Fox impeccables, où les dialogues balancés avec hargne sont le fruit d’une écriture ciselée remarquable. On voit très bien le parallèle avec l’actualité récente, surtout quand le film propose d’avoir un recul sur les événements et de ne pas faire des amalgames entre les indiens. Bone Tomhawk se conclue dans une violence effroyable, faisant résonner les cris, tourner les yeux et susciter quelques débuts de malaise (de vrais scènes de carnage). C’est certain, cela faisait un moment qu’un film n’avait pas suscité un tel malaise au sein de notre rédaction. La dernière fois qu’on a été aussi retourné, c’était en novembre dernier.
Note de la rédaction : ★★★★☆
[NUIT DÉCALÉE] Freaks of Nature
Réalisé par Robbie Pickering (Etats-Unis, 2015). Sortie le 15 février 2016 en VOD.
Synopsis : Dans un monde où zombies, vampires et humains cohabitent, la vie d’un lycée est perturbée par l’arrivée des Aliens…
La célèbre et mythique Nuit Décalée de Gérardmer. La fameuse nuit qui permet à des spectateurs déconneurs, alcoolisés et assoifés de mauvais films sympathiques de se décharger dans une programmation qui jouit peut-être d’un trop grand sérieux. Après nous avoir balancé une publicité WTF pour une pizza, des bonbons et des requins gonflables dans la salle, la première séance de cette Nuit s’avère être un crossover ultime. Freaks of Nature combine tout simplement le teen movie, le film de zombies, le film de vampire et le film d’extra-terrestres. Rien que ça. Et justement c’est bien ça le problème. Car en croyant que ce postulat unique lui assure une audience large et une écriture ouverte à toutes les possibilités, Freaks of Nature se révèle extrêmement pauvre en humour. Ni le côté potache, ni les dialogues enfantins ne lui permettent de se démarquer et d’être le film fendard qu’on souhaitait voir dans ce genre d’événement. L’ambiance de la salle a pris un sérieux coup, les bâillements se sont levés et certaines paupières n’ont pas souhaité continuer la projection. Une parodie fades de tous les genres qui ont animé Hollywood ces dernières années. Autant se tourner vers le cinéma d’Edgar Wright qui, avec sa Cornetto Trilogy, arrive à dépeindre tous ces genres avec un humour génial et sans limites.
Note de la rédaction : ★☆☆☆☆
[NUIT DÉCALÉE] Sharknado 3 : Oh Hell No !
Réalisé par Anthony C. Ferrante (Etats-Unis, 2015). Date de sortie en DVD/Blu-Ray/VOD prochainement annoncée.
Synopsis : Fin et April passent leurs vacances d’été en Floride. Pas de chance ! Cet état, habituellement ensoleillé, est détrempé par la pluie. Mais il y a pire : un Sharknado s’annonce… C’est toute la côte Est, d’Orlando à Washington, qui cette fois-ci sert de garde-manger aux requins volants. Fin et April vont devoir, une fois de plus, sortir le grand jeu…
Faut-il vraiment présenter la saga Sharknado ? Merci aux gars d’Asylum Productions de nous avoir offert le concept le plus délirant possible et qui a étonnamment trouvé un écho auprès du public et des spectateurs de Syfy. On reprend donc les mêmes ingrédients des précédents en poussant encore plus loin le n’importe-quoi (vu qu’Asylum semble avoir fait pété les budgets). Ok la Maison Blanche est détruite, ok le délire requin nous envoie dans l’espace avec David Hasselhoff, ok le casting devient de plus en plus prestigieux (!!!) mais cela n’empêche que ce film reste un navet pour lequel on ne devrait pas avoir la simplicité d’état d’esprit de le diffuser en festival. Des effets-spéciaux cheap aux bavards interminables, Sharknado 3 va paradoxalement plus loin tout en régressant dans le plaisir jubilatoire, lorgnant avec la morosité et l’ennui le plus total. Il fût une époque où l’on ne s’emballait pas autant devant les téléfilms catastrophe de TF1 ou M6. Sharknado reste donc toujours aussi con, lourd et chiant. Il y avait bien un troisième film dans cette Nuit Décalée mais ces deux là ont refroidis même les esprits les plus solides des festivaliers.
Note de la rédaction : ★☆☆☆☆
[HORS COMPÉTITION] Summer Camp
Réalisé par Alberto Marini (Espagne, 2015). Date de sortie en DVD/Blu-Ray/VOD prochainement annoncée.
Synopsis : En espérant y vivre de nouvelles expériences, quatre jeunes acceptent de travailler comme moniteurs et monitrices dans un camp d’été. La propagation incontrôlable d’une infection qui rend chacun agressif va entraîner le groupe dans une spirale infernale d’horreur et de folie.
Produit par les créateurs de la saga [REC], Summer Camp est un film qui ne restera qu’en festival tant il n’innove rien ce qui a déjà été fait dans le thriller, le film d’horreur et plus spécifiquement le film de contaminé. Tout commence mal dès la présentation des personnages, caricaturaux au possible. On repense déjà avec un certain regret à Bone Tomahawk, The Devil’s Candy et The Witch. Le film trace son chemin sans surprises, on fonce droit vers le déjà-vu pur et dur mais le cinéaste Alberto Marini offre soudainement une intrigue plus intéressante, du moins dans un premier temps. La bonne idée vient du fait que la contamination n’a en effet qu’une durée limitée ce qui fait les personnages contaminés peuvent redevenir normaux à tout instant. Dès lors, le film prend des allures de The Thing à la sauce espagnol où chacun doit faire confiance ou non à l’autre (des quiproquos laissent croire à la culpabilité de certains personnages, sur le point ou non de devenir des contaminés). Les contaminés sont féroces et la brutalité fonctionne à plein régime même si la mise en scène s’avère brouillonne. Le problème, c’est que malgré cette intéressante et inédite tournure narrative, le film s’emmêle dans ce qui faisait sa force et résonne mal sur l’ensemble du film. Le réalisateur semble s’en apercevoir et retombe donc dans le film d’horreur vu mille fois, avec le lot de codes du genre que cela comprend. Paradoxalement, le film se prend tellement au sérieux qu’il en devient drôle et aurait davantage mérité sa place dans la Nuit Décalée. On regrettera que la bonne idée d’une infection à durée limitée soit mal exploitée car Summer Camp avait les arguments pour devenir plus qu’une série B ressassée et hautement dispensable.
Note de la rédaction : ★★☆☆☆
Tout le palmarès de la 23ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer
Malgré quelques déceptions, cela faisait des années que la compétition international du Festival de Gérardmer n’avait pas été aussi bonnes. On repart de ce festival avec l’envie féroce de recommander Bone Tomahawk, The Witch, The Devil’s Candy, Southbound, de discuter des perplexes Evolution et JeruZalem et d’oublier les autres.
Avant de conclure, j’en profite pour remercier l’organisation du Festival de Gérardmer pour nous avoir permis d’assister à toute la manifestation, à l’attaché de presse Aïda BELLOULID pour sa disponibilité et sa gentillesse ainsi que tous les bénévoles du festival qui ont dû braver des pluies diluviennes pour maintenir à flot ce navire si formidable qu’est le Festival à Gérardmer. On ne peut que trop vous conseiller de vous y rendre l’année prochaine. Merci à tous et à l’année prochaine.