Le dernier jour de cette 71ème édition du Festival de Cannes a sonné et la rédaction en a profité pour faire un classement des films vus toutes sélections confondues. Avant que Cate Blanchett et son jury remettent ce soir la fameuse Palme d’Or, nos rédacteurs Sebastien Guilhermet et Gwennaëlle Masle ont eux aussi décidé de faire leur palmomètre.
Notre palmomètre
Gwennaëlle Masle
Sébastien Guilhermet :
Nos coups de cœur
Sebastien Guilhermet :
1) The House that Jack Built de Lars Von Trier (Hors compétition)
Coup de cœur atomique du festival. Présenté hors compétition de la sélection officielle, le cinéaste danois signe un brulot vociférant de haine qui égratigne la médiocrité de l’humain. Violent et misanthrope, le film reprend le même montage philosophique que celui de Nymphomaniac et parle avec une infinie sincérité du rapport que LVT entretient avec l’art.
2) Burning de Lee Chang Dong (Sélection officielle)
Film qui s’apprécie au film du temps, un peu comme un bon vin qu’on doit laisser décanter. C’est beau, fort, extrêmement intelligent sur ce qu’a dit sur la Corée du Sud et son clivage social à travers des personnages sur la brèche. Mais le film est avant tout un délice de mise en scène, qui ponctue ses 2h30 de scènes mémorables.
3) Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan (Un certain regard)
Kaili Blues n’était pas qu’un simple coup d’essai pour le cinéaste chinois. Avec son deuxième film, il pulvérise ce Festival de Cannes de toute sa splendeur. Voyage onirique à travers les sens et le temps, on voit de nos yeux hébétés par la plus belle mise en scène du festival, voire même de l’année. Incroyable.
4) Le Monde est à toi de Romain Gavras (Quinzaine des réalisateurs)
C’est l’énorme surprise du festival. Alors que son premier film avait laissé circonspect devant tant de sérieux et de maladresse juvénile, Le Monde est à toi est une bouffée d’air frais invraisemblable et hilarante. Un road movie où True Romance aurait rencontré Les Lascars.
5) Under The Silver Lake de David Robert Mitchell (Sélection officielle)
Ayant reçu un peu le même accueil que l’excentrique Southland Tales de Richard Kelly à l’époque, le film du jeune américain est une virée psychédélique et singulière dans l’antre de Los Angeles où les influences que sont Vertigo et Inherent Vice apparaissent de mille feux.
Très intéressant ce #UnderTheSilverLake. Entre Hitchcock et Inherent Vice, avec un côté pulp intemporel, David Robert Mitchell nous offre un polar néo noir, lancinant sur le pouvoir des images, dans un Los Angeles baroque. Un peu long mais très dense. #Cannes2018 pic.twitter.com/9R7vuLnVER
— Velvetman (@velvetmannn) May 16, 2018
6) Girl de Lukas Dhont (Un Certain regard)
C’est le film déchirant du festival, sans qu’il soit pessimiste. On suit le parcours de cette jeune fille en pleine mutation. C’est le cri en silence d’un corps qui n’est pas le sien et un chemin de croix pour devenir soi. Puissant et émouvant.
7) Une Affaire de famille de Hirokazu Kore-Eda (Sélection officielle)
Certains diront que le cinéaste japonais fait toujours le même film. Pourtant, ce n’est pas le cas. Malgré l’utilisation de son thème de prédilection qu’est la famille et la filiation, Une Affaire de famille arrive à nous faire rire autant qu’il nous émeut. Un portrait doux amer, voire sombre, sur les invisibles d’un pays aliénant.
8) Leto de Kirill Serebrennikov (Sélection officielle)
Engagé, politique et surtout rock’n’roll, Leto est un magnifique portrait d’une jeunesse russe qui, au lieu de prendre les armes pour se faire entendre, joue de la gratte comme personne pour faire rugir cette soif de liberté. Sans parler de la sublime mise en scène du film.
9) Climax de Gaspar Noé (Quinzaine des réalisateurs)
Il est de retour. On l’attendait avec impatience et il n’a pas déçu. Moins provocateur qu’à l’accoutumée, Climax est un vrai morceau de cinéma, qui mêle film de zombie et film expérimental. Chaotique et démoniaque.
La @Quinzaine continue de déglinguer la concurrence de #Cannes2018.#Climax signe le retour du maitre.
Lugubre, transcendantal et possédé. Entre Grandrieux et Zulawski. pic.twitter.com/Hvo3OumyWG— Velvetman (@velvetmannn) May 13, 2018
10) Les confins du monde de Guillaume Nicloux (Quinzaine des réalisateurs)
Ça a été l’un des premiers chocs de ce festival de Cannes. Un film âpre, sec et violent, ponctué d’une imagerie aussi ésotérique que cadenassée. Une guerre d’Indochine montrée comme l’Enfer d’une humanité à la recherche de fantôme initiatique. Puissant.
Gwennaëlle Masle :
Les filles du soleil , de Eva Husson:
Ancré dans l’actualité aussi bien face au terrorisme qu’en montrant cette solidarité entre les femmes, le film d’Eva Husson est important dans le combat qu’il expose et fait écho à cette année si particulière. Mais le film n’est pas seulement bon dans son engagement, il est porté par une Golshifteh Farahani déchirante dans ses cris et sa douleur et des scènes aussi belles que bouleversantes. Les paysages géorgiens sont filmés avec une telle grandeur que l’on est autant subjugués par les images que par la force de ces femmes.
Carmen y Lola, de Arantxa Echevarría :
Même si on imagine rapidement comment les choses vont se dérouler, la cinéaste fait de cette histoire romantique un film rayonnant. Autant par la musique gitane que par la lumière posée sur ses deux actrices, issues elles-mêmes de la communauté gitane. Leur idylle est comme une bulle de coton au milieu des tags et de la vie autoritaire et patriarcale qu’elles subissent.
#CarmenYLola est la deuxième grosse claque du Festival. Le film raconte la romance de deux adolescentes dans un monde gitan enfermé par un patriarcat dur et douloureux. Sublime histoire, sublimes actrices. Déjà hâte de le revoir. #Cannes2018 pic.twitter.com/sDfUZpF9Jk
— Gwen (@gwennaelle_m) May 17, 2018
Girl, de Lukas Dhont :
Girl est l’une des premières larmes du Festival de Cannes 2018. Doux, délicat et sincère, le premier film de Lukas Dhont a remué la Croisette en mettant en scène une jeune adolescente transexuelle.
Sauvage, de Camille Vidal-Naquet :
Après 120 battements par minute, Felix Maritaud électrise la Semaine de la Critique cette année dans le rôle d’un jeune en quête de tendresse et de liberté. Servi par une mise en scène travaillée, le film émeut et frappe d’un grand coup en mettant en scène tout l’érotisme dont l’acteur fait preuve.
Blackkklansman, de Spike Lee :
#BlacKkKlansman est le film américain dont le Festival de Cannes avait besoin. Il bouscule les consciences avec un humour terrible. On notera que l'intérêt est pour le fond et pas pour la forme mais le film est une grande réussite. #Cannes2018
— Gwen (@gwennaelle_m) May 14, 2018